Découvrez l'histoire de la danse orientale de l'antiquité égyptienne à nos jours

Pour certains, elle est l'héritière d'anciens rites de fertilité datant de l'antiquité. Pour d'autres, elle est introduite lorsque l'Egypte était sous domination ottomane. Dans la littérature, la danse orientale apparaît au 18 e siècle et connait son apogée au 20 e grâce au cinéma égyptien.

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Les origines de la danse orientale sont troubles, il n’existe pas de sources véritablement fiables sur le sujet. Certains historiens la situent dans l’antiquité égyptienne où elle serait liée à des rites de fertilité en hommage à la maternité. Selon d’autres, elle aurait été introduite par une tribu nomade en provenance d’Inde du Nord lorsque l’Egypte était sous domination ottomane.

En 1517, conquis par Sélim 1er, sultan et calife, le pays du Nil devient la "Province Ottomane d'Egypte"

Dans la littérature, la danse orientale n’apparaît véritablement qu’à partir du 18 et du 19 eme siècle suite à la campagne d’Egypte de Napoléon Bonaparte (1798 – 1801).
Les orientalistes, des auteurs et des peintres européens en quête d’exotisme, décrivent et peignent une danse de divertissement et de sensualité. Certains évoquent les mouvements suggestifs et lascifs des « danseuses du ventre ».

Parmi eux, Flaubert en 1877 dans le conte d’Hérodias décrit en ces termes la danse de Salomé, princesse orientale.

« Les paupières entre closes, elle se tordait la taille, balançait son ventre avec des ondulations de houle, faisait trembler ses deux seins, et son visage demeurait immobile, et ses pieds n’arrêtaient pas ... »  

Extrait du film "Salome" avec Rita Hayworth en 1953 :

Il apparait en réalité que nombre de ces voyageurs occidentaux confondent les Almées, reconnues et respectées avec les Ghawazi, un groupe de danseuses des rues d’origine tzigane.

L'Orientalisme, les Almées et les Ghawazi 

Les Almées (de l’arabe « alima » anciennement a’oualem qui signifie « femme savante ») et les Ghawazi  (de l'arabe « ghazwa » qui veut dire « conquête, invasion ») sont vraisemblablement les premières danseuses égyptiennes.
Les Almées sont estimées en raison de leurs origines - supposées - antiques et admirées pour leurs multiples talents artistiques. C’est le français orientaliste Claude Etienne Savary qui évoque leur existence pour la première fois en 1785 dans son ouvrage « Lettres sur l'Égypte ». Il y décrit des femmes cultivées, à la fois musiciennes, chanteuses, poètes et danseuses. Or, ces dernières se produisent en privé dans les harems notables et les milieux fortunés et devant un public essentiellement féminin.

Les secondes, les Ghawazi - dont l’origine est confuse - désignent un groupe de danseuses publiques et indigènes. Elles appartiendraient au peuple « Nawari », apparenté aux Doms qui représente la branche orientale des Roms. Non voilées, contrairement aux Almées, ces « gitanes orientales » sont connues pour leur grande beauté, leurs traits fins et leur pratique des sagattes (cymbalettes en métal). Elles mettent du khôl autour des yeux et du henné sur les mains et les pieds. Les Ghawazi dansent dans les rues lors des fêtes officielles et sont accompagnées par des musiciens issus de la même ethnie. Elles peuvent être invitées dans des soirées privées mais jamais dans des lieux « respectables ».

La vie est comme une Ghaziya, elle ne danse qu'un instant pour chacun

                                                                                                                                                                                selon un proverbe égyptien

La danse du ventre : une expression historiquement réductrice

L’expression « danse du ventre » employée de façon abusive pour désigner la danse orientale est réductrice. En effet, ce sont toutes les parties du corps et tous les muscles qui sont sollicités ; du bout des cheveux à la pointe des pieds en passant par le visage qui exprime des émotions.

Techniquement, la danse orientale égyptienne se caractérise par la dissociation des parties du corps (« isolations ») qui peuvent bouger indépendamment sur des rythmes lents, fluides ou rapides générés par un ou plusieurs instruments. On distingue trois principaux types de mouvements : ondulatoires, saccadés et vibratoires ; les « tremblements » ou « shimmy » en anglais.

