Du retentissant 4-0 infligé par le PSG au Barça en Ligue des champions au retour annoncé de l'entraîneur Marcelo Bielsa à Lille en passant par le projet à l'américaine de Marseille, la Ligue 1 monte sérieusement en gamme dans le foot européen.
Au vu des dernières actualités, la Ligue 1 monte en puissance et vire à la superproduction internationale.
Officialisée dimanche, l'arrivée de l'Argentin au Losc en juillet représente un coup de maître, car "El Loco" (le fou), surnommé ainsi en raison de sa passion dévorante pour la tactique, est un personnage à part.
Marcello Bielsa vient donner un "éclairage international" comme l'a confié Philippe Diallo, directeur général de l'UCPF (syndicat des clubs pro).
La preuve: c'est "le meilleur entraîneur du monde", a lâché lundi la référence Pep Guardiola, coach de Manchester City qui "a hâte de le voir avec Lille".
A moins d'une volte-face, dont il est coutumier, l'ex-sélectionneur de l'Argentine et du Chili vient crédibiliser le projet de Gérard Lopez, nouveau propriétaire hispano-luxembourgeois du Losc à ambitions européennes.
"Lopez n'est là que pour faire de l'argent, avec le trading" (achat et vente de joueurs), décrypte Jean-François Brocard, enseignant chercheur au Centre de droit et d'économie du sport (CDES).
"C'est un club de transition, idéal pour la revente de joueurs: pas trop petit pour le marché, afin que les joueurs veuillent y venir, mais pas non plus un trop grand club où les joueurs voudraient rester, comme le PSG".
Les propriétaires étrangers du PSG et Monaco, respectivement qatari et russe, avaient déjà dynamisé la L1, à coups de stars (Ibrahimovic, Falcao etc.) et en se dotant d'entraîneurs comme l'Espagnol Unai Emery, triple vainqueur de l'Europa League, et Leonardo Jardim, de l'école portugaise incarnée par Jose Mourinho.
La formation, ce gisement
Marseille aussi a changé de stature, sous l'impulsion du milliardaire américain Frank McCourt, arrivé à l'automne en promettant 200 millions d'euros d'investissements sur quatre ans, et qui a notamment recruté l'entraîneur Rudi Garcia (ex-AS Rome).Résultat, le marché français s'est emballé: d'après la Fifa, les clubs de L1 et L2 ont plus dépensé (176 millions d'euros) que l'Angleterre (159 millions d'euros) ou l'Allemagne (115 millions d'euros) pour attirer des joueurs depuis l'étranger en janvier, bonus compris. Des dépenses plus de cinq fois supérieures à l'année passée à la même période.
Pourquoi la France du foot attire-t-elle de nouveaux investisseurs?
"Un coût assez faible des clubs français (à l'achat), des bilans financiers assez sains grâce à la DNCG (gendarme financier du foot pro, ndlr), des efforts déjà faits avec les stades et de bons centres d'entraînement", détaille Jean-François Brocard.ajoute-t-il. "Or pour gagner de l'argent, il faut former des jeunes".Il y a beaucoup de formation de talents, et la Ligue 1 est le championnat où on fait le plus jouer les plus jeunes
La formation française est de premier plan et ses produits suscitent les convoitises des plus grands clubs européens. Il s'agit par exemple des Monégasques Mbappé et Lemar; des Lyonnais Fekir, Tolisso, Diakhaby; des Parisiens Rabiot et Kimpembe; des Marseillais Lopez et Sanson.
"Ça commence à être bien"
Et il y a les très jeunes: lequel sera le nouveau Dembélé, parti de Rennes à Dortmund l'été dernier ? Sur les rangs, le gardien toulousain Lafont, le milieu offensif nantais Harit, et les défenseurs rennais Gnagnon et niçois Sarr.Et mine de rien, la L1 séduit de nouveau certains internationaux français qui l'avaient délaissée. C'est le cas à Marseille, avec les
rapatriements de Gomis, Evra et Payet. "Cela prouve que la Ligue 1 redevient attractive", a relevé Didier Quillot, en y ajoutant l'arrivée à Paris du champion du monde allemand Draxler.
Un éventuel retour en France, "c'est vrai que parfois j'y pense parce que le niveau monte de plus en plus et que ça commence à être bien", a dit Rami, défenseur de Séville, dimanche sur beIN Sports.
Le PSG et Monaco avaient déjà posé les fondations, avec des stars comme le meilleur buteur d'Europe, Cavani (25 buts en 24 matches de L1), et à un moindre degré Thiago Silva et Falcao, outre l'attaquant italien controversé Balotelli à Nice.
Le spectacle a décollé cette saison. Monaco a la meilleure attaque d'Europe, avec une moyenne vertigineuse de 2,92 buts par match. Et la moyenne de buts par match en championnat est montée à 2,56: un niveau jamais atteint depuis 1999-2000 (2,57). La L1 est spectaculaire, ce n'est pas Messi qui dira le contraire.