On savait que la place était chère pour jeter l’ancre dans le port mythique de Saint-Tropez, mais les accusations d’un ex-agent portuaire jettent un gros pavé dans la mare tropézienne. En plus du prix de la réservation, ce lanceur d’alerte évoque des versements en liquide pouvant parfois atteindre 15 000 euros.
Le port de Saint-Tropez (Var) est l’un des plus prisés de la Côte d’Azur. Il reçoit chaque année des milliers de plaisanciers. Mais des révélations de nos confrères de RMC sèment le trouble.
"En dessous de 1000 euros d'espèces, ils ne prennent même pas le bateau"
En plus du prix de la réservation, certains propriétaires de bateaux se verraient réclamer des dessous-de-table dont les montants sont exorbitants.
Une information dévoilée par un ex-agent portuaire sous couvert d’anonymat qui n’hésite pas à rentrer dans les détails.
Les capitaines montent, ça négocie et ensuite, on confirme la place. Là, il y a un bateau qui dit avoir donné 5.000 euros pour trois jours. Mais ça peut monter à 10.000-15.000 euros pour entrer au port.
Un ex-agent portuaire de Saint-Tropezà RMC
Les détails divulgués par cet homme sont précis et parfois presque dérangeants.
Ils cherchent toujours à savoir de quelle origine ils sont. Si ce sont des Arabes, des Russes ou des Américains. En fonction de la nationalité, ils vont demander plus ou moins.
Un ex-agent portuaire de Saint-Tropezà RMC
En tout, 734 bateaux sont amarrés au port de Saint-Tropez.
Un réseau qui dépasserait les frontières du port de Saint-Tropez
À la suite de la plainte du lanceur d’alerte, une enquête pour corruption a été ouverte il y a deux semaines. Elle est conduite par la brigade de gendarmerie de Saint-Tropez qui va devoir vérifier les pistes fournies par ce lanceur d'alerte.
Ils passent par des intermédiaires, ça peut être des concierges, des serveurs de grosses discothèques ou de grosses plages où il y a les milliardaires qui viennent. On sait tous ce qu’il se passe, tout le monde a peur de perdre sa place donc tout le monde se tait. Et certains en profitent. Ça fait des années que ça dure.
Ex-agent portuaire de Saint-Tropezà RMC
"Il faut mettre un point final aux rumeurs que l'on entend depuis des années"
Dans un communiqué adressé à la rédaction de France 3 Côte d'Azur, la mairie de Saint-Tropez réagit vivement à l'encontre de "ces allégations sans fondement et mensongères".
S'agissant des accusations de pots-de-vin versés en contrepartie d'une place au port la ville n'a pas été informée par les services judiciaires du dépôt d'une plainte en lien avec les faits supposés. Les demandes sont traitées par ordre de dépôt des utilisateurs sans possibilité d'intervention des services du port. L'ensemble des services de la commune est régulièrement contrôlé en interne mais aussi par l'État.
Sylvie Siri, maire de Saint-Tropezà France 3 Côte d'Azur
La ville fait savoir qu'elle "engagera toutes procédures utiles afin de faire d'une part cesser ces allégations mensongères et d'autre part condamner par la justice tous les auteurs de ces accusations fallacieuses".
Dans cette affaire, la ville est une nouvelle fois victime de sa notoriété et de la recherche du sensationnel de médias en mal d'Audimat.
Sylvie Siri, maire de Saint-Tropezà France 3 Côte d'Azur
Des auditions auraient déjà été conduites. Le procureur de la République de Draguignan, saisi de l’affaire, ne souhaite pas communiquer avant la fin de l'été.