En septembre 2023, la fourmi de feu était découverte officiellement pour la première en Europe, en Italie. En 2022, c'est la fourmi électrique qui avait été repérée à Toulon dans le Var. Ces deux espèces pourtant si différentes sont très souvent confondues. On vous explique la différence entre les deux.
Comment distinguer la Solenopsis invicta, fourmi de feu et la Wasmannia auropunctata, la fourmi électrique ? Les Anglosaxons renomment la dernière en "petite fourmi de feu" ce qui expliquerait la confusion entre les deux.
L'an dernier, la fourmi de feu fait beaucoup parler d'elle et pour cause, elle a été officiellement aperçue pour la première fois en Europe. 88 nids de cet insecte ont été découverts en Sicile.
Sa congénère électrique a, elle, été repérée pour la première fois en France, à Toulon (Var), en 2022.
#Fourmi | ⚠ La fourmi électrique, une espèce envahissante, vient d'être découverte à #Toulon.
— Préfet du Var (@Prefet83) October 22, 2022
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On vous explique leurs points communs et leurs différences pour ne plus les confondre.
Des espèces exotiques envahissantes
Toutes deux font partie des espèces exotiques envahissantes. La fourmi électrique a même été inscrite sur la liste des espèces préoccupantes pour l'Union européenne. Leurs provenances géographiques n'ont pas encore été arrêtées : États-Unis, Amérique-Latine, Espagne, Chypre ou encore Israël... Des expertises génétiques tentent toujours de déterminer leurs origines. Elles sont probablement toutes deux arrivées par le biais de plantes mises en pots.
Ces deux-là ont en commun de chambouler les endroits par lesquels elles passent... "Elles impactent l'environnement, la biodiversité, l'agriculture et elles engendrent des coûts conséquents", explique Olivier Blight, enseignant chercheur à l'université d'Avignon, et chercheur à l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Écologie Marine et Continentale.
La fourmi de feu (Solenopsis invicta), l’une des espèces les plus invasives au monde, a pris ses marques en Europe. C’est ce que révèle une équipe de scientifiques dans une étude publiée le 11 septembre dans la revue Current Biology.
— Reporterre | Le média de l'écologie (@Reporterre) September 13, 2023
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Ces deux fourmis ont une grande capacité " de colonisation de l'espace, car elles ont plusieurs reines par nids et produisent énormément d'ouvrières. Elles deviennent rapidement dominantes et elles sont agressives. Elles monopolisent les ressources et attaquent les fourmis locales", explique Olivier Blight.
Au-delà de s'en prendre à leurs cousines inoffensives et locales, elles affectent toute la chaîne alimentaire en collectant de nombreuses ressources, mais aussi en tuant. Toutes deux ont des poisons puissants et elles n'hésitent pas à piquer leurs proies. " On observe une baisse des arthropodes quand elles sont quelque part, ce qui entraîne plus tard une baisse des vertébrés qui s'en nourrissent, comme les lézards ou les oiseaux", ajoute l'enseignant-chercheur. À terme, les plus gros animaux quittent aussi ces zones infestées de fourmis, car constamment piqués par ces dernières.
Les alliées des pucerons et des cochenilles
Ces deux espèces de fourmis sont aussi des grandes alliées des pucerons et des cochenilles qui détruisent les cultures en se nourrissant de la sève de ces dernières. Entre ses insectes une relation de "donnant-donnant" se met en place. Les fourmis se nourrissent d'une matière sucrée que rejettent cochenilles et pucerons. "En contrepartie, les fourmis les protègent contre leurs prédateurs, elles sont dans une optique : je m'occupe de toi parce que tu contribues à me nourrir", atteste Olivier Blight.
Les fourmis vont aussi directement compliquer le travail des personnes qui travaillent dans les champs en les piquant, elles sont l'équivalent du contact de la peau avec une ortie. Ces piqûres laissent sur la peau d'importants petits boutons rouges et sont plus conséquentes pour les fourmis de feu.
Elles peuvent être mortelles, à grande dose, pour les personnes qui y sont allergiques.
Une étude sortie l'année dernière a estimé le coût des fourmis envahissantes depuis 1930 et il s'élève à 51 milliards de dollars. Un chiffre qui comprend à la fois les impacts directs et ceux liés à l'éradication. L'enseignant-chercheur précise : " sur ses 51 milliards de dollars, 80% de la somme est imputée à ces deux fourmis".
Une taille et une dispersion différente
Ces deux fourmis, qui causent sensiblement les mêmes problématiques, sont pourtant physiquement assez différentes. La fourmi de feu est plus grande, elle peut faire de 2 à 5 mm et sa couleur tire sur le rouge brun tandis que sa fausse jumelle est plutôt jaunâtre et n'excède pas les 2 mm.
La fourmi de feu se disperse aussi beaucoup plus facilement et efficacement et c'est bien là tout le problème... "Elle est capable d'effectuer de longs vols nuptiaux de plusieurs kilomètres pour se reproduire, sa progression est beaucoup plus rapide par rapport à la fourmi électrique, beaucoup moins mobile, qui se reproduit dans son nid", complète l'enseignant-chercheur.
La différence se cache dans les détails... Les fourmilières ne sont pas identiques non plus. La fourmi électrique niche dans des endroits cachés, arbres, haies, sans véritablement construire de nids.
Tandis que sa congénère niche sous terre en formant de grands monticules.
En cas de doute, il est important de signaler ces deux fourmis pour éviter qu'elles ne prolifèrent. Si certains pays savent comment les éradiquer ce n'est pas encore tout à fait le cas de la France, une expérimentation et une recherche de fonds sont toujours en cours pour éliminer les fourmis électriques qui se trouvent dans le Var, à Toulon.
Première publication en septembre 2023