Une étude publiée dans la revue scientifique Cryosphère, révèle que le massif des Alpes a perdu un mois d’enneigement depuis l’hiver 1971. Un constat alarmant qui pointe du doigt les effets du réchauffement climatique.
Certes, il y a encore des climatosceptiques, pour qui le réchauffement climatique n’est pas une réalité. Mais l’étude menée par une trentaine de signataires, démontre au contraire, les conséquences de la hausse des températures sur nos massifs montagneux.
D’après les scientifiques, les Alpes ont perdu un mois d’enneigement en 50 ans. Un triste constat qui touche la totalité du massif alpin, qu’il soit français, suisse, ou italien, en particulier en basse et moyenne altitude (en dessous de 2000 mètres).
Pour cela, les chercheurs ont rassemblé les données venues de 2.000 stations météo de six pays (Italie, France, Allemagne, Autriche, Slovénie, Suisse), pour constituer une base de données homogène. Ils estiment que dans le sud des Alpes, l'épaisseur de neige baisse de plus de 4 cm par décennie.
La rareté des chutes de neige, Yvan Estienne la perçoit de ses yeux. Partout où il va, ce guide de haute montagne remarque que son terrain de jeu a bien changé.
"Les endroits où on pouvait emmener quatre ou cinq personnes, maintenant on y va avec une seule personne. C’est trop dangereux", explique le guide. Selon lui, la fonte des glaciers à rendu difficiles les accès : "là où il y avait de la glace, aujourd’hui ce sont des éboulis".
Risque de 20 à 40 % d’enneigement de moins d’ici 2050
Les chercheurs vont plus loin. Ils prévoient que si la planète ne réussit à réduire sa production de gaz à effet de serre, largement responsables du réchauffement climatique, l’enneigement des Alpes pourrait encore chuter : de 20 à 40 % d’ici 2050.
Paul Marquis, fondateur du site "Météo du 13" confirme cette dramatique prévision. Selon le météorologue, le réchauffement climatique continuera d’avoir des conséquences sur la biodiversité.
"Autant sur la flore que sur la faune, explique-t-il, des arbres vont disparaître, au profit d’autres, plus résistants aux fortes chaleurs". "Certains animaux vont remonter en altitude à la recherche du froid", ajoute-t-il.
Paul Marquis prévoit également une déstabilisation des montagnes : "avec la fonte du permafrost ( le sous-sol gelé qui représente 20% de la surface terrestre), les montagnes vont se fragiliser. Il y aura des éboulements plus importants, des avalanches aussi".
"Des souvenirs de jeunesse qui foutent le camp"
Une modification du manteau neigeux, qui a également de réelles conséquences économiques, déjà visibles sur les stations de ski.
À Soleilhas-Vauplane, par exemple, petite station des Alpes-de-Haute-Provence, située à 1.400 mètres d'altitude, on a fait les frais de cette baisse des chutes de neige. Ouverte en 1975, elle a fermé définitivement en 2016, faute d’enneigement.
Trois téléskis, et sept pistes de ski alpin maintenant à l’arrêt, et c’est toute la vie de la commune qui en pâtit.
"La plupart des gens du village a appris à skier ici. Les grands travaillaient dans la station, comme perchman ou secouriste. D’autres en restauration", se désole Alain Bourant, premier adjoint au maire de Soleihas. "Tellement de souvenirs de jeunesse qui foutent le camp", ajoute-t-il.
Pour que la commune ne devienne pas un village fantôme, le maire Jean-Pierre Lombard espère développer dans la station, des pistes de luge ou de ski de fond, ainsi que le tourisme estival. "On ne veut pas que la station meure, on veut que ça revive, même si les remontées mécaniques resteront à l’arrêt".
Avec un hiver particulièrement difficile dû à la fermeture des remontées mécaniques, les stations de ski ont prouvé qu'elles pouvaient se réinventer. Mais quand sera-t-il de la nature et de nos paysages montagnards ? Si la courbe ne s'inverse pas, le réchauffement climatique pourrait avoir des conséquences irréversibles sur la biodiversité.