Réunis à Aix-en-Provence, les radicaux ont exprimé ce week-end leurs fortes réticences à participer à la primaire de la droite, brandissant leur "indépendance" devant un invité inhabituel et de marque, le président du MoDem François Bayrou.

"Souverains", "indépendants" et "debout": le président du Parti radical Laurent Hénart, qui a pris en juin 2014 la relève de Jean-Louis Borloo, n'a cessé de marteler ces mots durant les deux jours ce 115e congrès réuni à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Ce parti, le plus vieux de France, qui avait été associé à l'UMP avant de le quitter en 2011, est l'une des principales composantes de l'UDI (Union des démocrates et indépendants).

Projet présidentiel

L'idée de participer à la primaire de la droite pour le scrutin présidentiel de 2017, officiellement ouverte au centre, n'a pas l'air de séduire les radicaux. La toute nouvelle présidente des jeunes du mouvement, Anne-Sophie Pala-Massoni, n'a pas pris de gants pour le dire à la tribune dimanche:

"Nous ne souhaitons pas participer à la primaire portée par Les Républicains." 



Et jeunes et plus vieux -quelque 600 adhérents étaient présents- ont voté à l'unanimité une "déclaration d'orientation générale" qui exige notamment que le parti prépare "un projet présidentiel et une candidature".

"Machine de guerre"

D'ailleurs, M. Hénart avait intimé samedi à Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI et "ami", de se "préparer" à cette échéance et non à la primaire.
"Il faut que l'UDI soit un lieu de débat et de préparation", "une machine de guerre", a-t-il fait valoir devant les adhérents du Parti radical réunis sur le thème "La République au coeur". Depuis plusieurs semaines de nombreuses sources centristes assurent en coulisses que M. Lagarde a "dealé" avec Nicolas Sarkozy, lors des négociations sur les régionales, sa participation à la primaire. Ce qu'il dément de manière constante.

'La troisième voie' 

Et samedi encore, devant les radicaux, M. Lagarde avait affirmé avoir "refusé qu'on puisse lier les élections régionales aux élections présidentielle et législatives". L'UDI tranchera la question lors d'un congrès en "mars" 2016, avait-il précisé. Au passage, et en réponse à M. Hénart, il avait exhorté les radicaux à ne "pas plonger dans la maladie présidentielle".

François Bayrou présent

Réticents à la primaire, les radicaux avaient donc convié dimanche, au nom de l'"ouverture", le centriste le plus réfractaire à ce système de sélection: le président du MoDem, François Bayrou. Celui-ci, qui n'avait pas fréquenté un congrès du Parti radical depuis plus de dix ans, a pris soin de ne pas entrer frontalement dans le débat. Sa position est connue: il ne veut pas participer à la primaire, "aidera" Alain Juppé et sera "libre" de se présenter à la présidentielle si le maire de Bordeaux n'est pas sélectionné. M. Bayrou a plaidé pour aller au-delà de "l'alternance". "Le pays a besoin de gens qui portent l'espérance d'une rupture et qui soient en même temps des gens équilibrés", a-t-il lancé.

Alors que le thème de la table ronde de dimanche était "combattre les ennemis de la République", et que se tenait non loin de là, à Marseille, l'université d'été du Front national, M. Hénart a aussi plaidé pour que la famille centriste et humaniste soit "la troisième voie". Un parti "capable de dépasser ses frontières partisanes". 

Mais pourquoi la primaire effraie tant les radicaux?  D'abord la primaire oblige à "se mesurer", décryptent plusieurs radicaux. Le poids de la famille centriste dans cette compétition (2%? 5%?) serait donc réduit, pour les alliances futures, à un chiffre. Ensuite, il faut s'engager à soutenir le gagnant, ce qui paraît difficile à nombre d'entre d'eux si c'est Nicolas Sarkozy qui l'emporte.

Bien moins frileux, Hervé Morin, président du Nouveau Centre, autre composante
de l'UDI, a lui réaffirmé lors de sa rentrée en Normandie sa position en faveur
de la primaire, compte tenu du risque FN.
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