Ce lundi 20 juin, un obus a explosé en lisière de l'incendie qui a parcouru quelque 1800 hectares depuis qu'il s'est déclaré sur le camp militaire de Canjuers dans le Var. Le SDIS 83 indique que 29 personnes sont impliquées, un pompier a été touché par une pierre projetée par l'explosion. Le feu a été fixé ce mardi.
L'incendie du camp militaire de Canjuers se poursuit, et les premiers blessés parmi les soldats du feu ont été signalés hier, lundi 20 juin.
"À 22h30, l'explosion d'un obus s'est produite en lisière de l'incendie" a fait savoir le SDIS 83.
Ce mardi, interrogé au micro de France 3 Côte d'Azur, le Colonel Frédéric Gosse directeur départemental adjoint du SDIS 83 nous a précisé :
"nous avions des personnels qui étaient engagés sur un secteur, en train de traiter ce que l'on appelle les lisières, c'est à dire la zone entre le brûlé et le non-brûlé. C'est une zone peu active, et un obus a malheureusement explosé. Il faut savoir que nos personnels étaient engagés très loin de la zone dite interdite, la zone rouge, qui est le réceptacle de tirs dans lequel on n'a absolument pas le droit de pénétrer.
"On était à plus de 500 mètres de cette zone rouge. 29 de nos personnels ont été vus par un médecin parce qu'ils ont subi des acouphènes compte tenu de la violence de l'explosion. Un personnel a reçu une petite pierre dans le bras, qui ne l'a absolument pas blessé, et on a retrouvé un impact sur le pare-brise d'un de nos engins".
Ce mercredi, le SDIS du Var précise que le "feu sera déclaré éteint quand plus aucune fumerole ne sera observée."
29 personnes impliquées
Le service départemental d'incendie et de secours a expliqué, ce matin à 8 heures, que "29 sapeurs-pompiers ont été impliqués" par cette explosion.
"Aucune blessure sérieuse n'est à déplorer" se réjouit l'organe de commandement des sapeurs-pompiers varois, mais un soldat du feu "a été légèrement touché par un éclat d'obus après que ce dernier ait traversé le pare-brise de son camion."
Le message du SDIS 83 explique que "18 sapeurs-pompiers [...] des Alpes-de-Haute-Provence ont été choqués et souffrent plus ou moins de troubles auditifs. Tout comme 9 autres sapeurs-pompiers du Var et un militaire de la Sécurité civile, conducteur du Bull."
Le feu est en cours depuis ce 18 juin, et 1000 hectares ont déjà été parcourus.
Après trois jours, les moyens engagés sont encore importants. De nombreuses reprises de feu ont été observées ce lundi 20 juin, dans l'après-midi.
Des soldats du feu sur place ont diffusé quelques images de cette intervention :
Choqués et sujets aux acouphènes
Les personnels touchés par l'explosion ont été choqués et souffrent d'acouphènes. Ils ont été auscultés par un médecin du service de santé du SDIS du Var et laissés au repos cette nuit.
L'accident s'est produit sur le flanc droit du feu, en zone verte, à plus de 500 mètres de la zone rouge polluée par les munitions issues des tirs d'artillerie. C'est notamment l'un des secteurs ayant connu une reprise de feu en début d'après-midi ce lundi 20 juin.
Par mesure de précaution, et pour préserver la santé des sapeurs-pompiers, priorité du commandement, l'ordre de repli en dehors de ce secteur a été prononcé.
Les opérations de lutte de poursuivent mais avec une distance plus grande.
De nouveaux moyens engagés ce mardi, le feu fixé
Dès le matin de ce mardi 21 juin, les pompiers ont déployés des tuyaux de grande longueur grâce à des pistes d'accès élaborées par des techniques de forestage.
Du nouveau matériel ainsi que des réserves en eau ont été envoyés sur place par moyen aérien. Un hélicoptère bombardier d'eau du SDIS 83 a effectué une trentaine de largages afin de traiter les différentes reprises de feu apparus ce mardi.
Ce sont 290 sapeurs-pompiers qui sont sur place ce mardi, bénéficiant de renforts des SDIS des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-de-Haute-Provence.
L'unité de l’Armée de Terre appartenant à l’arme du génie, l’U.I.I.S.C.7, a également été mobilisée, tout comme les Marins Pompiers de Marseille et les soldats du feu du camp de Canjuers. L'ensemble de ces unités dépendent du ministère de la Défense.
Un important dispositif en place
Lundi soir, plus de 320 sapeurs-pompiers civils et militaires se relayaient encore sur place, pour faire face au feu qui sévissait dans ce "désert végétal" d'herbe et de broussailles, selon les mots du capitaine Olivier Pécot du SDIS du Var. Des soldats du feu sont aussi présents au sein des troupes du camp.
Revoyez ce reportage réalisé en mai dernier :
Les secours ont mobilisé d'importants moyens aériens, deux Dash et quatre Canadair, pour larguer des barrières de retardant sur les crêtes, et ce jusqu'à la tombée de la nuit, "afin que le feu reste dans les limites du camp militaire", selon M. Pécot. L'incendie a débuté samedi vers 9 heures dans une zone "polluée", c'est-à-dire où il y a des obus et des explosifs non explosés, ce qui a retardé l'intervention des pompiers pour des raisons de sécurité. Il a en effet fallu attendre que les flammes sortent de ce périmètre de tir pour pouvoir intervenir, les moyens aériens ont été fortement engagés ces derniers jours pour tenter d'endiguer la propagation des flammes.
Lundi, le parquet de Marseille a confirmé à l'AFP l'ouverture d'une enquête "du chef de destruction involontaire par incendie", suivie par le parquet militaire. Une grande partie de l'incendie reste très difficile d'accès et des soldats du feu sont déposés par hélicoptère.
L'après-midi, avec le soleil et le vent qui se réactive, le feu reprend dans les endroits où il n'y a pas de pompiers au sol.
Capitaine Olivier PécotSDIS 83
Un camp isolé
Isolé, le complexe militaire de Canjuers se situe à des dizaines de kilomètres des habitations, ce qui fait qu'il n'y a, selon M. Pécot, "aucun enjeu en termes d'activités humaines".
Depuis 1971, et l’installation de ce camp de l’Armée de Terre, le plus grand en Europe continentale, permet d’entrainer les unités d’artillerie au tir. C’est un site de test également pour l’armée, qui s’entraine notamment avec des équipements tels que le désormais célèbre canon automoteur Caesar, déployé en Ukraine contre l’invasion russe.
Ce plateau calcaire culmine à 900 mètres d’altitude et se trouve loin de toute habitation civile.
Le camp peut accueillir jusqu'à 10 000 personnes. C'est un des plus grands réservoirs de biodiversité du Var. Depuis 2010, une zone y est classée Natura 2000. Sur ses 280 hectares, on y trouve notamment une espèce protégée et très menacée, la vipère d'Orsini. C'est le seul site dans ce département où elle est présente. Elle est aussi observée vers Gréolières dans les Alpes-Maritimes.
Une convention pastorale permet aussi à une trentaines d'éleveurs de déployer leurs bêtes sur la zone. Samedi, lors du départ de feu, 2 500 moutons présents ont été mis en sécurité par les pompiers.
Par précaution, les gendarmes bloquent toutefois la route à proximité du camp, un axe touristique qui mène aux gorges du Verdon.
-Avec AFP