Baisse de la TVA pour les centres équestres : "cela va nous permettre de sortir la tête de l'eau"

Annoncée par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire il y a une semaine, la baisse de la TVA à 5,5% pour les centres équestres et les poneys clubs est perçue comme une aide salvatrice après deux ans d'inflation durement subie par les professionnels du secteur.

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Au galop l'inflation. Depuis des mois, la hausse des prix de l'énergie et des matières premières a eu un effet délétère sur certains secteurs de loisirs. En première ligne, la cavalerie, qui a essuyé des salves d'augmentations des prix parmi lesquelles celles du grain, du foin, de l'énergie ou encore des frais vétérinaires.

Pour permettre au monde équestre de sauter l'obstacle, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a annoncé jeudi 26 octobre un changement de taux de TVA à compter du 1er janvier 2024.

Les centres équestres et les poneys clubs vont pouvoir en bénéficier. Une aubaine pour un secteur qui hennit de bonheur.

La faute à l'Europe

Parmi les deux millions de Français qui pratiquent l'équitation, les Varois sont bien représentés. Pierre Breu, le président du Comité départemental de la Fédération, dénombre 170 clubs affiliés, sans compter les écuries privées. Au total, en 2023, ce sont 9.000 cavaliers licenciés à jour de cotisation. En 2022, ils étaient même encore plus nombreux : quelque 10.000 personnes, après "l'effet Covid" qui avait poussé une hausse des inscriptions pour certains loisirs et sports de plein air.

Ces discussions avec le ministère pour rétablir une TVA inférieure ne sont pas nouvelles. C'est "la FFE qui les a engagées", explique Pierre Breu.

Longtemps soumises à une imposition réduite, les recettes générées par les activités des centres équestres ont connu un relèvement de leur taux en 2013. La faute à la Cour de Justice de l’Union européenne qui, en 2012, a remis en cause le taux réduit alors applicable à la filière en France.

Depuis cette date, l’enseignement de l’équitation était imposé à un taux de TVA de 20%. Bruno Le Maire s'est félicité qu'une révision de cette directive permette de remettre une TVA à 5,5%.

"On l’attend depuis longtemps !"

Pour les professionnels, il était temps. La hausse galopante des prix, qui a débuté avec la guerre en Ukraine, a généré une inflation à deux chiffres.

Laurent Palési, dont les écuries se trouvent à Carnoules, exerce ses talents depuis 1996. Une telle période inflationniste, il n'en avait jamais connu. Il a constaté une augmentation du prix des aliments de l'ordre de 40% en un an. Cette baisse de la TVA, il l'attend avec impatience. "Cela va nous permettre de sortir un peu la tête hors de l'eau, se réjouit-il. Depuis quelques mois, tout a augmenté, on subit l'inflation de plein fouet."

Au-delà du massif des Maures, c'est le même constat. À La Crau, Jean-François Enault et sa fille tiennent les rênes du Domaine des Lords. Et, depuis quelques mois, ils sont bien loin de la vie de château.

À l'évocation de cette baisse annoncée par le ministre, il s'exclame qu'elle est "grandement appréciable", avant de détailler la litanie de hausse de frais qu'il a constatée. "La nourriture a quasiment doublé, le foin aussi. Le grain ? Pareil. Les fabricants de nourriture pour chevaux ont peut-être dû augmenter leurs prix à cause du transport, mais je pense qu'ils ont surtout augmenté leurs prix car ils voient que tout augmente".

Jean-François n'oublie pas de citer la hausse des prix de l'eau, de l'énergie, du comptable, des assurances... Pour résumer : "Tout a pris environ 35% !"

Pour l’instant, on a fait une croix sur nos salaires.

Jean-François Enault

Il ne souhaite surtout pas rogner sur la qualité de l'accueil qu'il prodigue à ses clients et pensionnaires. Ici, le box est à environ 500 euros. Il en a 16 et affiche un taux d'occupation "de 100 à 110%". Il a bien envisagé d'augmenter un peu ses tarifs. "Quand j’ai dit qu’on allait monter les pensions de 3%, soit environ 15 euros par mois, 30% de mes clients sont partis", regrette-t-il.

Ses marges sont devenues inexistantes, sa fille et lui ne se rémunèrent d'ailleurs plus. Elle a même dû aller travailler des heures supplémentaires dans un autre centre équestre pour trouver un complément de revenus.

Plus de cours en dessous de 20 euros

Ailleurs, dans un autre poney club varois, une jeune responsable qui souhaite rester anonyme regrette que cette hausse des coûts, qui touche aussi bien "la nourriture pour les chevaux que l'essence pour les engins agricoles ou les litières", soit irrémédiablement impactée sur les clients.

"Lorsque j'ai commencé l'équitation il y a quelques années, le cours était à 11 euros", explique-t-elle tout en conseillant ses élèves du jour. "Aujourd'hui, il n'y a plus d'heure de cours en dessous de 20 euros !"

Les pistes à explorer pour faire de l'équitation un loisir plus abordable sont nombreuses. Certains évoquent de nouveaux chèques énergie, d'autres invoquent la fin de la guerre entre l'Ukraine et la Russie.

Une autre professionnelle confie en vouloir à la "Fédération [qui] ne fait pas grand-chose pour le monde équestre." "Elle fait des campagnes publicitaires", conclut-elle, avec des spots télévisés qui mettent à l'image une célébrité du petit écran.

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