En Paca, la tête de liste RN Thierry Mariani devance d’une courte tête le président LR sortant Renaud Muselier. L'écologiste Jean-Laurent Felizia a annoncé qu'il maintiendrait sa liste d'union de la gauche. La politologue Christèle Lagier analyse ce premier tour en cinq questions.
- Quel enseignement de ce premier tour ?
Le premier c’est la forte démobilisation de l’ensemble des électorats y compris celui du Rassemblement national puisque les scores espérés n’ont pas été réalisés.
Deuxième enseignement, c’est l’absence de retrait du candidat Jean-Laurent Félizia qui maintient une triangulaire sur cette région, qui pose différemment le jeu du deuxième tour.
Et qui fait, assez paradoxalement, que le Rassemblement national devient davantage le problème des Républicains, qui vont devoir clarifier leur position, d’autant qu’aux départementales il va y avoir pas mal de duel entre LR et RN.
- Malgré une abstention historique, Renaud Muselier s’en tire mieux que prévu ?
C’est vrai que les sondages pré-électoraux sont problématiques, puisqu’ils se font qu’on ne croise aucun électeur… et ça pose problème. Le candidat Muselier est issu de la famille de Républicains, il a une certaine notoriété, c’est un président de région sort avec un bilan qui est apprécié de manière plutôt positive.
Et on l’avait déjà vu en 2017, l’électorat des Républicains avait plutôt bien tenu le choc. Il n’est pas très étonnant que cet électorat assez fidèle, dans lequel il y a un courant de centre droit très net, n’ait pas été totalement offusqué par le fait qu’il y ait eu alliance avec certains candidats de la République en Marche.
- La droite finalement résiste bien ?
En Paca, on est dans une configuration très proche de la configuration nationale, puisque le risque Rassemblement national est très fort comme il pouvait l'être lors de la présidentielle en 2017. Et finalement en 2017, vous avez les trois quarts des électeurs de François Fillon qui s’étaient reportés vers Emmanuel Macron.
Depuis Emmanuel Macron n’a pas mené une politique de gauche, il a plutôt rassuré les électeurs du centre droit qui n’ont pas hésité sans doute à aller voter pour le candidat Les Républicains.
- Le maintien de Jean-Laurent Félizia est-ce le signe d’un échec du Front Républicain ?
C’est un signe qui a été donné aux électeurs de gauche. Il y a la volonté de ne pas laisser encore une fois orphelins des électeurs qui se sont mobilisés à gauche à hauteur de 15%.
Ce n’est pas un score merveilleux, mais compte tenu de l’affaiblissement de la gauche au plan national, c'est quand même un score qui correspond à peu près à ce qui était estimé.
Donc c’est peut-être un signe pour leur dire : vous avez voté pour un programme, on défend ce programme aussi au deuxième tour et vous ne serez pas obligés d’aller voter encore une fois contre vos idées et vos valeurs parce que vous devrez rejoindre un front républicain.
- Thierry Mariani appelle à voter pour "le changement" mais le RN peut-il vraiment l’incarner ?
Il faut rappeler que le RN, c’est un parti qui a été fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972. C’est donc un vieux parti qui aspire depuis maintenant une quinzaine d’années à être un parti comme les autres. Et je crois qu’il y est arrivé.
Comme les autres partis, son électorat a tendance à se démobiliser, sachant par ailleurs que c’est un électorat plutôt volatile, qui a énormément de mal à être le même d’une élection à l’autre. Et comme les autres partis, les électeurs cultivent aussi à son égard une certaine forme de défiance.
Et il est aussi intéressant de regarder que sur son site de campagne, Thierry Mariani fait l’intégralité de son CV en expliquant qu’il a été ministre de Nicolas Sarkozy, vice-président de l’UMP… au bout d’un moment on ne peut pas s’étonner aussi que les électeurs trouvent une certaine confusion en quoi Thierry Mariani incarne le renouvellement du système quand il a fait l’essentiel de sa carrière politique chez les Républicains.