Alors que la campagne des législatives prend fin, difficile d'estimer la participation dans une élection qui mobilise traditionnellement assez peu. Cette année, avec un enjeu de taille face au nouveau front de gauche, la majorité sortante espère mobiliser.
Tous les cinq ans, le taux d'abstention pour les élections législatives bat celui précédent. Ce scrutin est largement boudé par les citoyens en comparaison à l'élection présidentielle.
"Pour les élections législatives il y a toujours plus d'abstention car les citoyens se sentent moins mobilisés. Toute l'attention se concentre sur l'élection présidentielle", analyse Raphaël Liogier, politologue et professeur à Science-Po Aix.
L'abstention en Paca avait atteint 52,95% lors des élections législatives de 2017, un taux légèrement supérieur de la moyenne nationale de 51,3%. Mais supérieur de huit points par rapport à 2012. On note une forte augmentation de l'abstention dans la région.
Dans le détail en 2017, l'abstention était la plus forte dans les Bouches-du-Rhône : 53,86% contre 43,71% en 2012. Venait ensuite le Var : 53,77% contre 45,41% en 2012 ; les Alpes-Maritimes : 53,06% contre 48,17% en 2012; le Vaucluse : 51,59% contre 40,37% en 2012 puis les Hautes-Alpes : 46,6% contre 38,73%.
Les taux sont tous en hausse par rapport à 2012. Celui du Vaucluse est en hausse de 11 points. C'est le département qui connaît la plus forte variation.
Une 3ème mi-temps inédite
Même si les taux d'abstention des élections précédentes n'indiquent rien de bon, combinés au record d'abstention sur l'élection présidentielle, cette élection pourrait être surprenante selon Raphaël Liogier.
"On a une élection législative originale. Il y a eu presque une opération de marketing politique de la part de Jean-Luc Mélenchon. Ici on ne vote pas pour confirmer l'élection présidentielle, on vote pour prendre le pouvoir", analyse-t-il.
Sous la Vème république la cohabitation n'est pas inédite. C'est arrivé à trois reprises. La dernière date de mai 2022 lorsque Lionel Jospin quitte Matignon. Jacques Chirac, alors président de la République, en plus d'être reconduit pour cinq ans après son septennat, a eu la majorité absolue lors des élections législatives.
"Jean-Luc Mélenchon l'a clairement dit : je serai premier ministre et je gouvernerai", rappelle le politologue. "C'est une nouvelle tension, on a l'impression que c'est une troisième mi-temps."
Le candidat à l'élection présidentielle avait dès la fin du premier tour rappelé l'enjeu des législatives pour la composition du gouvernement. Depuis, la gauche s'est réunie autour de l'alliance NUPES.
"Il a recréé un antagonisme fort. Il a créé une clarté à gauche, ce qui a poussé Emmanuel Macron à non plus se focaliser sur l'extrême droite, mais sur la gauche", commente le politologue.
De quoi recréer de l'intérêt chez les citoyens.
"L'abstention sera présente, mais ça ne sera peut-être pas le taux qu'on imagine", annonce Raphaël Liogier. Pour lui, ce qui sera intéressant à analyser sera la répartition de l'abstention. "Il est possible qu'on ait une forte abstention des partis classiques, mais une forte mobilisation de la NUPES."