L'ensemble de la profession a apporté son soutien à Paul Sollacaro à Nice ce jeudi 23 septembre, un avocat niçois qui avait été sorti manu militari d'une salle d'audience en mars dernier sur ordre d'un juge. Il a également décidé de porter plainte contre deux syndicats de magistrats.
L'avocat du barreau de Nice, Paul Sollacaro, organisait ce jeudi 23 septembre une conférence de presse dans la salle du Conseil de l’Ordre du barreau de la ville. Il souhaitait exprimer son mécontentement après la décision du Premier ministre Jean Castex de ne pas suspendre le magistrat qui avait décidé de le faire sortir d'une audience par des policiers en mars dernier. "Nous demandons une nouvelle inspection considérant que le rapport est incomplet", résume son conseil, Me Soussi.
Ce jeudi, lors de la même conférence de presse il a tenu à faire valoir que l'ensemble des instances représentatives de la profession le soutenaient. Le Conseil national des barreaux ; la Conférence régionale des bâtonniers du Sud-Est et de la Corse ; et la Conférence des cent ont déposé une motion pour dénoncer la décision de Jean Castex.
Rappelons les faits. Le 11 mars dernier, Paul Sollacaro plaidait à Aix-en-Provence lors d'un procès. Le client qu'il aurait dû défendre avait contracté le Covid-19 et Me Paul Sollacaro souhaitait le renvoi de l'audience. Le président de l'audience, Marc Rivet, n'avait pas accepté sa demande.
"La profession est vigilante sur le traitement réservé à cet incident et sur sa non réitération"
Le ton est alors monté et la joute verbale entre le président de l’audience et l’avocat a tourné à l’altercation. "Il m’a dit «taisez-vous et sortez», avant de demander à la police de me faire sortir. On m’a sorti de là comme un voyou, comme une merde", avait raconté Paul Sollacaro à nos confrères de France 3 Corse. Le magistrat a ensuite décidé de juger l'affaire sans les avocats de la défense, sortis du prétoire en soutien à leur confrère.
L'affaire était remontée jusqu'au sommet de l'Etat puisque le Premier ministre avait saisi l'inspection générale de la justice. Qui a décidé de ne pas sanctionner le magistrat à l'origine de l'expulsion de Paul Sollacaro. Une décision qui avait "consterné" le principal concerné : "C'est une insulte faite aux avocats. Un manque de considération pour l'ensemble de la profession, une régression totale des droits de la défense."
Le bâtonnier de Nice, Thierry Troin, a assuré à Paul Sollacaro son soutien. "Au lieu de recourir à la force publique, le magistrat aurait dû suspendre l'audience", estime-t-il en ajoutant que "le recours à la force publique est une atteinte directe à la profession d'avocat et aux droits de la défense". "La profession est vigilante sur le traitement réservé à cet incident et sur sa non réitération", a conclu Thierry Troin.
Une plainte contre deux syndicats de magistrats
L'avocat Paul Sollacaro en a profité pour annoncer qu'il portait plainte contre le Syndicat de la magistrature et l'Union syndicale des magistrats. La raison ? Ces derniers avaient déposé une plainte contre Eric Dupond-Moretti pour des faits de prise illégale d'intérêts auprès de la Cour de justice de la République.
Les deux syndicats estiment que si l'inspection générale de la justice avait été saisie dans le cadre de l'affaire Paul Sollacaro, c'est parce que celui-ci était proche du ministre de la Justice. En effet, Dupond-Moretti et Sollacaro ont plaidé ensemble par le passé et le premier est, entre autres, l'avocat de la famille du second.
"La plainte des magistrats avait pour but de décrédibiliser l'action de l'inspection générale de la justice. Cela a permis de lui mettre la pression ainsi qu'à Jean Castex pour qu'il ne sanctionne pas Marc Rivet", affirme Paul Sollacaro.
La plainte a été déposée auprès de la cour d'appel de Paris.