Face au problème récurrent de la sécheresse, des Varois ont décidé de mettre au point une machine capable d'utiliser l'humidité de l'atmosphère pour la transformer en eau. Le procédé a séduit la ville de Grimaud, dans le Golfe de Saint-Tropez, qui l'utilise pour nettoyer ses rues. A l'avenir, il pourrait même servir à lutter contre les incendies.
Chaque jour, un véhicule d'entretien de la commune de Grimaud (Var) s'approche d'un container vert situé dans la zone industrielle du Grand Pont. Il vient remplir sa citerne d'environ 1.000 litres avant d'effectuer sa tournée de nettoyage de la ville.
"On la remplit deux fois par jour, une fois le matin de bonne heure pour faire le nettoyage du village le plus rapidement possible, puis à 13h30 pour l'après-midi", explique Cédric Hielard, responsable du centre technique municipal de Grimaud, en remplissant le réservoir de sa camionnette à l'aide d'un tuyau.
De l'eau atmosphérique
Mais cette eau n'est pas ordinaire. Elle ne provient pas des nappes phréatiques. Elle est fabriquée à l'intérieur même du container, qui contient une machine aspirant l'air ambiant pour en capter l'humidité. L'eau est ensuite récupérée dans un réservoir.
"On appelle ça de l'eau brute, c'est de l'eau condensée, comme la rosée du matin", indique Franck Vergine, directeur industriel de Home Atmospheric Water, l'entreprise qui a créé l'installation. C'est cette eau qui est utilisée pour l'entretien des rues de Grimaud.
Mais le processus ne s'arrête pas là. "Ensuite, tout un entremêlage de tuyaux et de différents filtres nous permet de traiter cette eau et de la "potabiliser" pour obtenir une eau potable qu'on peut consommer et qui est de très bonne qualité", poursuit Franck Vergine.
Une technique adoubée
Séduite par l'idée, la mairie de Grimaud se sert déjà de l'eau "brute" produite par la machine, mais elle ne compte pas s'arrêter là. Si elle envisage de racheter le container, voire de faire une demande pour en construire un ou deux autres supplémentaires pour le nettoyage de sa commune, elle pense surtout à en implanter d'autres dans huit emplacements stratégiques et difficiles d'accès pour lutter contre les incendies.
"Il y a un double enjeu. D'une part, celui de ne pas défendre le feu avec de l'eau potable, c'est toujours la même problématique. Et puis de pouvoir apporter au plus près des hameaux des structures et des équipements qui sont en partie autonomes pour produire de l'eau sur l'année", témoigne François-Xavier Mentzer, directeur général des services à la ville de Grimaud, dont le territoire a été lourdement touché par les incendies dévastateurs qui ont frappé le Var en 2021.
Une usine de production d'eau potable prochainement ?
D'autre part, Franck Vergine mais surtout Jacques Benveniste, son associé dans l'aventure Home Atmosphéric Water, ont un autre projet. Avec la Société française d'eau atmosphérique, que le second a fondée, ils souhaitent construire une usine sur un terrain de deux hectares. Cette dernière aurait pour objectif de produire et de commercialiser 100.000 litres d'eau potable atmosphérique par jour à destination d'hôtels, de restaurants et du grand public.
"Nous allons construire une usine de 5.000 m² avec un bassin d'emploi de 90 personnes", confie Jacques Benveniste. Selon lui, il s'agirait de la première usine mondiale d'embouteillage d'eau atmosphérique. Cela peut inciter à se poser la question : cette eau serait-elle une solution d'avenir ? Non, selon l'hydrogéologue Eric Gilli, invité de France 3 Côte d'Azur ce mercredi 12 avril, qui la qualifie plutôt de "technique de survie".