Huit hommes sont jugés par le tribunal correctionnel de Paris pour le vol et le recel de la porte du Bataclan où l'artiste Banksy a réalisé au pochoir une jeune fille en pleurs. L'entrepreneur varois Mehdi Meftah est, selon l'accusation, à l'origine de la "commande".
Au troisième jour d'audience devant le tribunal de Paris, la procureure a requis ce vendredi après-midi 4 et 3 ans de prison à l'encontre des trois hommes qui ont reconnu le vol en 2019 de la porte du Bataclan peinte par l'artiste Bansky.
Elle a également requis 6 ans de prison, dont 3 ans ferme, contre le Varois Medhi Meftah, personnage-clé de cette triste affaire.
Mehdi Meftah, le fondateur de la marque de T-shirts de luxe BL1.D, grand passionné de street-art, est installé depuis plusieurs années à La Seyne-sur-mer dans le Var. Considéré comme le commanditaire par l'accusation, il est poursuivi pour recel de vol aggravé.
Bansky, artiste de renommée internationale, avait peint une jeune fille en pleurs sur la porte latérale du Bataclan, par laquelle de nombreux rescapés avaient pris la fuite lors de l'attaque terroriste du 13 novembre 2015. L'oeuvre est depuis considérée comme un hommage aux 90 victimes décédées à l'intérieur.
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Découpée à la disqueuse dans la nuit du 25 janvier 2019, l'enquête a établi que la porte avait été acheminée le jour-même à La Seyne-sur-mer pour être présentée au domicile de Mehdi Meftah.
A la barre, le père de famille de 41 ans affirme avoir "commis une erreur" et "regretter d'avoir participé à tout ça."
"J'ai été mis devant le fait accompli"
A la barre, le père de famille de 41 ans affirme avoir "commis une erreur" et "regretter d'avoir participé à tout ça."
Il raconte ce jour où un de ses amis lui présente l'œuvre. Il affirme s'être alors exclamé : "qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ?" Et il poursuit : "je fais quoi ? J'appelle la police ? Jo, c'est mon ami, à la mort je vais avec lui".
L'un de ceux qui ont reconnu le vol affirme pourtant qu'on lui avait parlé d'une "commande" de Mehdi Meftah.
Ce qu'ils ont fantasmé sur moi ou ce qu'ils se sont monté comme film, c'est pas à moi qu'il faut poser la question.
Mehdi Meftah
Le Varois, en veste bleue et pantalon beige, raconte encore : "quarante-huit heures après, je me rends compte de ma connerie. Je la prends, je la mets dans mon camion, je la fais partir. J'éloigne le problème".
Les enquêteurs avaient reconstitué le trajet de Mehdi Meftah jusqu'en Italie, dans les Abbruzes, où la porte est alors confiée à un hôtelier de ses connaissances. C'est dans une ferme isolée appartenant à ce dernier, à Sant’Omero, que l'œuvre a été saisie par les carabiniers le 10 juin 2020.
Grand amateur de street-art, Mehdi Meftah a un temps possédé une sérigraphie de Banksy, souligne la présidente du tribunal. L'intéressé explique qu'après avoir gagné 5,5 millions d'euros au loto, "je vois qu'il a la cote, son message est intéressant. J'ai les moyens, je peux me payer un Banksy".
L'œuvre au pochoir sur la porte du Bataclan a quant à elle été évaluée entre 500 000 et 1 million d'euros par la directrice de la salle de spectacle.
Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il ne s'agissait pas de profaner, mais de faire un profit en ayant conscience de la valeur inestimable de cette porte.
Réquisitoire de la Procureure de la République
Contre les huit prévenus, le tribunal correctionnel rendra sa décision le 23 juin.
