5 ans d'inégibilité requis contre un adjoint au maire de Fréjus pour un commentaire raciste publié sur Facebook en 2021

Patrick Renard, adjoint Rassemblement National au maire de Fréjus, est jugé ce jeudi 14 décembre au tribunal judiciaire de Draguignan. Le 14 février 2021, il avait fait un commentaire raciste à propos d'une vidéo de campagne de sécurité routière montrant un homme noir et une femme blanche en couple.

"Trop c'est trop", disait-il dans son commentaire sur Facebook. Aujourd'hui, c'est la Maison des potes, association de lutte contre les discriminations, qui dit "trop c'est trop".

L'adjoint Rassemblement National (RN) au maire de Fréjus Patrick Renard avait publié le 14 février 2021 un commentaire à propos de la vidéo de campagne de prévention pour la sécurité routière montrant un couple mixte composé d'un homme noir et une femme blanche.

"Nouvelle pub du gouvernement pour la sécurité routière, un couple mixte un noir une blanche qui font l'amour trop c'est trop", écrivait-il sur son compte public, le tout sur un fond d'image d'émoji en forme d'excréments.

L'association locale Forum républicain avait saisi la justice de cette publication rapidement supprimée. M. Rachline avait alors suspendu son adjoint, avant de le réintégrer quelques mois plus tard, toujours en tant qu'adjoint mais plus chargé de la sécurité.

5 ans d'inégibilité et 5 000 euros d'amende requis

La Maison des potes a décidé de porter plainte et s'est donc constituée partie civile dans ce procès qui s'est déroulé ce jeudi 14 décembre au tribunal judiciaire de Draguignan. Absent lors de l'audience jeudi devant le tribunal correctionnel de Draguignan, Patrick Renard avait contesté devant les enquêteurs toute interprétation raciste de son message, assurant qu'il s'était insurgé sur le caractère érotique du clip,
dont il ne voyait pas le rapport avec la sécurité routière.

"A d'autres!", a répliqué le procureur Pierre Couttenier, rapporte l'AFP.

L'avocat de Patrick Renard, Maître David Dassa-Le Deist a estimé qu'il était "consternant" de traiter son client de raciste, évoquant son engagement auprès d'un orphelinat au Burkina Faso. "Le post n'était pas très fin. Quand on est un homme public, il faut tourner sept fois la souris avant de cliquer", a-t-il reconnu. Mais la publication a été lue par le prisme de l'étiquette RN de M. Renard, a-t-il insisté en dénonçant "un procès politique".

Cinq ans d'inégibilité et 5000 euros d'amende ont été requis contre l'élu RN. 

Il pourrait être condamné pour provocation à la haine et à la discrimination raciale "mais les faits pourraient aussi être requalifiés en injure raciste", indique Maître Coline Martin, avocate représentant la Maison des potes.

A l'issue de l'audience, la présidente a annoncé que le jugement serait mis en délibéré.

"L'idéologie raciste est bien présente dans les rangs du RN"

"Ce procès est très important pour montrer que l'idéologie raciste est bien présente dans les rangs du RN", explique Samuel Thomas, fondateur de la Maison des Potes.

S'opposer à un amour entre un homme noir et une femme blanche, c'est l'idéologie suprémaciste blanche à son paroxysme.

Samuel Thomas, fondateur de la Maison des potes

Il explique que l'acceptation des couples mixtes a des racines encore jeunes dans l'Histoire française : "l'interdiction des mariages mixtes était dans le code noir de Colbert à la fin du XVIIe siècle. Cela a été abrogé par la Révolution française puis rétabli par Napoléon. Et enfin à nouveau aboli lors du retour à la Restauration en 1815."

Mais dans d'autres pays, l'abolition de l'interdiction de mariage entre personnes noires et blanches est encore bien plus récente. Cela a été aboli définitivement en 1967 aux Etats-Unis et en 1985 en Afrique du Sud.

"Faire le ménage" dans la classe politique

Ce genre de commentaire est une "forme d'atteinte à la dignité des couples mixtes", dénonce Samuel Thomas, et "une atteinte à tous ceux qui sont des descendants de couples mixtes", renchérit-il.

Cette idéologie raciste est fondatrice du RN et elle est toujours aussi forte dans ce parti. La stratégie actuelle de dire qu'ils ne sont plus antisémites ni racistes ne doit pas berner les gens. Là, ça démontre que la haine est bien fondée sur la couleur de peau.

Samuel Thomas, fondateur de la Maison des potes

Le militant espère que l'élu sera condamné et que cela enverra un message : "il faut qu'on sache qu'on ne put pas tolérer ça de la part d'un élu de la République".

"Il faut savoir faire le ménage dans la classe politique et empêcher de se présenter des personnes qui sont reconnues coupables de propos qui incitent à la haine raciale", souhaite-t-il.

La décision sera rendue le 24 janvier 2024.

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