Il semblerait que le terme de « danse du ventre » familier en Europe et plus généralement en Occident fut inventé par les soldats de Bonaparte, lors de la Campagne d’Egypte, de 1798 à 1801. Issus d’une société relativement puritaine, ces derniers sont fascinés par les mouvements langoureux des danseuses qu’ils interprètent comme une invitation à la débauche. Dans ce contexte, certaines danseuses s’improvisent prostituées et certaines prostituées s’improvisent danseuses. Ces pratiques finissent par générer une confusion des genres causant à terme d’importants préjudices à cet art.

L’Orientalisme participe lui aussi à véhiculer une image charnelle et sulfureuse des danseuses d’orient surnommées « danseuses du ventre ».

 

La terminologie « danse du ventre » l’emporte au 20 eme siècle avant que les Américains n’inventent « Belly Dance » qui signifie littéralement « danse du nombril ». C’est aujourd’hui la dénomination la plus utilisée dans le monde pour désigner la danse orientale. Pourtant, «Raqs Al Sharqi» en arabe et « Oryantal Dansı » en turc traduisent littéralement « danse orientale ou danse de l’orient ».

L'âge d'Or de la danse orientale égyptienne (1945-1965)

C'est avant tout Badia Masabni, une artiste et femme d'affaire d'origine syro -libanaise qui va ancrer définitivement la danse orientale égyptienne dans l’histoire de la danse contemporaine. Dans les années 40, elle ouvre un cabaret au Caire, le «  Casino Opéra » où elle propose des spectacles mêlant show hollywoodien, cabaret occidental, burlesque américain et danse latino. C’est pendant cette période que le costume étincelant deux pièces à paillettes voit le jour. Les stars des comédies musicales de l’époque ; Tahia Carioca, Samia Gamal, Naima Akef ou encore Nagwa Fouad se produisent au sein de l’établissement cairote de renom, fréquenté par des artistes européens et des égyptiens fortunés. Ces dernières deviennent rapidement célèbres dans le monde entier grâce à leurs apparitions dans de nombreux films et comédies musicales où elle tiennent des rôles principaux et secondaires. 
Dans le même temps, les grandes figures de la musique et de la chanson font leur apparition (Oum Kalzhoum, Mohamed Abdul Wahab, Farid El Atrache…) tandis que l’industrie du film se développe et prospère. La ville du Caire rayonne pendant plusieurs décennies en Orient et dans le reste du monde : c’est le temps de l’âge d’or du cinéma égyptien.

En France, c’est la danseuse Samia Gamal qui devient la référence de la danse orientale grâce à son rôle dans le film « Ali Baba et les 40 voleurs » aux côtés de Fernandel, en 1954.


Tahia Carioca, surnommée la " Marilyn Monroe du Monde Arabes ", tourne dans plus de 120 films et notamment dans " La Sangsue " présenté au Festival International du Film de Cannes en 1956.
 

 Suite à une période de déclin, à partir des années 70, c’est Zizi Mustapha, Fifi Abdou ou encore Soheir Zaki qui représentent les grands noms de la danse égyptienne. Plus tard, Dina Talaat et Lucy seront considérées comme les référentes de la danse contemporaine en Egypte.

La danse orientale égyptienne aujourd'hui 

Aujourd'hui, la danse orientale est devenu un phénomène mondial et se pratique à l'international. Paradoxalement, elle décline de jour en jour en Egypte qui l'a vu naître. Les danseuses étrangères en provenance essentiellement de Russie et d'Amérique latine ont remplacé peu à peu les natives. En effet, depuis la révolution de 2011, les égyptiennes ont fui la scène dissuadées par le régime conservateur au pouvoir. Or, les prestations des ressortissantes étrangères n'ont plus grand-chose en commun avec la danse originelle. Ces dernières arborent des tenues provocantes et adoptent des attitudes lascives voire souvent vulgaires. 

Les airs des grands classiques de l'âge d'or ont été remplacés par ceux du "mahraganat" ("festival" en arabe) ou "electro - chaâbi" qui s'impose désormais comme le style de musique le plus populaire en Egypte.

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