La chambre de commerce et d'industrie ainsi que les collectivités locales, actionnaires à 40% de la société Aéroports de la Côte d'Azur, ont émis de fortes réserves sur des propositions du gouvernement, propriétaire à 60%, concernant les modalités d'une future privatisation de la société.
Par un courrier du 1er février, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron avait sollicité avant le 15 février l'avis des actionnaires minoritaires (CCI 25%, département 5%, région 5% et métropole 5%) sur un "cahier des charges" accompagnant la vente au secteur privé de la totalité du capital détenu par l'Etat.
Nous considérons que la première mouture du cahier des charges que nous venons de recevoir et qui sera discuté le 25 février prochain, n'est pas satisfaisante pour préserver et développer les intérêts de notre territoire
a estimé vendredi Christian Estrosi, président (LR) de la région Paca et président de la métropole de Nice.
"Je continuerai à m'opposer à cette privatisation tant que les engagements pris par le gouvernement ne seront pas respectés", a affirmé M. Estrosi, qui note que la société aéroportuaire génère 7 milliards d'euros de retombées économiques et 65.000 emplois directs et indirects.
Il a précisé que la CCI, la région et la métropole "s'engagent à ne pas vendre leurs participations pour conserver une minorité de blocage et garder le contrôle sur les décisions stratégiques" de la société, première plate-forme aéroportuaire
de province.
Des incertitudes pour la CCI
Le président du CCI des Alpes-Maritimes, Bernard Kleynhoff, a jugé à ses côtés que la version actuelle du cahier des charges "comporte de nombreuses incertitudes" et "nécessite de très nombreux amendements". Il note que certainesconditions préalables proposées très en amont ont été parfois "catégoriquement écartées" ou "très partiellement reprises".
Les exigences du Conseil Départemental
Dans une réponse écrite au ministre, le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes Eric Ciotti (LR) formule en solo trois exigences, dont celle de participer au choix du repreneur. La valorisation des parts de l'État, estimées à plus de 600 millions d'euros, devra bénéficier "à titre prioritaire aux Alpes-Maritimes", selon lui.M. Ciotti demande enfin que les actionnaires minoritaires disposent d'une minorité de blocage de décisions "qui ne profiteraient pas aux politiques touristiques du territoire et feraient de l'aéroport de Nice une plateforme secondaire de délestage ou de régulation du trafic aérien de la capitale". Ces exigences "doivent primer sur tout autre intérêt de courte vue de valorisation d'actifs", au profit du gouvernement, a-t-il insisté.
REPORTAGE L.BARON, O.ORSINI ET K.SCHMID