Un bon dessin vaut parfois mieux qu'un long discours. C'est en partant de ce principe que la commune de Ramatuelle lance un concours international de dessins de presse, pour dénoncer les nuisances qu'elle subit en été à cause des multiples survols d'hélicoptères dans le golfe de Saint-Tropez.
Mieux vaut parfois rire de ses malheurs. Tel est en tout cas le parti pris de Ramatuelle, dans le Golfe de Saint-Tropez (Var). Depuis plusieurs mois, la petite commune très touristique se bat pour faire limiter les survols d'hélicoptères au-dessus des têtes de ses habitants.
Partie au front judiciaire, Ramatuelle a remporté vendredi 23 juillet une première manche, avec la suspension d'un arrêté préfectoral réglementant le sujet par le tribunal administratif de Toulon.
Un bras de fer qui a abouti à une seconde décision favorable le 12 septembre dernier : le sous-préfet du Var a en effet décidé d'interdire l'utilisation de 9 des 11 hélisurfaces recensées dans le golfe de Saint-Tropez, constatant le dépassement des mouvements autorisés entre le 1er juillet et le 15 août. Beaucoup totalisaient en effet plus de 300 mouvements d'hélicotpères sur cette seule période d'un mois et demi, contre 200 autorisés par an au maximum.
"Sous les pales des hélicos, la plage de Pampelonne"
Deux victoires judiciaires pour la commune, qui lui ont donné une idée originale: organiser un concours de dessin de presse sur le thème "Sous les pales des hélicos, la plage de Pampelonne". Il a lieu du 14 septembre au 14 octobre 2021 et s'adresse aux dessinateurs de presse du monde entier.
"A l'horizon de la Cop 26, la commune souhaite apporter sa contribution et aider à la prise de conscience", explique la ville dans un communiqué. Elle propose ainsi aux dessinateurs de presse de "brosser ce tableau ubuesque et, avec son exemple concret, de fournir matière à réfléchir".
Cette démarche bénéficie du soutien et du partenariat d'associations nationales et internationales de premier plan. A commencer par Greenpeace, dont le directeur général France, Jean-François Julliard, sera membre du jury.
Mais également Cartooning for Peace et France Cartoons, deux associations de dessinateurs de presse dont les présidents, Kak et Pierre Ballouhey, seront eux aussi membres du jury. On y comptera aussi Marc Goujo, Directeur du Musée Peynet et du dessin humoristique d'Antibes, et Sitor Senghor, directeur de la Galerie Orbis Pictus Paris.
Un jury imaginé par Christian-Alexandre Faure, président de l'association de défense et d'illustration de la liberté d'expression Le Crayon, basée à Ramatuelle, mais au rayonnement national.
"L'humour et la satire sont de très bons moyens d'aborder des problèmes d'actualité importante, comme c'est le cas ici. Ici, l'idée est de dénoncer à travers le dessin la pollution visuelle mais aussi sonore et écologique que ces hélicoptères font subir aux habitants"
Chaque candidat dessinateur est invité à produire trois dessins et à les faire parvenir au jury (concours.dessin@mairie-ramatuelle.fr).
Mi-octobre, le jury nommera les trois meilleurs dessins. La sélection du concours recevra une ample publicité et sera en particulier réunie dans une exposition organisée en partenariat avec « Le Crayon » à Ramatuelle, courant novembre 2021.
"Le but est de sensibiliser les habitants, mais aussi bien au-delà, car ce problème concerne tout le monde", poursuit son président.
Préserver un joyau de la Côte-d'Azur
Située au sud du golfe de Saint-Tropez, la petite commune de Ramatuelle se bat depuis plusieurs années pour préserver son cadre de vie exceptionnelle, face à l'arrivée massive d'hélicoptères en été. Notamment au-dessus et à l'arrière de la superbe plage de Pampelonne, l'une des plus belles d'Europe.
"Ramatuelle est une commune littorale entièrement inscrite à l’inventaire national des sites pittoresques, en partie classée au titre du code de l'environnement, pour l’essentiel en zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique, membre du parc national de Port-Cros, et la plage de Pampelonne, espace naturel remarquable au sens de la loi « Littoral », est entièrement située sur son territoire. Cet espace de nature, de calme et de détente est exceptionnel sur la Côte d’Azur. Il constitue aussi un pôle mondial de tourisme et génère une activité économique qui fait vivre l’ensemble de son bassin de vie", met en avant la commune.
Un équilibre entre tourisme et biodiversité que la commune est bien décidée à préserver. Le dessin, par sa redoutable efficacité, est sans doute une nouvelle manière de faire passer son message au grand public.
Sensibiliser et faire évoluer la loi
D'ailleurs, la commune poursuit aussi son combat d'un point de vue législatif cette fois: elle a saisi la Ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et a proposé deux amendements pour faire évoluer la loi sur les hélisurfaces.
"Nous espérons beaucoup de la 26e conférence annuelle de l'ONU sur le climat (COP 26)", explique-t-on à la mairie.
Une COP 26 qui se tiendra à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021 sous la présidence britannique.