Le 22 septembre 1992, la petite commune de 5000 habitants a subi une inondation des plus meurtrières. Sous l'effet de pluies diluviennes, la rivière l'Ouvèze était sortie de son lit. Un torrent de boue qui a laissé derrière lui des familles endeuillées et un paysage dévasté.
Le 22 septembre, les habitants de Vaison-la-Romaine se souviennent des intempéries qui ont touché la petite commune du nord Vaucluse, il y a 30 ans, jour pour jour. C'est l’une des inondations les plus dramatiques qu’ait connues la France dans son histoire récente. Voici cinq choses à savoir sur ce jour où l’Ouvèze a débordé.
Une crue historique de l’Ouvèze
La soudaineté de la montée des eaux de l’Ouvèze a pris tout le monde de court. Météo France a bien émis la veille, le 21 septembre 1992, une alerte à de fortes précipitations attendues sur le Sud-Est, mais les pluies diluviennes qui s’abattent le 22 sont bien au-delà de ce que les habitants pouvaient redouter.
Surtout qu’entre 12 heures et 14 heures, deux épisodes orageux violents éclatent localement, amenant 300 mm de pluie sur Entrechaux, à l’amont de Vaison. On enregistre 130 à 150 mm en deux heures de temps sur Vaison même, l’équivalent de 65 % de ce qui tombe en une année.
Au total, environ 85 millions de m3 de d’eau. Gonflée par ces pluies et ses affluents, l’Ouvèze atteint sa crue maximale entre 15h30 et 16 heures. Le niveau de la rivière est monté à 17 mètres au-dessus de son lit, charriant dans sa furie débris, troncs d’arbres, voitures et caravanes sur des dizaines de kilomètres.
39 morts et 4 disparus
Le drame de Vaison-la-Romaine est d’abord humain. En ce jour d’automne, il y avait encore 20 touristes au camping du Moulin de César, en amont du pont romain. Malgré l’alerte il n’est pas évacué. Pas plus que le quartier Théos, sur la rive droite de l’Ouvèze ou la zone artisanale.
C’est par là que le torrent de boue est d’abord passé. Emportant tout sur son passage. Des hommes, des femmes et des enfants.
Le bilan définitif est de 34 morts à Vaison, auxquels s’ajoutent quatre autres décès à Aubignan et un à Gigondas. Et quatre personnes sont portées disparues.
Les images d’un vidéaste amateur montrant des caravanes s’écrasant, avec ses occupants, contre le pont provoqueront une immense émotion dans toute la France.
9.000 habitants sinistrés
A Vaison, le plan OSEC est déclenché à 17 heures ce 22 septembre. Plus de 8.000 pompiers et 10 hélicoptères sont mobilisés sur zone dans les heures qui suivent pour porter secourir aux sinistrés. Environ deux habitants réfugiés sur les toits des maisons sont hélitreuillés.
Les potentielles victimes sont recherchées sur une trentaine de kilomètres, sur les rives de l’Ouvèze, jusqu’au confluent du Rhône.
Les dégâts s’étalent sur des kilomètres et des kilomètres à la ronde. Plus de 67 communes ont fait l’objet d’une déclaration de catastrophe naturelle, dont 40 dans l’arrondissement de Carpentras.
9.000 personnes ont été déclarées sinistrées. 120 familles ont dû être relogées. 12 ponts ont été emportés.700 entreprises et 1 500 agriculteurs sont sinistrés.
320 habitations ont été détruites ou éventrées et des milliers envahies par la boue. Les dégâts économiques sont chiffrés à 500 M€ dont 140 M€ de dommages assurés.
La zone inondée inconstructible
Le jour du drame, le camping accueillait 200 campeurs. La responsable a vu des campeurs se noyer sous ses yeux. Le soir même dans le journal de France 3 elle met en cause sa situation géographique, en zone inondable, entre le Lauzon et l'Ouvèze.
Après ce drame, les experts ont pointé du doigt les choix faits en matière d’urbanisme dans la commune de 5000 habitants. La zone inondable où étaient installés le camping de Vaison, le quartier Théos et la zone artisanale, en bordure de rivière, a été déclarée inconstructible.
En lieu et place du lotissement Théos, un espace naturel a été aménagé. Le camping a quant à lui été déplacé, dans un lieu surélevé.
Ce jeudi 22 septembre 2022, une cérémonie commémorative aura lieu notamment au quartier Théos, om 15 personnes sont mortes il y a trente ans.
Le pont romain, symbole martyr
Poussé par le torrent de boue, heurté par des caravanes, des citernes, et des troncs d’arbres, le pont romain qui relie le centre-ville à la cité médiévale sur les hauteurs, a tenu bon. La déferlante de boue a emporté son parapet. Il est seulement resté inutilisable pendant quelques jours, le temps de tester sa solidité.
Construit au niveau d'un rétrécissement de l’Ouvèze, l’ouvrage ancré dans la roche date du 1er siècle après Jésus-Christ. Classé Monument historique depuis 1840, le pont gallo-romain compte parmi les rares ponts antiques encore utilisés de nos jours.
Mais 30 ans après, c’est bien souvent le symbole de la catastrophe que de nombreux touristes viennent encore voir.
"Lors des dix années qui ont suivi la crue, les gens venaient voir par curiosité les traces de l’inondation. Est-ce que l’on va voir les traces d’un tremblement de terre ou d’une guerre qui a eu lieu ?", s’interroge Pierre Meffre, maire de Vaison sur le site Mémoires des catastrophes.
"Aujourd’hui vous avez beaucoup de touristes qui sont sur le pont romain et qui regardent la rivière en ayant à l’esprit les images de la couverture des magazines avec la caravane sous le pont… Ces images sont ancrées dans la tête des gens et c’est important de le prendre en compte. Quand on parle en France de Vaison-la-Romaine, les gens pensent Inondation."