Le premier jour de procès d'Hubert Falco jugé pour recel de détournement d'argent public, n'a failli pas avoir lieu. Les avocats de la défense ont demandé un renvoi. Finalement, Marc Giraud, lui aussi jugé dans ce procès a été entendu par le tribunal.
Mardi 11 avril, s'est tenu le premier jour d'audience du procès d'Hubert Falco, le maire de Toulon et ancien président du conseil général du Var de 1994 à 2002. L'homme de 75 ans est accusé de détournement de fonds publics. Il aurait utilisé de l'argent public pour ses repas et faire laver ses vêtements pendant plusieurs années après son départ.
Marc Giraud, 71 ans et président du département de 2015 à 2022, est accusé d'avoir permis la prise en charge de ces prestations. Il est, lui aussi, jugé dans cette affaire pour détournement. L'homme a dû céder son siège de président du département en 2022, car il a été condamné pour détournement de fonds publics dans une affaire d'emploi fictif.
Dans la matinée, les avocats de la défense ont plaidé l'annulation de l'enquête, car selon eux, elle n'aurait pas respecté les droits de la défense.
"On a le temps, l'affaire n'est pas si vieille que ça, justifie Thierry Fradet, avocat d'Hubert Falco au micro de France 3 Provence-Alpes. Ce n'est pas pour échapper aux poursuites."
La demande de renvoi d'audience n'a pas été reçue.
"Un bol de riz et une tranche de jambon"
Pour plaider sa défense, le maire de Toulon a assuré qu'il ne savait pas que manger des repas offerts par la collectivité était illégal. Marc Giraud va dans son sens : il ne conteste pas les repas pris par M. Falco le midi à la cafétéria du conseil départemental, "au vu et au su de tout le monde". "Un bol de riz, une tranche de jambon et un verre d'eau, ce n'est pas un épicurien", souligne-t-il, rappelant que les élus déjeunent gratuitement dans leur collectivité.
Au total, le coût des repas privés servis à M. Falco et son épouse, sur le budget du département, se serait monté au moins à 64.500 euros sur la période visée, entre 2015 et 2018, selon les enquêteurs.
Marc Giraud se présente comme "un ami de 30 ans" du maire Toulon. Il assure qu'il n'aurait pas pu imaginer que c'était illégal de le voir à la cafétéria.
"Quel détournement j'ai fait ?", demande Marc Giraud. "J'étais au courant de rien". Ainsi, il n'aurait jamais été informé des bruits circulant sur un frigo dédié aux dîners et repas des week-ends pour Hubert Falco, pas plus que de la prise en charge sur le compte d'un marché public des frais de pressing du maire de Toulon.
Mais la présidente du tribunal, Céline Ballerini, a confronté l'ex-élu à plusieurs mails échangés par ses directeurs de service sur la prise en charge des frais de bouche du maire de Toulon. Le directeur adjoint de la direction des événements avait écrit : "Tout le monde était au courant dans ma hiérarchie". Ce responsable avait confirmé la prise en charge par la collectivité des frais de pressing de l'élu et de ses repas du midi, du soir, des week-ends et des jours fériés, assurant n'avoir pas signalé les faits par "peur des représailles".
Tous "des menteurs", a répliqué Marc Giraud, qui a martelé n'être "au courant de rien" : "Ils ne sont jamais venus frapper à ma porte. Silence radio !"
Hubert Falco sera entendu ce mercredi 12 avril par le tribunal correctionnel de Marseille. Sa prise de parole sera suivi de la vingtaine d'audition de témoins de la défense, prévues par les avocats de Hubert Falco et Marc Giraud.
"J'attends de la justice qu'elle soit juste, que la vérité soit véritable", a déclaré Hubert Falco devant le tribunal au micro de France 3.
Le procès doit s'achever ce vendredi 14 avril. Les deux hommes encourent 10 ans de prison et 1 million d'euros d'amende.
-avec AFP