Plan de relance du tourisme : les campings, entre enfer et paradis

Bonne nouvelle pour les professionnels du tourisme. Les Français pourront partir en vacances en France en juillet et août en dépit du Covid-19. Le Premier ministre a dévoilé jeudi son plan de relance du tourisme. Mais toujours pas de date de réouverture pour les campings, en attente de consignes.

Sa voix est toujours aussi chantante, on sent le sourire même à travers le combiné.

Rosalina Olmier, propriétaire du camping familial "Le Mas" du côté de Martigues, dans les Bouches-du-Rhône, a décidé de ne plus écouter les infos.

Ordres et contre-ordres

"Ah bon ? Le gouvernement a fait des annonces aujourd’hui pour le tourisme ?, s'exclame-t-elle. Moi, vous savez, j’attends les consignes de ma fédération".

C’est vrai que les ordres, les contre-ordres, les infos confirmées puis infirmées et autres rumeurs dans le domaine touritique, Rosalina en voit passer tous les jours.

"On nous a parlé d’une réouverture le 2 juin, puis le 8 puis le 15. Certains même disent fin juin, fait-elle remarquer. Mais ceux-là je ne les écoute pas."

Le plan de relance, une annonce forte

Pour l’instant, pas de date de réouverture mais une annonce forte sur le fait que les Français pourront passer leur congés dans l’hexagone.

"Non pour l'instant personne n’a téléphoné ! Ils doivent encore être sous le choc de cette libération ! Ils digèrent ! Mais si un client m’appelle, c’est promis je vous le dirai !" note la patronne du camping.


Rosalina compte beaucoup aussi sur la météo pour que les clients français viennent dans le sud.

"Il ne faudrait pas qu’il se mette à faire beau en Bretagne, parce qu’alors là, on est foutu," sourit-elle.

En 1978, lorsque les parents de Rosalina et de son frère Inaki reprennent ce petit camping face à la mer sur la commune de Martigues, ils n’imaginent sans doute pas qu’une pandémie mettra à mal 40 ans d’efforts.

Depuis la mi-mars, Rosalina, son mari Gérard, son frère et sa belle-sœur ne savent plus à quel saint se vouer.

Préparer la reprise sans attendre

Traditionnellement, le mois de mai est le mois des ponts et avec lui des week-ends à rallonge. Les 300 emplacements de l’établissement sont dès ce moment-là souvent pleins.

"On est blindé d’habitude à cette époque", indique Rosalina, qui n’a pas encore fait les comptes. "Pas question de regarder les chiffres, je suis bien trop démoralisée."

C’est vrai que le camping paraît bien triste en ce moment. A la place des 20 salariés habituels, ils sont seulement 6. Car oui, même s’il n’y a pas de client, la dynamique Rosalina ne risque pas de rester les bras croisés. Elle a déjà mis ce petit monde au travail.
"Lorsqu’on aura l’autorisation de reprendre, il faut que tout soit prêt, ajoute-elle. On a reçu un nouveau Mobil home, on le monte. Et puis il y a toutes les propretés extérieures à refaire : les routes, les plantes, les éviers … On a vraiment beaucoup de boulot."

Une attente insupportable

Dès que les directives tomberont, Rosalina et son équipe ont déjà envisagé toutes les solutions sanitaires. "On peut embaucher une personne en plus pour nettoyer tous les transats entre chaque client à la piscine, on peut faire des roulements pour qu’il n’y ait pas trop de vacanciers en même temps."

"On est un hôtel de plein air, tout le monde est ouvert : les grands centres commerciaux et pas nous. Je ne comprends pas."


En attendant la "date de la libération", comme elle dit, Rosalina rêve de jours meilleurs. "Peut-être que les étrangers aussi auront le droit de revenir ? Nous, d’habitude on travaille beaucoup avec les Hollandais et les Allemands."

Ça, rien n’est moins sûr.

A Gap, dans les Hautes-Alpes, Roland Roussel possède deux campings, le Dauphiné et le Nautic. Il en assure la gestion depuis 1987.

"Moi, le camping je suis né dedans", dit-il. 

Vers un retour de l'optimisme

Les touristes étrangers, ont les attend aussi !!! Les annonces du Premier ministre ont rassuré les troupes.

"On va pouvoir travailler sereinement maintenant, pense-t-il. Mais vous savez, la saison, même si nous n’avons pas de client, on la prépare malgré tout."Signe que les mots d’Edouard Philippe ont fait mouche, une cliente qui avait annulé la semaine dernière vient de rappeler pour finalement réserver à nouveau.

"C’est une dame de l’Oise, elle est encore en zone rouge. Elle était très soulagée. Je comprends, elle doit avoir envie de prendre l’air."

Mais les annulations pourraient malgré tout continuer. Certains Français n’auront sans doute pas de vacances. Et d’autres préfèrent éviter notre pays. Notamment les touristes étrangers.

"Les Danois sont extrêmement frileux. Ils n’ont pas envie de venir", affirme le professionnel haut-alpin. Au total, 15% des réservations ont été annulées.

Le confinement pour nous, ça n’était pas des vacances

"Mais on n’est pas masochiste. Je n’ai pas fait les comptes. On n’a rien à additionner !"

Roland reste optimiste. Avec ses 4 salariés sur 22 qui ne sont pas au chômage partiel, ils ont commencé à s’attaquer à l’extérieur.

"Tondre la pelouse, soigner les arbres. Vous savez, le confinement pour nous, ça n’était pas des vacances ! On a continué à travailler dur" souligne-t-il.

Prochain rendez-vous avec les annonces du Premier ministre à la fin du mois de mai. D’ici là, d’autres clients, sans doute, auront encore réservés.
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