Depuis le 8 février et jusqu'à la fin du mois, le Syndicat autonome des sapeurs pompiers professionnels et des personnels administratifs techniques et spécialisés a lancé un préavis de grève. Le mouvement est suivi dans le Var. Les revendications portent sur le suivi médical des soldats du feu et les conditions de travail.
Le 15 janvier dernier sur France 5, le quatrième épisode "La contamination à petit feu" d'un documentaire intitulé "Vert de rage" fait état des retardateurs de flamme. Le magazine de Mathilde Cusin et de Martin Boudot démontre, à travers des prélèvements réalisés dans le pays, que ces produits chimiques invisibles et inodores sont présents dans les objets du quotidien pour les rendre moins inflammables. Ils sont susceptibles d'être cancérigènes.
Les sapeurs-pompiers du Var ont été sollicités pour ce documentaire qui corrobore ce qu'ils disent depuis de nombreuses années. Quand ils interviennent sur des incendies, il y a donc des risques pour leur santé, des analyses sanguines et d'urine l'attestent.
Guillaume Civray est président du Syndicat autonome des sapeurs-pompiers et des personnels administratifs techniques et spécialisés (SASPP-Pats) du Var.
Ce département compte 940 sapeurs pompiers professionnels, une grande majorité est en grève depuis le 8 février dernier. Concrètement, les interventions sont garanties, les grévistes assurent leurs missions de service public, mais portent un brassard.
Un seul cancer professionnel reconnu en France
Un seul cancer, celui du nasopharynx, est reconnu comme maladie professionnelle chez les pompiers français. Aux Etats-Unis, il y en a 28.
Pour Guillaume Civray, le modèle pourrait être canadien. Là-bas, 431 sapeurs-pompiers sont morts d'un cancer lié à leur profession ces dix dernières années et le projet de loi C-224 vise à faire progresser la couverture de ces cancers pour une meilleure indemnisation.
Le syndicat demande ainsi des études épidémiologiques pour établir les risques et mettre en place les mesures de prévention, y compris au niveau des équipements.
Des visites médicales plus complètes
Amiante, arsenic, polychlorobiphényles (PCB), hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), acide sulfurique, ce contact régulier pour les pompiers en intervention justifie des examens médicaux réguliers et approfondis.
Or, indique Guillaume Civray, "un sapeur-pompier de moins de 42 ans a une visite médicale tous les 2 ans, puis tous les ans après. Une visite sans radio des poumons, sans prise de sang". Un meilleur suivi, y compris psychologique, fait partie des revendications.
Aujourd’hui, les pompiers travaillent indifféremment pour lutter contre les feux de toute nature, et pour le secours à la personne.
Or, ce secours à la personne devient de plus en plus technique. Les grévistes préconisent une séparation des missions, ce qui suppose une spécialisation.
En attendant des réponses, les pompiers ont prévu la poursuite de leur mouvement et ils rappellent que, en 2022, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé leur profession comme étant à risque pour des maladies professionnelles. Ils attendent du ministre de l'Intérieur un engagement ferme sur ces points de revendications.
"Les sapeurs-pompiers protègent la population, mais personne ne les protège", conclue Guillaume Civray.