" le Roi Lear" dans la cour d'honneur, en ouverture de la 69 eme édition

Olivier Py, directeur du Festival d'Avignon depuis l'an dernier, ouvre lui-même le bal ce 4 juillet dans la Cour d'honneur avec sa version du "Roi Lear" de Shakespeare, la "pièce absolue", selon lui. 

Le Roi Lear ouvre le bal du Festival d'Avignon

Olivier Py ne cache pas sa joie de monter ce "Roi Lear" qu'il couve depuis trente ans. S'il a commencé par "Roméo et Juliette" de Shakespeare en 2010, c'est qu'il n'était pas prêt pour ce "gros morceau" qu'est "Le Roi Lear". Il l'a traduit pendant un an, pour s'en pénétrer et surtout lui imprimer "un rythme", restituer "ce texte au galop". Sa traduction "ne ressemble à aucune autre", dit-il. Sans projeter la pièce dans le présent, elle vise à rendre "limpide" pour le spectateur cette tragédie d'un roi vieillissant qui partage son royaume entre ses trois filles, en échange de leur déclaration d'amour. Aveugle à l'hypocrisie de ses deux filles aînées qui jurent leur amour mais vont le dépouiller, le roi bannit Cordélia, sa préférée, qui refuse de se prêter à ce marchandage. "Lear commet trois erreurs: il n'aurait pas dû diviser sa couronne en trois, il n'aurait pas dû demander à ses filles d'exprimer l'inexprimable, à savoir l'amour, et il aurait dû entendre dans le silence de Cordélia un geste d'amour supérieur et non pas une injure. Il commet ces trois erreurs très, très vite, au bout de trois minutes c'est fait, et après on ne peut plus rattraper la catastrophe", explique le metteur en scène. Un metteur en scène qui rajoute

Lear, c'est la mort du politique, l'effondrement de l'humanisme, C'est une pièce qui doit nous mettre en garde, quand la politique n'a plus de sens, ça produit la violence, la guerre, la destruction des royaumes. On voit en 2h30 la balkanisation d'un royaume, ça rappelle beaucoup de choses et des choses récentes.

 

Le Roi Lear : Un spectacle très physique 

En amoureux du texte, Olivier Py a voulu revenir à "la grammaire de Jean Vilar: un plancher, des grands acteurs, un grand texte". La scénographie de Pierre-André Weitz "met en valeur la Cour", un espace si magistral que "tous les décors deviennent tout petits". Un trou creusé sur scène évoque "le trou du zéro, le vide, cette méditation sur le fait que nous ne sommes rien" qui est au coeur de la pièce. Pour jouer le vieux roi, Olivier Py a choisi un fidèle, Philippe Girard, 56 ans. "J'ai toujours pensé qu'il fallait un acteur qui ne soit pas trop vieux, c'est un rôle tellement lourd et tellement violent: il parle aux éléments, il parle au soleil au début, il parle au ciel, à la tempête et à la nuit", rappelle-t-il. "Tous les rôles sont terribles, c'est un spectacle très physique". Tous les soirs à 21H00, avant la pièce, les badauds pourront voir sur le parvis devant le Palais des Papes un Lear miniature en 20 minutes imaginé par Py pour "trois comédiens, une danseuse, des tréteaux et une place publique". Aux esprits chagrins qui relèvent qu'il s'est attribué dès sa deuxième édition
le cadre prestigieux de la Cour d'honneur, Olivier Py répond qu'il est hors de question qu'il occupe la Cour tous les ans: "Une fois tous les quatre ans c'est bien". Auteur d'une trentaine de pièces à 49 ans, le dramaturge investit pour la troisième fois la Cour d'honneur, après "Le visage d'Orphée" en 1997 et "L'énigme Vilar" en 2006.

Le 69e Festival d'Avignon propose 38 spectacles du 4 au 25 juillet et des expositions, dont l'une dédiée à Patrice Chéreau, disparu en 2013. Après une édition 2014 mouvementée, marquée par la crise des intermittents du spectacle, la billetterie a "battu tous les records le jour de l'ouverture", note Olivier Py.

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