L'Assemblée de Corse se penche jeudi et vendredi sur l'avenir de ce secteur crucial pour l'île, en crise.
Le dossier du transport maritime entre Corse et continent est entré dans une nouvelle zone de tempête avec la volonté de la Collectivité territoriale de Corse de revenir aux "fondamentaux" - fret et passagers insulaires - tandis que Veolia, actionnaire de l'opérateur historique, la SNCM, veut se désengager.
La cour administrative d'appel de Marseille ayant jugé illégales les règles de la continuité territoriale, le président du conseil exécutif de la CTC, Paul Giacobbi, a annoncé mercredi qu'il proposerait à l'Assemblée de recourir à une délégation de service public (DSP) au départ de Marseille en "en valorisant les fondamentaux": le fret et les passagers insulaires.
"Par et pour les Corses"
L'Assemblée débattra notamment d'un dispositif prévoyant une capacité annuelle de transport de 410.000 passagers et de 1.600 mètres linéaires de fret avec des fréquences hebdomadaires de 23 rotations entre Marseille et les cinq ports corses. "Il est logique que la dotation de continuité territoriale versée par l'Etat soit utilisée en priorité par et pour les Corses", a dit mercredi M. Giacobbi lors d'une conférence de presse.
Ne seraient plus financés...
Une dotation dite de "service complémentaire" finançant les liaisons maritimes en période de pointe notamment l'été avec l'afflux des touristes, ne serait ainsi plus financée par la CTC, a ajouté M. Giacobbi. La CTC écarte aussi de la continuité territoriale le port de Toulon, fief de la
compagnie privée Corsica Ferries dont les navires battent pavillon italien et qui détient les principales parts de marché sur le trafic passagers.
Veolia veut céder sa pert
Veolia, qui souhaite se concentrer sur la gestion de l'eau, des déchets et des services énergétiques, a annoncé vouloir céder sa part de 50% dans le groupe Veolia Transdev, détenu conjointement avec la Caisse des dépôts.
Evoquant une offre de la direction de la SNCM de vendre la compagnie à la CTC pour un euro symbolique, M. Giacobbi a déclaré qu'une telle
opération coûterait "à tout le moins" 50 millions d'euros de trésorerie, "une recapitalisation considérable pour compenser les pertes" et "un coût de restructuration gigantesque".
"Gestion calamiteuse de la compagnie"
Concernant l'avenir de la SNCM, propriété du groupe Transdev
Veolia (66%), de l'Etat (25%) et de son personnel (9%), M. Giacobbi a déploré "la gestion calamiteuse de la compagnie, qui prétend aujourd'hui que la CTC doit régler l'ardoise de son incurie". M. Giacobbi a mentionné "le risque de l'ordre de 200 millions" à rembourser au titre du service complémentaire "dont l'illégalité est aujourd'hui confirmée", et annoncé qu'il s'entretiendrait prochainement avec le président de Veolia, Antoine
Frérot, et avec le directeur général de la Caisse des dépôts.
La réaction de la CGT
Pour la CGT, qui a déposé un préavis de grève de 24 heures reconductible à partir du 27 mars, des centaines d'emplois seraient alors menacés.