Déjà déclaré coupable en mai par la Cour d'appel de Paris, TUV, le certificateur allemand des prothèses mammaires PIP défectueuses a été condamné jeudi en France à indemniser 1.600 nouvelles plaignantes de 23 nationalités, pour un total d'au moins huit millions d'euros.
Ces plaignantes réclamaient 6.000 euros en provision du préjudice subi devant le tribunal de commerce. Elles ont obtenu 5.000 euros. C'est beaucoup plus donc que les 3.000 euros de provisions attribués aux premières victimes.
TÜV est "pleinement responsable sans limitation ni restriction et doit rapidement indemniser toutes les victimes sans exception", a réagi Me Olivier Aumaître, l'avocat de Pipa.
Le certificateur va faire appel
Le certificateur devrait faire appel. Dans un communiqué, il conteste "fermement ce jugement en ce qu'il a retenu une responsabilité de l'organisme notifié".
Plus de 10 ans après la découverte de la fraude au sein du fabricant varois de prothèses mammaires fondé par Jean-Claude Mas, dont le décès en 2019 a mis fin aux poursuites concernant PIP, les procédures judiciaires continuent à l'encontre du certificateur allemand, qui n'avait jamais constaté de manquements.
Le scandale des prothèses mammaires PIP avait éclaté à la suite d'un contrôle de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé en mars 2010.
Elle avait relevé un taux anormal de rupture des implants qui étaient remplis, par souci d'économie, avec un gel artisanal non conforme à la place du gel en silicone requis.
Bientôt l'épilogue plus de 10 ans après le début du scandale
Cette nouvelle décision s'ajoute à la cascade de décisions judiciaires dans ce dossier, proche de connaître un épilogue.
Déjà en février 2021, la cour d'appel d'Aix-en-Provence avait condamné le certificateur TUV à verser 3.500 euros à plus de 13.000 victimes pour "préjudice d'anxiété".
La cour d'appel avait néanmoins estimé que quelque 6.000 d'entre elles n'étaient finalement pas recevables.
Fin mai, la cour d'appel de Paris avait également confirmé la responsabilité de TÜV dans un autre volet, restreignant toutefois cette responsabilité à la période du 1er septembre 2006 au 6 avril 2010, rendant ainsi caduques les demandes de plusieurs centaines de femmes sur les 2.500 concernées, colombiennes, vénézuéliennes ou anglaises notamment.
L'entreprise allemande s'est pourvue en cassation sur les décisions aixoise et parisienne.
"Aujourd'hui il y a plusieurs dossiers devant la cour de cassation et on espère qu'elle va nous apporter des éclairages pour guider les juges" sur ce dossier, a réagi Me Christelle Coslin, avocate de TÜV, interrogée par l'AFP.
Le nombre de femmes dans le monde porteuses d'implants PIP est estimé entre 400.000.