Mouches, odeurs nauséabondes et débordement quand il pleut, les riverains d'une station de compostage dans le Var sont à bout

A Tourrettes dans le département du Var, le bassin de rétention d'une unité de compostage déborde à la suite des récentes intempéries. Une nuisance qui s'ajoute à beaucoup d'autres, selon les riverains. Ils dénoncent une catastrophe environnementale.

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Nicole Guglielmelli habite Fayence depuis 2009 dans une propriété de plusieurs hectares qui ressemblait fort à un coin de paradis. Mais ça, c'était avant. Car depuis trois ans, elle a le sentiment de vivre un enfer et c'est encore pire quand le ciel se déchaîne et qu'il pleut des trombes d'eau, comme lors du dernier épisode méditerranéen, le week-end des 26 et 27 octobre.

Le quotidien, ce sont des mouches, des odeurs pestilentielles qui l'empêchent de profiter de sa terrasse, et un bassin de rétention qui déborde en cas de fortes précipitations. Située sur la commune de Tourrettes dans le département du Var, l'unité de compostage est à 500 mètres à vol d'oiseau de chez elle - unité qui mélange boues d'épuration et déchets verts. Et elle n'en finit pas de générer des nuisances. 

La nuit, on est obligé de dormir avec les fenêtres fermées parce que l'odeur vous prend... c'est une odeur assez acre.

Nicole Guglielmelli, riveraine

France 3 Côte d'Azur

"L'été, c'est l'enfer, explique Nicole Guglielmelli. Je ne peux même plus inviter des gens à déjeuner où à dîner. Je pose quelque chose à manger, et tout de suite toutes les mouches."

Débordements lors des intempéries

À chaque épisode de pluie, les mêmes conséquences : un ruisseau d'eau noirâtre déborde du bassin de rétention supposé retenir les eaux de la station de compostage, il s'écoule dans la nature, et se déverse dans l'Endre, un affluent de l'Argens. Les nuisances ne concernent pas que Fayence. Saint-Paul-en-Forêt, Bagnols-en-forêt, Montauroux en font aussi les frais.

Pour Pierre Guérin, un riverain désespéré,  "on était dans un petit paradis, on est passé à l'enfer !". Les élus, eux, en appellent à l'Etat pour faire cesser cette activité.

Un gestionnaire, la Saur

Cette trainée noire qui se verse dans la nature, l'entreprise Saur la désigne comme du lixiviat, un engrais utilisé en agriculture. Les riverains craignent une contamination des sols et des eaux.

Le 12 mars dernier, après les intempéries du week-end du 9 et 10 mars, un arrêté préfectoral a imposé à l'exploitant un certain nombre de mesures concernant la gestion, mais aussi l'analyse des eaux pluviales de ruissellement.

Contactée par France 3 Côte d'Azur, la Saur affirmait alors qu’elle allait effectuer des travaux pour augmenter les dimensions du bassin et, à l’avenir, empêcher les fuites de cette installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE). Selon elle, l'expertise indépendante n'a révélé aucun problème.

Une manifestation contre la pollution

Plus de six mois plus tard, mercredi 30 octobre, ils étaient une trentaine de riverains à s'être rassemblés pour exprimer leur mécontentement. Ils ne sont pas convaincus par la réponse de la Saur, et demandent une évolution des équipements.

De son côté, l'entreprise se veut rassurante : "Dans un objectif de performance sur le long terme, les équipes de Valbé en lien avec la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) sont en train d'aménager la plateforme actuelle pour l'adapter au dérèglement climatique. Elle sera pleinement opérationnelle dans les prochains mois". 

Contactée par France 3 Côte d'Azur, la Dreal a confirmé un arrêté de mesures d'urgence pris le 12 mars dernier. Un arrêt qui a visé notamment "à caractériser la pollution résiduelle (sol + eau), créer un fossé pour éviter l'arrivée d'eaux de ruissellement externe sur site et dimensionner des ouvrages de confinement des eaux internes".

Une pollution par métaux et hydrocarbure détectée

Suite à cet arrêté, selon la Dreal, le site dispose désormais d'un volume de stockage total de 1600 m³, "largement suffisant dès lors qu'un volume suffisant est maintenu disponible".

Elle note également que la Saur a fourni un rapport sur les conséquences de ces pollutions. "Des sondages de sols et des analyses d'eau ont été faits le long du ruisseau sur 400 mètres en aval."

Résultat : une "légère incidence" a été trouvée, "uniquement sur le premier des quatre points dans les eaux pour deux métaux et le Carbone Organique Total, et des hydrocarbures sur le point le plus éloigné."

"L'origine de la pollution par les métaux et hydrocarbures interroge, car elle est difficilement reliable à l'activité de compostage", note la Dreal.

Un fossé insuffisant

Concernant les dernières intempéries, les 25 et 26 octobre, la Direction régionale de l'environnement a constaté le 30 octobre que le fossé de détournement des eaux externes présentait des anomalies.

Le fossé n'est "pas suffisamment calibré ni entretenu" et la Saur "n'a pas suffisamment anticipé l'ampleur de l'évènement pluvieux en procédant à un envoi préalable des eaux du site vers une Station d'épuration pour vider ses capacités de stockage".

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