La figure du grand banditisme marseillais est jugé pour le braquage d'un fourgon blindé en 1990.
Le procès devant la cour d'assises du Haut-Rhin se poursuit jusqu'au 30 mars.
LES FAITS |
Le 1er mars 1990 un fourgon de la société suisse MAT Securitas est attaqué. Le butin s'élevait à près de 34 millions de francs (environ 5,2 millions d'euros), qui n'ont pas été retrouvés. L'attaque, exécutée sans coup de feu, a impliqué selon les enquêteurs au moins six hommes: après avoir immobilisé le fourgon sur une bretelle d'accès de l'autoroute A36 avec trois voitures, les braqueurs avaient neutralisé les convoyeurs, puis s'étaient enfuis à bord d'autres véhicules avec seize sacs de billets. |
Latard, Le Maux, Barresi
Les soupçons s'étaient rapidement portés sur Bruno Latard. Un renseignement transmis par la police judiciaire de Marseille en 1989 affirmait qu'il préparait une attaque de transport de fonds dans la région de Mulhouse. Une surveillance devant son domicile de Ruelisheim (Haut-Rhin) après les faits avait permis d'enregistrer les mouvements suspects de plusieurs voitures. A bord de l'une d'elles se trouvait un homme identifié par la suite comme étant Patrick Le Maux, soupçonné d'appartenir à l'équipe dite de "l'Opéra", active dans le grand
banditisme marseillais. Le propriétaire de cette voiture s'avérait être un grand-oncle par alliance de Bernard Barresi, habitant Illzach.
LE TEMOIGNAGE CONTRE BARRESI |
Selon un témoignage, Bernard Barresi, hébergé chez sa grand-tante le jour du braquage, y serait revenu dans l'après-midi en compagnie d'un autre homme. Ayant en main une cagoule et un bonnet de laine, portant des gants, ils auraient caché au grenier quatre sacs renfermant armes, vêtements et argent. |
En 1994, Bruno Latard et Patrick Le Maux ont été condamnés à douze et huit années de réclusion criminelle, peines qu'ils ont purgées. Bernard Barreis avait été condamné en son absence à 20 ans.
Barresi jugé 22 ans après un braquage
Barresi, 49 ans, avait été condamné par contumace en 1994 à 20 ans de prison, pour ce vol à main armée commis à Illzach-Modenheim (Haut-Rhin), près de Mulhouse. La police avait perdu sa trace, jusqu'à un vaste coup de filet en juin 2010 dans le milieu corso-marseillais.
Faux départ du procès en septembre 2011
Ce nouveau procès à Colmar a déjà connu un faux départ en septembre dernier. Au premier jour de l'audience, à laquelle Barresi était arrivé encadré par des hommes lourdement armés du GIPN, ses avocats avaient obtenu un renvoi en invoquant des vices de procédure. La défense emmenée par Me Eric Dupond-Moretti avait déposé deux pourvois en cassation, dont l'un portant sur le mandat d'arrêt de leur client. Ces pourvois ayant été déclarés irrecevables, les débats devraient cette fois-ci aborder le fond de l'affaire du braquage.
ACQUITTEMENT DEMANDE |
Les avocats de Bernard Barresi entendent obtenirl'acquittement de leur client, qui nie les faits. Ils comptent notamment pour cela sur des analyses récentes, qui ont permis d'identifier l'ADN de Roland Talmon. Le jour du braquage, ce Marseillais de 50 ans aurait laissé un mégot de cigarette dans le cendrier d'une voiture ayant servi au braquage. |
Lundi 26 mars 2012
Barresi n'estime pas avoir été "en cavale" depuis 20 ans et admet des "bêtises" .
"Des bêtises..."
Barresi a tout juste admis avoir fait "des bêtises" dans sa jeunesse, évoquant des vols de voitures et des cambriolages commis avant les faits qui lui sont reprochés. Mais depuis, l'accusé aurait "trouvé (sa) voie dans le BTP", où il a certes travaillé "au black", se sachant recherché.
"J'ai pris des précautions, mais j'ai travaillé. Pendant ces vingt ans, il n'y a pas eu un délit, pas un truc mafieux"
"On ne peut pas dire que j'étais en cavale, et on va vous prouver que ce n'était pas le cas"
"Pas de participation au braquage"
Bernard Barresi a admis des "bêtises" dans sa vie, mais a nié sa participation au braquage de 1990. Si le Marseillais se trouvait bien dans la région le jour de l'attaque, c'était pour y récupérer avec un ami, Patrick Le Maux, le fruit du cambriolage plus ancien d'un magasin de vêtements.
"Quand on a vu aux infos qu'il y avait eu ce braquage, on est reparti sans nos sacs"
Mardi 27 mars 2012
La défense fustige le travail des enquêteurs sur le braquage.
Les avocats de Bernard Barresi ont vivement critiqué mardi le travail des enquêteurs, déplorant notamment des gardes à vue brutales de témoins.
"J'ai été malmené et ma femme encore pire"
a ainsi dit devant la cour le mari de la grande tante de Barresi qui est décédée depuis.
"A l'époque, c'étaient des gardes à vues de papa, à l'ancienne. C'est totalement illégal, mais on verra ça avec le commissaire"
a lancé Me Eric Dupont-Moretti, l'un des trois avocats de la défense, qui a aussi mis en cause le travail de la juge d'instruction à l'époque des faits. L'avocat a aussi mis en doute les efforts de la justice pour faire témoigner Roland Talmon, un Marseillais dont l'ADN a été retrouvé l'année dernière sur un mégot dans le cendrier d'une voiture ayant servi au braquage.
Réponse de la greffière : elle a précisé que sa citation lui avait été envoyée en février et qu'un commissariat de Marseille avait été avisé. "Veut-on vraiment qu'il vienne?", a interrogé Me Dupont-Moretti, alors que cet homme doit être entendu mercredi.