Alerte virus de la tomate : les producteurs et l'agence de sécurité sanitaire appellent à la plus grande vigilance

Le tomato brown rugose fruit virus (ToBRFV) est un virus qui s'attaque aux tomates, piments ou encore poivrons. Les producteurs de la région ne sont pas touchés, mais le virus est présent en Allemagne, en Italie et en Espagne et pourrait entraîner des conséquences économiques pour la filière.

Lorsque la plante est touchée par le tomato brown rugose fruit virus (ToBRFV), elle présente des décolorations, des marbrures et des déformations au niveau des feuilles comme des fruits. Les tomates, poivrons et piments infectés par le virus présentent un aspect rugueux et sont donc non commercialisables.

Ce virus ne se transmet pas à l'homme : "La consommation d'une tomate infectée par le virus ne présente pas de danger, mais l'homme pourrait à son tour transmettre le virus par ses excréments, ça montre la résistance de ce virus", indique Philippe Reignault, directeur du laboratoire de santé des végétaux à l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
    
Le virus ToBRFV est en revanche dangereux pour la filière : "En tant que pays producteur de tomates, la France risque de subir des conséquences économiques importantes dans les filières de production, mais aussi dans les productions familiales dont la surface cultivée est estimée comme étant du même ordre de grandeur que la production industrielle en plein champ", souligne l'Anses.

Les producteurs de la région se protègent

L’Association d’Organisation de Producteurs nationale – AOPn Tomates de France appelle à la vigilance et la mobilisation des professionnels de la filière, avec un renforcement des mesures de surveillance et de contrôle des cultures du territoire.

L'association insiste pour rassurer les consommateurs "en cas de contamination, le légume ou le fruit perdra toutes ses qualités gustatives, en raison d’une rupture de sa maturation, venant altérer la qualité de sa chair et le rendant impropre à la commercialisation, mais aucun risque pour l'homme ou les animaux".

Un plan de surveillance renforcé des cultures

Dès aujourd’hui, l’AOPn Tomates de France déclenche un plan de surveillance active renforcé des cultures. "Cette surveillance renforcée à titre préventif doit permettre de pouvoir réagir, le cas échéant, le plus rapidement possible pour éviter toute création et propagation de foyers d’émergence du virus en France".

Cette vigilance vis-à-vis des signes de la maladie concerne également toute personne cultivant des tomates, des piments et des poivrons à moindre échelle ou pour sa consommation personnelle.

Par ailleurs, du fait des possibilités de propagation rapide du virus, l’AOPn Tomates de France a pris la décision de restreindre l’accès aux zones de culture uniquement aux professionnels de la filière et des sites de production.

Un renforcement des mesures sanitaires est également mis en place pour pallier à toute exposition éventuelle au virus.
  • Renforcement des mesures de contrôle des semences et plants destinés à la plantation,
  • Renforcement des mesures de surveillance et contrôle des plantes et de leurs fruits,
  • Stérilisation et surveillance des outils de manutention et de récolte,
  • Affiliation des professionnels à des posts et sites uniques non-interchangeables,
  • Restriction de l’accès aux zones de culture uniquement aux professionnels, avec dérogations exceptionnelles pour tous professionnels externes,
  • Passage au pédiluve avant tout accès en zone de production et port obligatoire de combinaisons, gants et sur-chaussures à usage unique.

 Comment reconnaître une plante malade ?

L’AOPn Tomates de France, ainsi que l'Anses, rappellent l’importance de signaler aux services de l'État toute suspicion de symptômes afin que des mesures d'éradication puissent être mises en place le plus rapidement possible, de façon à éviter la propagation de foyers d’émergence du virus à notre pays. Mais comment reconnaître une plante malade :
  • Symptômes sur les feuilles : apparition de chloroses, mosaïques et marbrures, entraînant des altérations de la couleur de la feuille avec des plages jaunes et des plages vertes.
  • Symptômes sur les fleurs : apparition des taches nécrotiques sur les pédoncules, calices et pédoncules floraux.
  • Symptômes sur les fruits : décoloration des fruits résultant d’une maturation irrégulière, avec des tâches jaunes ou brunes, des déformations et parfois des symptômes de rugosité caractéristiques, devenant ainsi non commercialisables.
Pour les particuliers, Philippe Reignault indique que des fiches d'informations sont mises à disposition pour reconnaître les symptômes des plantes infectées par le virus ToBRFV.

En cas de suspicion, il est important de contacter des services comme l'INRAE (Institut national de recherche, pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement), les Chambres d'agriculture ou encore le FREDON (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles).

Pour être régulièrement informé des risques de contamination du virus en France et dans la région, la Chambre d'agriculture Paca publie tous les mois un bulletin de santé du végétal (BSV), avec la possibilité de s'abonner.

Qu'est-ce que le ToBRFV ?

Le tomato brown rugose fruit virus (ToBRFV) est un virus émergent, de la famille des tobamovirus. Il est particulièrement dangereux pour les plantes qui y sont sensibles. Il peut se transmettre par les semences, les plants et les fruits infectés.

Il est particulièrement contagieux, dans la mesure où il est très stable, peut survivre plusieurs mois à l'air libre et se transmet par les plantes, les mains, les outils de travail, les vêtements des manipulateurs, les insectes pollinisateurs, les oiseaux et l'eau d’irrigation. 

Les semences, les plants et les fruits restent infectieux et peuvent véhiculer le ToBRFV sur de longues distances, notamment lors d’échanges commerciaux.

Dans un communiqué, l'Anses estime que les cultures de plein champ comme sous serre peuvent être contaminées. "La spécificité de ce virus, c'est qu'il n'existe aucun traitement efficace ni de variété résistante contre ce virus", insiste Philippe Reignault. "La seule solution consiste à arracher et à détruire les plants avant que le virus ne se dissémine".

Le ToBRFV est apparu pour la première fois en 2014, en Israël, puis en 2015, en Jordanie. En 2018, des signalements se sont multipliés au Mexique, aux Etats-Unis, puis en Europe et en Asie.

Le virus n'est pas encore présent en France, mais il a été signalé en Allemagne, en Sicile (Italie) et en Espagne. L’Anses confirme un risque élevé d’introduction et de dissémination du virus en France avec un impact potentiel conséquent sur les cultures, tant pour les filières professionnelles que pour les productions familiales.

L'Anses précise que le virus a été éradiqué aux Etats-Unis, il est en cours d'éradication en Allemagne, mais ce n'est pas le cas en Italie et en Espagne.
 
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