Un spectaculaire incendie était toujours en cours jeudi matin dans une usine classée Seveso à Rouen. Le pourtour de l'étang de Berre (Bouches-du-Rhône) concentre à lui seul une quarantaine de sites classés Seveso, des sites dangereux par les produits qu'ils fabriquent ou qu'ils stockent.
L'incendie s'est déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi sur ce site industriel installé à Rouen en 1954. Le sinistre était toujours en cours jeudi matin, dégageant un impressionnant panache de fumée noire, n'a pas fait de victimes. La préfecture de Normandie a appelé les habitants de douze communes, dont Rouen, à rester chez eux.
De nombreux site sont classés Seveso dans le sud-est de la France et aucun n'est à l'abri d'un accident ou d'un acte criminel. En 2015, deux cuves du site pétrochimique de LyondellBasell, proche de l'étang de Berre, avaient été touchées par un incendie. L'enquête avait conclu à un acte de malveillance.
Comme pour l'usine Lubrizol de Rouen, deux violentes explosions et panache de fumée noir, à quelques kilomètres de l'aéroport de Marseille-Marignane, avaient fait craindre le pire. Deux cuves avaient pris feu, sans faire de blessés.
Les sites industriels français sensibles sont classés Seveso. La France en compte plus d'un millier. Les Bouches-du-Rhône en compte une soixantaine. Le pourtour de l'étang de Berre en concentre à lui seul une quarantaine.La complexité des sites Seveso rend les interventions difficiles
"La complexité des sites Seveso rend les interventions difficiles, ce ne sont pas des sites que l'on met en sécurité facilement, explique Sylvain Besson, porte-parole des pompiers des Bouches-du-Rhône, vous ne coupez par le courant comme dans une maison."
"Autour de l'étang de Berre, la concentration d'établissements amène une densification du risque des interventions. Il y a sur les sites les plus importants des sapeurs-pompiers privés, des gens formés avec un matériel spécifique, qui assurent la première intervention avec l'appui des Pompiers 13 si nécessaire."
La directive Seveso avait été adoptée en 1982 par l'Europe à la suite d'un nuage de dioxyne échappé d'une usine chimiques de Seveso (Italie) en 1976. Depuis, chaque pays doit identifier ses usines à haut risque industriel, pouvant entraîner des conséquences graves pour les populations et l'environnement.
13 sites Seveso sont également recencés dans les Alpes-Maritimes et trois dans le Var.
Des directives selon le risque accident
En 1999, la directive Seveso 2 a renforcé la prévention des accidents en exigeants des industriels une véritable gestion des risques, sous la houlette de l'Etat. Les entreprises doivent prendre toutes mesures permettant de réduire les risques d'accident ou d'actes malveillants.La liste des matières dangereuses a été alors allongée aux déchets dangereux (notamment nucléaires) et aux explosifs. Et l'information auprès des populations a été intensifiée.
"La nature des produits utilisés ou stockés, par leur toxicité ou leur quantité, rendent ces interventions complexes", détaille Sylvain Besson.
"On ne peut pas s'approcher. On a des moyens de projections de mousse à plus 50m, des camions qui permettent de tirer des kms de tuyaux et des moyens plus particulièrement de lutte contre les risques chimiques et biologiques."
Depuis 2015, une nouvelle directive intitulée Seveso 3 est entrée en vigueur. Elle prévoit un nouveau système de classement des substances dangereuses. Et renforce l'information auprès des populations.
Dans les Bouches-du-Rhône, les pompiers participent chaque semaine à un exercice PPI (Plans particuliers d'intervention). En cas d'accident majeur, des barrières sont prévues pour fermer les axes autoroutiers et des sirènes pour appeler la population au confinement.
En complément des messages d’alerte peuvent être diffusés par les panneaux lumineux qui se trouvent dans les lieux publics et sur les infrastructures de transport, en particulier les gares, métro, aéroports, panneaux d’autoroute...