Un an après l'incendie du massif des Maures dans le Var, que sont-ils devenus ?

Le 16 août 2021, une partie du massif des Maures était ravagé par un gigantesque incendie faisant 2 morts et de nombreux dégâts. Une trentaine de maisons et des exploitations agricoles sont parties en fumée. Un an après, nous avons retrouvé 2 témoins victimes du sinistre.

L’incendie avait démarré dans le Var, sur la commune de Gonfaron, le 16 août 2021 en fin d’après-midi. La piste privilégiée alors par les enquêteurs ? Un mégot jeté négligemment sur l’aire de Sigues sur l'A57.

C’était il y a tout juste un an.

Entre le 16 et le 26 août, ce sont plus de 7000 hectares qui sont partis en fumée faisant des blessés et 2 morts, 2 personnes restées bloquées dans une maison isolée.

Ce sinistre rapide, violent, attisé par le mistral et facilité par la sécheresse s’était propagé en quelques heures en direction du Golfe de Saint-Tropez, ne laissant derrière lui que cendres et désolation.

Pendant des jours, plus de 1000 sapeurs-pompiers avaient lutté contre les flammes, nuit et jour, dans un massif boisé extrêmement difficile d’accès.

L’incendie du massif des Maures, ce sont 10 000 personnes évacuées et mises à l’abri. Une trentaine de maisons brûlées, parmi lesquelles, celle de Jenny Garnita. Récente habitante du quartier de la Tourre à Grimaud.

Ce jour-là, elle pensait que sa dernière heure avait sonné. Cette Italienne d’origine avait même appelé sa mère pour lui faire ses adieux… mais un brin de chance dans son malheur a fait qu’elle a été évacuée de justesse.

Une semaine après, de sa maison il ne restait que des murs et des objets calcinés. Jenny était psychologiquement anéantie et sous médicaments.

Pierre Audemard, un vigneron lui aussi touché

Lui aussi nous l’avions rencontré quelques jours après le drame. Pierre Audemard, vigneron à Cogolin dans le Var.

Ce gaillard s’en souvient comme si c’était hier. 4000 pieds de vignes brulés ou chauffés. Résultat, un hectare foutu. Ce qui devait être du vin de qualité a fini en jus de raisin ou en vinaigrerie.

Le plus dur pour lui, ce sont les 400m2 de bâtiment rasés par le feu. Les locaux de vinification, ce sont 50 000 litres en cuves perdus. Perdu aussi, le stock de 40 000 bouteilles, tout le matériel de conditionnement plus le chai et sa centaine de barriques de chêne. 225 litres chacune, ça fait mal.

En août 2021, les pertes étaient estimées à 3 millions d’euros.

Que sont-ils devenus?

Solidarité, entraide et assurances.   

Pour Jenny, après avoir été logée à Draguignan temporairement par son assurance, elle a trouvé un soutien moral grâce à la solidarité, une aide dans ses démarches pour recoller les morceaux.

Grâce au réseau, elle finit par trouver un studio gratuit aux Issambres. Après 2 mois d’occupation, le propriétaire lui demande de payer un loyer de 650 euros. Un coup dur mais elle n’a pas le choix.

Tout cela, elle nous le raconte aujourd’hui, ce 16 août 2022. Où en est-elle ? « Ca va mieux dit-elle, on a reconstruit la maison, je suis dedans depuis 2 mois mais…tout manque. En dehors d’un petit canapé et de la cuisine, le reste est vide. Pas de lit, pas de lave-linge, etc.. »

Malgré quelques économies, les frais plus les faibles indemnisations reçues pour la maison et leurs véhicules ont eu raison de leur budget. Ils n’ont pas les moyens de meubler des lieux.

Son mari qui travaillait à son compte a pu reprendre ses activités grâce à des dons de matériel. Il travaille aussi de nuit pour essayer d’améliorer les choses.

Jenny aussi travaille. Elle est agente d’entretien dans des entreprises.

Le couple à de nouveau un toit sur sa tête, chez lui à Grimaud mais il est toujours en situation de précarité. La banque le harcèle car les comptes sont continuellement dans le rouge.

Son mari est resté dans le studio aux Issambres : « En plus mon couple souffre », dit-elle.

Pour l’instant ils avancent jour après jour, ils s’accrochent même si c’est dur, mais jusqu’à quand tiendront-ils comme ça ?

Le domaine de la Giscle 

A Cogolin, Pierre Audemard est dans ses vignes lorsque nous le contactons au téléphone. Il a repris sa routine et ses récoltes mais le feu a laissé des traces, des plaies qui seront longues à cicatriser.

Un hectare brûlé. Rien d’irréversible, dit-il. "Ca va aller on va replanter cet hiver." Depuis le sinistre, il s’est retroussé les manches. Lui mais aussi sa famille, des amis et même des clients sont venus à la rescousse.

Au lendemain du sinistre, il a fallu récolter ce qui pouvait l’être, le reste du raisin était mûr. Les vendanges ont eu lieu mais après comment continuer quand tout a brûlé.

Pierre a loué du matériel modulaire. Du provisoire qui dure encore aujourd’hui.

Des tentes avec plancher en bois et climatisation qui ont permis l’installation des pressoirs, des filtres et pompes. On lui a aussi prêté des cuves. et les vendanges 2021 ont pu être vinifiées.

La mise en bouteille a eu lieu en février dernier. Une première victoire !

3 millions de pertes estimées dont 2 pris charge par les assurances. Elles ont payé jusqu’au 16 août 2022, dernier jour de prise en charge.

Pour le million restant, les banques ont suivi Pierre. Au final, un gros crédit, la trésorerie plus quelques économies et une cagnotte web ont suffi à boucler le budget.

La cagnotte

80 000 euros récoltés grâce au soutien de 1100 donateurs. Pierre, très touché leur en est infiniment reconnaissant.

La solidarité dure encore aujourd’hui, dit-il « Il y a quelques jours une personne que je ne connais pas m’a appelé pour mettre à ma disposition une nacelle gratuitement pendant 3 jours. C’est de l’or », dit-il. « Ca me motive pour continuer. On ne peut pas revenir en arrière et ça aide vraiment à ne pas baisser les bras»

Un an après, le domaine de la Giscle est encore en pleine effervescence. L’espace modulaire abrite une grande partie de la production, du point de vente. Ce sera comme ça jusqu’en octobre. Pendant ce temps un tiers du bâtiment sera reconstruit.

La cave, les cuves, les pressoirs retrouveront leur place.

Du pareil au même

Pierre y tient. Tout sera refait à l’identique.

Les deux tiers du bâti restant à construire seront finis d'ici janvier 2023.

On y retrouvera la mise en bouteille, les barriques et le point de vente.

« Mon objectif, c’est de voir les clients revenir au printemps prochain et qu’ils se disent "mais il nous a menti !. Rien n’a brûlé! C’est exactement comme avant !" », plaisante Pierre.

La leçon

Pour Jenny, elle va peut-être y regarder de plus près question de contrats d’assurances.  

Pierre lui, mise beaucoup sur la sécurité et les moyens de protection. Il me précise que s’il avait été mieux équipé, il aurait sans doute pu retardé voire évité bon nombre de dégâts en attendant l’arrivée des secours.

Désormais, il sera autonome et prêt à réagir. Au programme de ses travaux, un système d’alerte, des portes coupe-feu ou encore un système d’arrosage.

Bien sûr il espère ne pas avoir à s’en servir de sitôt !

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