Le sporting Toulon, le phénix increvable et son mécène

Désossé par trois faillites en 25 ans, le Sporting Toulon est toujours vivant, toujours aimé, dans une ville de rugby et de football, et repart au combat depuis le monde amateur, porté par un Bernard Tapie de National 2.

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"Je suis un peu Margarita, mais plus présent qu'elle, parce que c'est ma passion", plaisante Claude Joye, l'actionnaire majoritaire (à 80%) qui a sauvé le club de la ruine et rêve de le ramener en Ligue 1.

S'il est moins riche que Mme Louis-Dreyfus, ex-propriétaire de l'Olympique de Marseille, le patron du groupe Joye, spécialisé dans l'expertise comptable, basé à Lyon, ne ménage en effet pas sa peine pour remonter son Sporting.

"J'ai repris le club en 2011 après la troisième catastrophe financière du Sporting, qui en a connu une tous les dix ans", raconte à l'AFP cet homme qui ressemble un peu au Tapie des années "Nanard": brushing, chemise de marque et mâchoire puissante. Toulon a été rétrogradé financièrement en D2 en 1993, à la suite de l'affaire de la caisse noire, puis a connu la faillite en 1998 et encore en 2011.


Le gros budget de N2: 2 millions d'euros


Pour revenir tout en haut, Joye fait tout comme les grands autour des matches de son équipe: il est dans le vestiaire avant le match pour ponctuer la causerie de l'entraîneur, William Prunier, et organise une réception pour les partenaires dans un salon VIP, assiettes de cacahuètes et bouteille de Coca. Il se fend d'un
petit discours pour remettre le trophée de joueur du mois voté par les internautes.

Le SCT doit retrouver au minimum la L2. "Toulon est la 9e agglomération de France, les vingt premières sont toutes pros", dit-il en rappelant que "l'histoire du Sporting c'est 32 saisons de L2 et 12 de L1 en 70 ans".

"l'histoire du Sporting c'est 32 saisons de L2 et 12 de L1 en 70 ans", rappelle Claude Joye, actionnaire majoritaire du club.


Président du modeste Feurs, en District (Loire), il rêvait de s'offrir un "vrai" club. "Il n'y avait que deux clubs intéressants en France, les Diables Rouges de Rouen et le Sporting Toulon, deux clubs pas à leur place, et moi je préférais le Sporting, car petit j'allais le voir jouer pendant mes vacances dans le Var.
C'est toujours comme ça, on est supporter du club qu'on a vu avec son père
", se souvient-il. Joye est un fou de foot, il s'est offert toutes les finales de Coupe du monde depuis 1994, au stade, et fut président du Club des 100, salon VIP de l'Olympique Lyonnais.

Après avoir restructuré le club ("pas question de retomber pour raisons financières", martèle-t-il), Joye a lancé le deuxième étage de sa fusée jaune et bleue. Son "OM champion project" s'appelle "Marche en avant": la L2 en 5 ans. Il a mis les moyens, cette saison, le SCT est le gros budget de la Poule A du N2 (4e niveau): "un peu en-dessous de 2 M EUR", explique-t-il.

"Ils attendent la montée"


Il s'appuie sur huit contrats fédéraux, quelques ex-pros, comme l'ancien gardien de Montpellier Jody Viviani, et sur son vivier des U19 Nationaux, comme l'attaquant Morgan Guilavogui, frère de l'international Josuha.

Toulon peut aussi toujours compter sur ses supporters, qui animent le vétuste Bon-rencontre, mais il y avait moins d'un millier de spectateurs contre Sète, samedi, pour une victoire (1-0) qui ramène le club à trois points de la première place et du N1 (3e niveau).

"Ils attendent la montée, ils sont frustrés, explique Joye, mais même en Division d'Honneur, on se déplaçait avec 100 supporters, ils n'ont jamais lâché". Il n'y a donc pas que le RCT et Mayol pour faire vibrer les Toulonnais. "Il y a Toulon Est et Toulon Ouest, d'un côté on joue au rugby de l'autre au football", précise Joye.


"Il y a Toulon Est et Toulon Ouest, d'un côté on joue au rugby de l'autre au football", précise Joye.


Et pour l'instant le RCT triple champion d'Europe de rugby est "tellement haut... Quand on va voir des partenaires, ils trouvent qu'on n'est pas cher. Le problème se posera quand on sera en L2 ou en L1", conclut Joye, une étincelle dans les yeux quand il dit "L1".
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