Marseille : mobilisation des policiers dans le calme

Les policiers ont manifesté mercredi partout en France pour dénoncer la "haine anti-flics" en marge de la mobilisation contre la loi travail. A Marseille, élus et habitants se sont joints au rassemblement. A Paris, une contre-manifestation contre les violences policières, a dégénéré.  

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Ils en ont assez de la "haine anti-flics" qui s'est manifestée en marge des rassemblements contre la loi Travail. Les policiers ont décidé à leur tour de descendre dans les rues de France pour faire valoir leurs droits, et leur fonction. 
A Marseille, ils étaient 300 policiers à s'être rassemblés devant la préfecture. Des élus de droite (ceux de gauche étant absents) et des citoyens grossissaient les rangs, avec des pancartes sur lesquelles étaient inscrits les mots : "J'aime la police" ou "Solidarité avec la police". Les policiers répondaient à l'appel de deux syndicats : Alliance Police National et UNSA Police, et le rassemblement s'est déroulé dans un parfait calme.
Les policiers sont descendus dans la rue pour protester contre "la haine des policiers" : depuis plus de deux mois, 350 policiers ont été blessés en marge des manifestations anti loi travail ©France 3 Provence

Contre manifestation à Paris

Les policiers en grève ont manifesté dans une soixantaine de villes en France. Motivés par des chiffres alarmants : depuis plus de deux mois, plus de 350 membres des forces de l'ordre ont été blessés depuis le début des manifestations contre la loi El Khomri.
A Paris, à la mi-journée plusieurs centaines de participants se sont réunis sur la très symbolique place de la République, où se rassemble chaque soir le mouvement citoyen Nuit debout.
Un rassemblement prévu au même endroit par le collectif "Urgence, notre police assassine" a été interdit du fait de "risques importants de troubles graves à l'ordre public". Mais quelque 300 contre-manifestants dénonçant les violences policières
se sont malgré tout rendus à République.
Aux cris de "Flics, porcs, assassins" ou "Tout le monde déteste la police", ils ont été repoussés vers l'extérieur de la place par un imposant dispositif de sécurité, les forces de l'ordre tirant des gaz lacrymogènes.

Voiture de police incendiée

Un petit groupe a ensuite incendié une voiture de police non loin de là avec un cocktail Molotov, après avoir fait sortir de force les deux policiers qui se trouvaient dans le véhicule, selon la préfecture de police. Devant l'épave carbonisée, des inconnus ont déposé une pancarte: "Poulets rôtis, prix libre", a constaté un journaliste de l'AFP.
Sur la place, les policiers se sont rassemblés sous la protection d'un cordon de gendarmes et de barrières. L'un d'entre eux explique :

"C'est un ras-le-bol général, on en a assez d'être mis en cause systématiquement et de se faire taper dessus. Il faut interpeller les meneurs, on les connait", "on laisse faire les casseurs".


Sur un écran géant, des images de casseurs, de vitrines brisées et de policiers blessés défilent, huées par les manifestants.

Soutien du gouvernement 

En province, 70 agents se sont rassemblés à Besançon pour dire que les policiers ne sont pas "des brutes sauvages et sanguinaires", près de 150 à Metz, 200 à Marseille et Bordeaux, où un manifestant brandissait une pancarte "je suis gardien de la paix, pas gardien de la guerre", ou encore 300 à Nantes. D'autres contre-manifestations ont été interdites, notamment à Lyon.
Le gouvernement a ostensiblement affiché sa solidarité avec les policiers. François Hollande leur apporté mercredi en Conseil des ministres un "soutien très clair", "dans un contexte difficile".

"S'en prendre à eux, c'est s'attaquer à nous tous"


a tweeté Manuel Valls.

82% des Français ont une bonne opinion de la police

Applaudie au lendemain des attentats, la police jouit toujours d'une "image exceptionnelle" avec 82% des Français qui en ont une bonne opinion, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien.
Mais les slogans hostiles aux policiers font florès dans les manifestations et des violences policières sont régulièrement dénoncées. Les forces de l'ordre ont notamment été mises en cause après qu'un jeune homme a perdu l'usage d'un oeil, fin avril à Rennes, et une trentaine d'enquêtes de la "police des polices" (IGPN) ont été ouvertes.
Les tensions se sont cristallisées autour d'affiches d'un syndicat de la CGT épinglant les violences policières: outrés, les syndicats de police demandent au ministre de l'Intérieur de déposer plainte et nient toute violence.
Ils en appellent au "soutien" du gouvernement auquel ils réclament la "fermeté" face aux "casseurs". Arnaud, CRS depuis vingt ans. raconte :

"Les "casseurs" (...) sont parfaitement organisés, ramassent tout ce qu'ils trouvent et nous canardent. Sans piller, pour casser et casser du flic".


Plusieurs élus de droite et d'extrême droite, dont la députée Front national Marion Maréchal-Le Pen, sont venus apporter leur soutien aux manifestants de République.
Le député Les Républicains Eric Ciotti a réclamé "des actes pour que ceux qui attaquent des policiers soient sanctionnés", insistant pour que "le gouvernement et le ministre de l'Intérieur agissent".
Bernard Cazeneuve a toutefois réfuté toute mollesse dans ses instructions face aux "casseurs": "c'est un mensonge", a-t-il dit à l'endroit de l'opposition de droite et des "théoriciens de la chienlit".
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