Le président socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône est convoqué jeudi par les juges.
Jean-Noël Guérini présente sa convocation
Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône a distribué sa convocation vendredi au cours d'une réunion du groupe socialiste et a redit qu'il ne démissionnerait jamais.
Vendredi lors d'une réunion du groupe socialiste, Jean-Noël Guérini a distribué sa convocation et a redit qu'il ne démissionnerait jamais.
Jean-Noël Guérini est attendu par deux juges d'instruction pour des malversations présumées touchant à des marchés publics et impliquant son frère Alexandre. Le réquisitoire délivré par le parquet le 12 août à l'encontre du sénateur et président du conseil général des Bouches-du-Rhône vise des faits de prise illégale d'intérêt, de trafic d'influence et d'association de malfaiteurs.
La prise illégale d'intérêt
Le terrain de La Ciotat
La prise illégale d'intérêt concerne un terrain préempté par le département en 2004 à La Ciotat, officiellement pour y protéger une plante. Deux ans après, la préfecture déclare le terrain d'utilité publique pour le traitement local des déchets. Le conseil général le cède alors à l'agglomération d'Aubagne pour agrandir une décharge voisine, exploitée par Alexandre Guérini dans le cadre d'un marché de plusieurs millions d'euros passé avec la collectivité. La justice reproche à M. Guérini d'avoir voté, en juin 2006, la vente du terrain préempté, "alors qu'il savait que cette cession allait directement profiter à son frère".
Les écoutes téléphoniques
Les juges tiennent cependant pour preuve de la manoeuvre un appel entre les deux frères, intercepté par les gendarmes en avril 2009. L'élu y prévient son cadet qu'une enquête le vise, en ces termes: "A mon avis ça doit être pour les décharges (...) Mais de toute façon au bout de trois ans y'a prescription, y peuvent rien faire". Moins de trois ans se sont écoulés, en réalité, entre juin 2006 et l'ouverture de l'enquête, en février 2009.
Le trafic d'influence
Le trafic d'influence porte sur une autre décharge exploitée par "Alex", pour le compte de l'agglomération de Salon-de-Provence, avec laquelle il a eu un contentieux financier. Ecoutes téléphoniques à l'appui, le juge soupçonne l'élu d'être intervenu auprès de la collectivité pour qu'elle engage un avocat favorable à son frère pour régler le litige.
Le soupçon d'association de malfaiteurs
Le soupçon d'association de malfaiteurs, le plus épineux pour M. Guérini, regroupe plusieurs faits. Dans le volet de La Ciotat, l'élu aurait détourné le droit de préemption du conseil général, réservé à des motifs environnementaux, pour constituer une "réserve foncière" au bénéfice de son frère, tout en votant, le même jour, une subvention destinée
à réhabiliter une décharge sur le fameux terrain. L'aîné est aussi soupçonné d'avoir "toléré les immixtions sans titre" de son cadet dans des affaires relevant du département, "à des fins de clientélisme servant leurs intérêts communs". Les juges imputent enfin à M. Guérini le remplacement des disques durs de son cabinet juste avant une perquisition en novembre 2009, et d'avoir recommandé à Alexandre, "en langue corse dans un souci supposé de discrétion", de débarrasser son bureau après l'avoir averti de l'enquête.
Réaction au PS
Martine Aubry, candidate à la primaire socialiste, a assuré dimanche que si la justice tranchait en faveur d'une culpabilité de Jean-Noël Guérini, elle lui "dirait de prendre congé du parti".
François Hollande, candidat à la primaire socialiste, a estimé jeudi que Jean-Noël Guérini, s'il est mis en examen le 8 septembre, ne peut
rester président du Conseil général des Bouches-du-Rhône. "S'il y a mise en examen pour de graves incriminations, il ne peut rester président du Conseil général".
Harlem Désir son patron par intérim du PS : "M. Guérini doit démissionner s'il est mis en examen pour des faits aussi "graves".
Réaction de Jean-Noël Guérini
L'élu, qui clame son innocence, a rétorqué qu'il "n'accepterait pas d'être un bouc émissaire". Il nie tout favoritisme en faisant valoir que sans l'intervention de la préfecture, le terrain serait toujours gelé.