Récolte de miel : un printemps éprouvant pour les abeilles de Provence

Le printemps paraissait idéal pour les insectes, beau comme une prairie fleurie, avec des haies non taillées et des bords de routes sauvages. Les abeilles ont-elles joyeusement butiné dans ce monde redevenu plus vert ? Pas forcément. En tout cas, pas en Paca.

"Il n'y a pas un gramme de miel dans les mielleries de la région Paca". Pascal Jourdan, président d'Adapi est clair. L'Association pour le Développement de l'Apiculture Provençale parle d'une France coupée en deux : un climat idéal pour les abeilles du nord et catastrophique dans le sud.

Le gel a tué les fleurs des fruitiers en mar et avril. Abricotiers et amandiers n'ont pas résisté aux températures fraiches et nocturnes.

"C'est une saison médiocre", nous dit un apiculteur, "ou plutôt des récoltes minables !" renchérit un de ses collègues.

Autour d' Arles, le discours s'inverse, le gel a manqué, explique Jean-Claude Cot, "gros apiculteur amateur". "Quand il ne gèle pas, la nature démarre beaucoup trop tôt, nos essaims ne sont pas prêts pour la floraison."

La pluie lave la fleur

Quand la météo n'est pas bonne, l'abeille fait du miel pour elle, pas pour nous. La pluie lave la fleur, le nectar ne coule plus. Pendant ce temps, la reine pond de plus en plus. S'il n'y a plus d'espace dans la ruche, la colonie s'en va.

A Auriol, dans les Bouches-du-Rhône, Gérard Jourdan déplace ses ruches en fonction des fleurs. C'est la transhumance du lavandin ou du tilleul. 

L'espoir repose sur cet été. La pluie est bien tombée, si la chaleur arrive, des fleurs vont s'ouvrir. Mais si le mistral ou la sécheresse prennent le relais, la production, extrêmement, fragile, restera nulle.

Des records d'intoxication

Toujours selon Jean-Claude Cot, des tapis d'abeilles ont été retrouvés devant les ruches. Pendant le confinement, les agriculteurs auraient traité leurs cultures sans aucune surveillance, et sans retenue. A Fontvieille, dans les Bouches-du-Rhône, plusieurs apiculteurs ont tout perdu.

Dans les Alpes de Haute-Provence, l'apiculteur Thierry Calvo surnomme les agriculteurs "des conducteurs d'engins". 

Leurs pesticides sont maintenant intégrés aux graines, sous forme de pellicule autour de la semence. Ce passionné dénonce également la disparition de l'abeille noire, typique de notre région.

Nous avons quand même trouvé un apiculteur heureux. Il est amateur et se nomme Marc Rigo. Il a posé ses dix ruches à Marseille, dans le quartier Saint-Barthélémy. Elles sont pleines et il récoltera ce samedi.

Le phénomène paraît étonnant, mais, selon certains apiculteurs, les citadines souffrent moins que les campagnardes. Pas de pesticide, moins de destruction de leur habitat et des plantes arrosées. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, les meilleures récoltes se feraient en ville.

Si vous avez un coin sur votre terrasse ou sur le toit plat de votre immeuble, vous pouvez poser une ruche. Des formations sont proposées, par l'Am'Api par exemple, dans les Alpes de Haute-Provence.

Les abeilles sauvages ne font pas de miel. Elles sont libres, solitaires et représentent environ la moitié de la population totale.

Peu connues du grand public, elles sont attentivement étudiées à l'INRAE, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement à Avignon. C'est le centre le plus important d'Europe pour la recherche sur les abeilles.

C'est là que Mickaël Henry, directeur de l'unité Abeilles et Environnement, nous ouvre les yeux sur cette fameuse citation attribuée à Albert Einstein :

"Si les abeilles disparaissent de la surface du globe, l'homme n'aura plus que quatre années à vivre".

La citation est totalement fausse, c'est une effrayante légende qui mérite bien d'être démontée. D'abord, le mythique scientifique ne s'est vraisemblablement jamais intéressé aux abeilles.

Et si les abeilles disparaissent, nous aurons du mal à trouver des curcubitacés, mais il restera beaucoup de fruits et légumes dans le monde. Et la vie continuera.

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