Ce vendredi 22 mars est la Journée mondiale de l'eau. Une ressource qui se raréfie, mais qu'il est possible de créer à partir de l'air. Une entreprise du Vaucluse espère construire une usine d'embouteillage dans le Var dans les prochains mois.
La Journée mondiale de l'eau est l'occasion de sensibiliser à une gestion durable de cette ressource. Dans le Var, le territoire a été le sujet de plusieurs sécheresses ces dernières années qui ont fait des nappes phréatiques un enjeu stratégique.
Pour éviter d'y puiser, une société y a installé dès 2003 un container qui permet de transformer l'air en eau. Tel est le pari un peu fou qui pourrait être mis en bouteille dans les prochains mois à Grimaud, dans le golfe de Saint-Tropez.
Système opérationnel
La commune a accueilli un drôle de container qui peut produire jusqu'à 5 000 litres d'eau par jour. Si ce système peut produire de l'eau potable, il a permis dans un premier temps à la commune d'alimenter les citernes de véhicules qui nettoient la voirie. Ce système peut également être déployé dans des zones de lutte contre les incendies ou pour irriguer des cultures.
Cette installation avait fait l'objet d'un reportage réalisé par France 3 Côte d'Azur en avril dernier.
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A Grimaud, une entreprise produit de l'eau atmosphérique.
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©FTV
L'eau testée par l'ARS
Ce dispositif installé à Grimaud a surtout permis de répondre aux exigences de certains services de l'État. À commencer par l'Agence régionale de santé : "Le générateur de Grimaud a été installé pour répondre aux demandes des analyses de l'eau produite faites par l'ARS de Toulon".
Quatre analyses ont été produites, avec à chaque fois des échantillons d'environ 200 litres, dans lesquels 500 marqueurs ont été testés. Jacques Beneviste affirme que ces analyses ont été positives, "cela a pris un an", regrette-t-il. Il est le président de la société
L'ARS a transféré les résultats à la Direction générale de la santé qui a récupéré le dossier avant de le transférer à l'ANSES - l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. C'est cette agence qui est dorénavant à la manœuvre pour donner un rapport "pendant l'été" qui permettra de commercialiser cette eau pour une consommation humaine. "Le directeur général de la santé se positionnera ensuite à l'automne prochain" explique Jacques Beneviste, le président de la SFEA - la Société française de l'eau atmosphérique. Il est associé à Franck Vergine, directeur industriel de Home Atmospheric Water, dans cette société qui produit ces équipements.
Une première usine mondiale d'eau atmosphérique
Cette ultime étape délivrée par les services sanitaires de l'État va permettre surtout de créer des emplois dans le Var.
Ce parcours de validation, Jacques le résume par "une histoire de fous". "On ne s'y attendait pas, car les générateurs sont dans les normes européennes" regrette-t-il.
Cela fait depuis 3 ans maintenant que l'on se bat pour avoir cette certification, que l'on caresse l'espoir de l'avoir cette année, de telle façon à pouvoir construire l'usine.
Jacques Beneviste, président de la Société française de l'eau atmosphérique
L'attente ne devrait durer plus que quelques mois. "En théorie, oui, nous sommes confiants, car on a fait toutes les démarches possibles et imaginables".
Cette usine revêt également un caractère stratégique pour la France pour l'entrepreneur : "Moi-même, j'ai été reçu à l'Élysée l'année dernière, mais les certifications et autorisations sont excessivement longues."
Le cabinet du maire de Grimaud nous confirme ce vendredi 22 mars que ce projet d'usine sur leur territoire est en bonne voie. Le conseil municipal s'est prononcé favorablement à la vente d'un terrain communal pour accueillir l'entreprise qui permettrait de produire 50 millions de bouteilles à l'année. Soit environ 30.000 mètres cubes.
Ces bouteilles - en verre, précise-t-on - doivent alimenter le marché de la grande distribution, de l'hôtellerie et de la restauration. "On est très annoncés et attendus" explique Jacques Beneviste.
115 personnes devraient être employées sur le site à terme.
Prix de l'innovation
Voilà plusieurs années que Jacques Beneviste travaille à cette solution technique. "Au démarrage, j'étais aux États-Unis et j'ai gagné le prix de l'innovation en 2017, décerné par la Chambre de commerce franco-américaine, pour ce projet de conteneur qui fabrique de l'eau atmosphérique".
Ses ambitions pour ce projet varois, il les justifie : "C'est un terrain qui est proche de la mer et il nous permet d'avoir les meilleures conditions météorologiques" .
La conversion de l'air en eau est un procédé bien maîtrisé, qui fonctionne par captation et par condensation. " C'est l'humidité de l'air qui produit de l'eau que nous traitons. C'est cette eau qui sera embouteillée" poursuit-il.
C'est ce même schéma qui est appliqué dans tous les produits de la marque, de la fontaine à eau qui peut produire 52 litres par jour dans un espace public, tels qu'un musée, jusqu'au conteneur qui peut produire 5 000 litres par jour, installé en extérieur. Jacques espère les voir rapidement produire dans le Var.
À l'heure actuelle, trois conteneurs de la marque sont déployés en France, principalement dans des villes portuaires, une dizaine en tout sera installée avant la fin de l'année.
Dans le Var, d'autres croient beaucoup en cette solution pérenne qui pourrait contrecarrer la problématique d'une absence de ressource en eau. Helio Water, une filiale de Marine Tech, installée à Six-Fours, a effectué une levée de fonds de 1 million d’euros l'an passé.
Et si le département, actuellement en alerte pour la sécheresse, devenait le nouvel eldorado de l'eau ?