le savon de Marseille est l'objet d'une âpre bataille entre producteurs, incapables de se mettre d'accord sur une recette "officielle". L'Etat, qui y voit un symbole du "Made in France", devrait siffler sous peu la fin de la partie.

L'Indication Géographique au coeur de la bataille 

Au coeur du conflit, l'IG, l'Indication géographique, un label que pourront apposer ceux qui respecteront un strict cahier des charges, en cours de rédaction, sur leur savon. Il doit permettre aux consommateurs de distinguer le "vrai" savon de Marseille des importations chinoises ou turques qui innondent le marché.

Serge Bruna, qui représente l'une des deux forces en présence, l'Association des fabricants de Savon de Marseille (AFSM) témoigne :

Le dialogue est rompu, on ne se parle plus que par personnes interposées


Ce groupement de 12 savonniers du sud-est de la France, allant de modestes entreprises au géant de la cosmétique coté en Bourse à Hong-Kong L'Occitane, a tiré le premier
et déposé en octobre 2015 un dossier devant l'INPI, l'Institut national de la propriété industrielle . Il propose d'homologuer un savon de Marseille traditionnel, à base d'huile végétale et de soude. Mais tolère divers additifs, dont des parfums.

Une hérésie pour le camp adverse, celui des "traditionalistes" réunis au sein de l'Union des professionnels du Savon de Marseille (UPSM). Ces quatre "maîtres-savonniers" marseillais expliquent fabriquer leurs cubes de savon de A à Z, dans des chaudrons à l'ancienne, sans recourir à de la pâte à savon produite ailleurs. Une pétition en ligne qui soutient leurs positions, présentée comme indépendante, a recueilli plus de 120.000 signatures sur Change.org. Marie Bousquet-Fabre, arrière petite fille du fondateur de la savonnerie Marius Fabre argumente :

Nous sommes les derniers à perpétuer le savoir-faire traditionnel, nous fabriquons au sens propre, nous partons de la matière première végétale, l'huile, et nous la transformons sous l'action de la soude et de la chaleur dans un grand chaudron


Insistant sur leur caractère artisanal, les membres de l'UPSM veulent limiter l'IG aux Bouches-du-Rhône. Pure manoeuvre, estiment les membres de l'AFSM, répartis à travers la Provence au sens large, des Alpes-de-Haute-Provence à la Drôme.

Bercy à deux mois pour prendre une décision

Le dossier est d'autant plus scruté que les savonniers essuient les plâtres, le savon de Marseille sera le premier produit manufacturé à bénéficier d'une "indication géographique". Ces labels étaient réservés jusqu'à juin dernier aux produits alimentaires. Il doit servir, espère le gouvernement, de modèle à beaucoup d'autres symboles du "Made in France": béret basque, porcelaine de Limoges ou couteau de Laguiole. L'INPI, qui dépend de Bercy, a en théorie deux mois pour trancher après la clôture de la dernière enquête publique, le 12 juin. La décision tardera peut-être jusqu'à septembre, étant donné la complexité et la nouveauté du dossier, reconnaît-on toutefois au cabinet de la Secrétaire d'Etat à l'Artisanat, Martine Pinville.

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