Depuis le début de l’année 2024, la France hexagonale enregistre un nombre record de cas autochtones de dengue, avec 85 infections localisées dans le sud. Il peut ainsi être refusé aux personnes vivant dans les zones touchées de donner leur sang, pour prévenir la transmission du virus.
Patrice donne son sang dès qu’il peut.
Le Nîmois de 51 ans raconte être un donneur régulier depuis au moins cinq ans, à raison de huit à dix fois chaque année. "Pour moi, c’est un geste gratuit et évident", soutient-il. Ce samedi 23 novembre, Patrice se rend donc à la Maison du don de Nîmes, au CHU. Comme à son habitude. Mais cette fois-ci, on lui pose une nouvelle question.
"Il m’a été demandé si j’étais allé à Montpellier ou à Fréjus au cours des trois dernières semaines, auquel cas, j’aurais dû être dépisté, avant de donner mon sang. On m’a précisé que c’était parce qu’il y avait des foyers de dengue là-bas", raconte-t-il.
🔎🦟Données surveillance renforcée #Dengue #Chikungunya et #Zika
— SantépubliqueFrance (@SantePubliqueFr) November 20, 2024
Du 1er mai au 18 novembre 2024, ont été identifiés en France hexagonale :
➡️ 1 925 cas importés de dengue
➡️ 20 cas importés de chikungunya
➡️ 5 cas importés de zika
Pour en savoir + : https://t.co/2F8I9wFzq4 pic.twitter.com/tVaBLZeCUp
En effet, d’après les informations transmises par l’antenne régionale, PACA, de l’Établissement français du sang (EFS), quatre villes du sud de la France seraient actuellement des foyers de dengue autochtones : Fréjus et Ramatuelle dans le Var, Vallauris dans les Alpes-Maritimes, puis Montpellier.
La ville occitane est le dernier foyer à avoir été détectée, en octobre dernier. "Le risque devrait prendre fin rapidement", rassure toutefois la docteure Catherine Lazaygues, responsable régionale des prélèvements à l'EFS PACA.
Forte concentration dans le sud
Depuis le début de l'année 2024, au moins 85 cas autochtones de dengue ont été localisés en France hexagonale. C'est un chiffre record, le précédent était de 66, en 2022. Et si l'on regarde la carte fournit par Santé publique France, l'on s'aperçoit que ces foyers se concentrent uniquement dans le sud de la France
Cela n'a rien n'anodin. Parois caractérisées comme une "grippe tropicale", la dengue est une maladie virale transmise par la piqûre de moustiques Tigres. Ceux-là sont surtout présents dans les climats tropicaux et subtropicaux. C'est pourquoi, en France métropolitaine, les personnes infectées le sont particulièrement lors de voyages à l'étranger.
Cependant, l'Hexagone connaît aussi des cas de dengue autochtone, c'est-à-dire des infections contractées sur le territoire sans lien avec un quelconque voyage. Ces foyers sont majoritairement localisés autour du pourtour méditerranéen, une région propice à la prolifération des moustiques en raison du climat chaud.
"Dès qu'un cas de dengue autochtone est confirmé, des actions de démoustication sont menées dans la zone pour prévenir toute propagation", indique Catherine Lazaygues.
Quel impact sur le don du sang ?
Quant aux symptômes de la dengue, la médecin assure qu'ils ne sont pas toujours perceptibles. D'après elle, certaines personnes peuvent être asymptomatiques. Sinon, ils se résument à un état grippal, entre fièvre, fatigue et fortes douleurs musculaires.
"Sans être mortelle à tous les coups, c'est une maladie qui peut toutefois présenter des formes graves chez les personnes immunodéprimées ou âgées, par exemple", précise également Catherine Lazaygues. Elle ajoute : "Et comme les dons du sang permettent de transfuser des gens plutôt fragiles et vulnérables, on veille à ne pas leur apporter un virus qui risquerait de les aggraver."
On leur demande ainsi de ne pas donner leur sang pendant au moins de 28 jours. Ce délai nous permet ensuite d'être sûrs qu'ils ne sont plus porteurs du virus.
Catherine Lazaygues, responsable régional des prélèvements à l'EFS Paca
En effet, le risque de transmission de la dengue se fait par piqûre de moustique et donc par voie sanguine. Ainsi, pour éviter de prélever du sang des personnes contaminées, l’Établissement français du sang est en droit de refuser toute personne ayant circulé dans une zone identifiée comme foyer de dengue.
"On leur demande ainsi de ne pas donner leur sang pendant au moins de 28 jours. Ce délai nous permet ensuite d'être sûrs qu'ils ne sont plus porteurs du virus", détaille Catherine Lazaygues. Dans certaines situations, des tests de dépistage peuvent aussi être réalisés afin de ne pas passer à côté de potentiels donneurs.
"Cet été et jusqu’à fin novembre, le test de dépistage était réalisé. Ensuite, la circulation du virus étant moins importante, moins de donneurs seront concernés et alors les donneurs seront ajournés", souligne à ce titre la médecin.