Malgré des coûts d'hébergement plus élevés qu'ailleurs en France, la Côte d'Azur n'échappe pas à la protestation dans les Ehpad. Les salariés, les familles et mêmes certains directeurs d'établissements dénoncent le manque de moyens humains dans ces structures pour personnes âgées.
Depuis le début de l'année, une vague de protestation s'élève dans les Ehpad en France, mais aussi dans notre région. Dans ces maisons de retraite médicalisées, les personnels et les familles dénoncent un manque de moyens humains, qui empêche le bon traitement des pensionnaires.
Sur la Côte d'Azur pourtant, le coût médian d'une maison de retraite avoisine les 2700 euros par mois - soit 700 euros de plus que la moyenne nationale.
Manque d'effectifs
En France, un Ehpad compte en moyenne 6 salariés pour 10 résidents. C'est l'Agence régionale de santé, pour les soins, et le Conseil départemental, pour la dépendance, qui prévoient et financent les postes.
Or ce jour-là, dans la maison de retraite Cantazur à Cagnes-sur-Mer, ce sont seulement quatre aides-soignantes qui sont en charge des 70 pensionnaires.
Les toilettes s'enchaînent au grand dam des salariées, qui ont le sentiment d'un travail bâclé.
C'est maltraitant, confie l'une d'entre elles. Pour nous, ce n'est pas de la bienveillance, les résidents ne méritent pas ça.
Autre dérive : pour palier le manque de salariés, certains établissements sont prêts à recruter sans diplôme. Ces pratiques sont en théorie interdites et sanctionnées par l'Agence régionale de santé.
Pour vérifier, France 3 Côte d'Azur a fait le test : sur neuf établissements contactés, six seraient prêts à embaucher un salarié sans diplôme d'état.
L'Ehpad Clair Logis à Contes devant la justice en mai prochain
La médiatisation des Ehpad ces derniers mois a permis à la parole de se libérer : des témoignages glaçants dénoncent des négligences, un manque d'hygiène ou parfois des violences physiques.
C'est le cas par exemple dans l'Ehpad Clair Logis à Contes, dans les Alpes-Maritimes. L'établissement devra rendre des comptes devant la justice le 31 mai prochain. Il est poursuivi pour "conditions d'hébergement indignes, mise en danger d'autrui et manquements aux règles d'hygiène".
Si l'ancienne directrice n'a pas souhaité s'exprimer sur ce dossier, deux ex-salariées ont voulu témoigner de leur expérience. Elles affirment qu'à l'époque où elles travaillaient à Contes, elles avaient pour consigne de laver les résidents en 3 minutes et 41 secondes précisément.
Pour elle, la dignité et l'intimité des pensionnaires n'avaient plus leur place.
Placer un proche en Ehpad : une décision difficile
Face à ces problématiques, nombreuses sont les familles qui hésitent à placer leurs proches dans une maison de retraite spécialisée. Trouver un établissement fiable, sans dépasser un certain budget, est une équation souvent difficile à résoudre.
Certains redoutent également des mauvais traitements : pourtant selon les chiffres, 80% des actes de maltraitance sur les personnes âgées ont lieu à domicile.