Emmanuel Macron passe le week-end de l'Ascension au fort de Brégançon dans le Var, la résidence d'été des présidents de la République

Le président de la République s'est installé ce 25 mai au fort de Brégançon pour y passer le week-end de l'Ascension. Il doit s'y entretenir, par téléphone, dans la matinée, avec le président turc Erdogan. Ce lieu de villégiature et de travail a connu tous les présidents de la Ve République.

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C'est un site verdoyant posé à même les flots, sur le territoire de la commune de Bormes-les-Mimosas, qui accueille ponctuellement les présidents de la République.

Emmanuel Macron est arrivé sur place ce mercredi 25 mai d'après les informations de nos confrères de Var-Matin et de l'AFP. 

Ce château du XVIIe siècle perché sur un piton rocheux relié à la côte par une jetée artificielle, doté d'un héliport et d'une petite plage privée, domine une superbe mer turquoise.

L'OTAN et Erdogan

Pour sa première journée au sein de cette ancienne forteresse royale, le président Macron a prévu de s'entretenir, par téléphone, ce jeudi de l'Ascension en fin de matinée, avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan.

Cet appel concerne l'entrée de la Finlande et la Suède dans le giron de l'alliance nord-atlantique, l'OTAN. Le président turc y est fermement opposé. Celui-ci menace de mettre son veto quant à une éventuelle adhésion de ces deux pays scandinaves. Une conséquence directe de la guerre menée par la Russie sur le sol ukrainien.

Ankara a prévenu mercredi qu'elle ne donnerait pas son accord sans avoir obtenu des "mesures concrètes" de leur part concernant ses préoccupations sécuritaires, après avoir reçu les délégations de diplomates de ces deux pays.

La Turquie accuse les pays nordiques, en particulier la Suède qui compte une large communauté d'exilés turcs, d'abriter des militants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, qu'elle considère comme une organisation terroriste.

Elle dénonce aussi la présence de partisans du prédicateur Fethullah Gülen, qu'elle soupçonne d'avoir orchestré la tentative de coup d'Etat de juillet 2016.

Ankara demande aujourd'hui aux deux pays de "faire des pas concrets" concernant "la présence au niveau organisationnel, financier et médiatique des organisations terroristes", a expliqué le porte-parole de la présidence turque et proche du président Erdogan. 

Brégançon, résidence secondaire ?

Le fort varois est bien une résidence d'été où les présidents ont l'habitude de venir profiter de la Côte d'Azur, quelques jours dans l'année.

C'est pourtant un lieu de villégiature de premier plan pour les chefs de l'Etat successifs, du général De Gaulle jusqu'à Emmanuel Macron. Tous y ont écrit une partie de leur histoire sur ces bords de la Méditerranée. 

Venu présider les cérémonies du 20e anniversaire du débarquement allié en Provence, le général de Gaulle est le premier chef de l'Etat à y passer la nuit, le 25 août 1964, mais ce n'est que 4 ans plus tard que le fort de Brégançon est affecté définitivement au ministère des Affaires culturelles pour servir de résidence officielle.

Pierre-Jean Guth, architecte de la Marine nationale, transforma l'édifice militaire en une résidence agréable tout en respectant l'héritage architectural de la forteresse, qui reste assez austère.

Dans les années 1960, c'est un autre président qui découvre l'endroit. Georges Pompidou et son épouse y séjournent à plusieurs reprises, et son successeur Valéry Giscard d'Estaing déroule quant à lui chaque année le même programme : Brégançon, c'est une semaine pendant l'été, deux jours à la Pentecôte et un week-end l'hiver.

C'est bien au fort de Brégançon que se sont écrites certaines pages de la politique française. Au cours de l'un de ses passages, le président Mitterrand, élu en 1981, scelle sa rupture avec Jacques Chirac, alors Premier ministre

Le président socialiste, lui, ne se rendra que très rarement à Brégançon, mais il y reçoit le chancelier allemand Helmut Kohl en 1985 et y passe le week-end pascal 10 ans plus tard, quelques jours avant l'élection présidentielle.

Il y reçoit alors quelques journalistes, et cherche à couper court aux rumeurs alarmistes sur son état de santé, tout en assurant que "naturellement", il voterait pour Lionel Jospin - finalement battu par Jacques Chirac.

Jacques Chirac a confié s'y "emmerder"

Contrairement à son prédécesseur, et même s'il a confié s'y "emmerder", Jacques Chirac contribue grandement à la légende du lieu, en y faisant de nombreux séjours, en assistant à la messe à Bormes-les-Mimosas... et à la faveur d'une photo de lui dans le plus simple appareil, jumelles autour du cou, sur un balcon du Fort.

Réalisée par un des paparazzis navigant au large de la bâtisse à chaque séjour présidentiel, elle n'avait finalement jamais été publiée dans la presse nationale.

Brégançon était aussi un écrin idéal pour recevoir les "amis de la France" pour des discussions plus informelles. Le président algérien est par exemple venu à Bormes-les-Mimosas en 2004.

Brégançon délaissé par Nicolas Sarkozy

A peine élu, Nicolas Sarkozy s'était pour sa part rendu au fort dès le 18 mai 2007 avec son ex-épouse Cécilia. Il y avait préparé les premiers textes de loi de son quinquennat mais n'y était revenu que fin août 2010, pour une réunion de pré-rentrée, préférant souvent passer ses vacances à quelques kilomètres, au Cap-Nègre, dans la villa de la famille de sa troisième épouse, Carla Bruni. Il y a toutefois passé quelques moments en compagnie de sa compagne chanteuse, comme en août 2011.

Le président élu en 2007 a passé quelques moments sportifs sur ce littoral varois, notamment pour ses balades en vélo.

François Hollande, enfin, y avait passé ses premières vacances présidentielles à l'été 2012, mais avait eu la fâcheuse surprise d'être photographié en maillot de bain avec sa compagne Valérie Trierweiler par des paparazzis, et n'y était jamais retourné. Les photos avaient valu un procès au magazine VSD qui les avait publiées.

En 2014, le président socialiste rend même le fort accessible au public, en été, et uniquement sur réservation. Les visiteurs n'y découvrent ni piscine, ni court de tennis, mais une bâtisse assez simple aux étroites fenêtres, décorée de meubles années 70 mais carrelée de tomettes à la provençale.

C'est bien le président Macron, élu en 2017, qui fera évoluer les lieux. Désireux d'y voir installer une piscine, il en commande une, non sans déclencher une polémique dans les médias en 2018. Ce bassin trône depuis dans le jardin, avec des dimensions de 10 mètres par 4. Le coût d'environ 35.000 euros déboursé  pour sa réalisation aura fait couler beaucoup d'encre. L'Elysée avait alors avancé des raisons de sécurité pour éviter que le chef de l'Etat doive se rendre à la plage pour prendre une baignade. 

-Avec AFP

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