Un chercheur a identifié cette espèce envahissante surnommée ainsi en raison de sa piqûre douloureuse. Dans les régions qu'elle a envahies en Australie et en Nouvelle-Calédonie, son éradication coûte très cher aux autorités.
Elle mesure seulement 1,5 millimètre, mais représente une menace pour la biodiversité. Cette petite fourmi de couleur orangée a été détectée pour la première fois en France, par un chercheur français.
C'est à Toulon (Var), que Wasmannia auropunctata, "fourmi électrique" ou "petite fourmi de feu", originaire d'Amérique du Sud, a été repérée dans une résidence fermée de bord de mer. C'est l'une des trois fourmis les plus envahissantes du monde.
La préfecture du Var a même demandé à la population de lui signaler toute présence d'insecte afin de lutter contre sa prolifération.
"Une super-colonie"
Jusqu'à présent, cette espèce originaire d'Amérique du Sud n'avait été observée qu'une fois en Europe, dans la région de Malaga en Espagne.
Quand Olivier Blight, chercheur à l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie à l'Université d'Avignon (Vaucluse) l'a formellement identifiée à Toulon, "on avait déjà affaire à une super-colonie, donc on pense qu'elle est là depuis plus d'un an".
Probablement introduite "lors d'un transport de plantes", la fourmi a déjà été observée jusqu'à 100 mètres de la résidence.
Wasmannia auropunctata est extrêmement envahissante, même si elle se déplace lentement, car elle cumule "un système de reproduction classique sexuée et une production de reines et de mâles par clonage", explique Olivier Blight.
Chocs anaphylactiques et cécité
"Sa force, c'est son nombre", insiste le chercheur, qui a fait placer l'espèce sur la liste des espèces préoccupantes pour l'Union européenne.
Sa piqûre provoque "une sensation d'ortie, en plus fort et plus long, puisque ça dure 2-3 heures" et, avec cette arme redoutable, la fourmi électrique peut anéantir des insectes, provoquer la cécité d'autres animaux, et les faire fuir durablement.
En Nouvelle-Calédonie, "dans les forêts qu'elle a envahies, on n'entend plus aucun son d'insecte". En Polynésie française, les autorités ont traité les zones forestières infectées par drone et interviennent une fois par mois au sol.
Chez l'homme, outre des piqûres douloureuses, la fourmi électrique peut provoquer des chocs anaphylactiques chez les personnes allergiques.
Plan d'éradication coûteux
Dans les régions qu'elle a envahies, remarque Olivier Blight, "son éradication a des coûts énormes". Ainsi, dans le Queensland (Australie) qu'elle a colonisé depuis 2006, 30 millions de dollars ont déjà été dédiés à la lutte contre cette fourmi.
Après avoir déclaré sa présence aux autorités début septembre, le chercheur souhaite "communiquer au maximum pour sensibiliser le grand public", notamment pour accéder aux résidences voisines du premier foyer détecté.
"On doit faire très rapidement une délimitation précise de la zone d'invasion pour élaborer un plan d'éradication", plaide Olivier Blight, comparant la stratégie à celle mise en place par les autorités en présence de moustiques-tigre.
(Avec AFP)