Éric Masson : portrait du policier tué par balle en centre-ville d'Avignon lors d'un contrôle pour trafic de stupéfiants

Son visage est à la Une des journaux, depuis sa mort, mercredi 5 mai 2021 : Éric Masson, tué par balle à Avignon, était un policier du Vaucluse, père de deux enfants. 

Le cheveu poivre et sel, la barbe réglementaire et les yeux rieurs, Éric Masson avait ce qu'on peut appeler une "bonne gueule", un visage souriant.

Pour son meurtrier, cela ne fait aucune différence : Éric Masson était flic avant tout, et pour cette raison, parce qu'il effectuait un contrôle de trafic de stups, on lui a tiré dessus à deux reprises.

Éric Masson est mort à même le sol, mercredi 5 mai 2021, en centre-ville d'Avignon. Sa famille est venue vendredi se recueillir sur les lieux du drame. 

Policiers de père en fils

"Que voulez-vous que je vous réponde, je suis effondré, murmure son père, qui n'en dira guère plus. Je respecte votre métier de journaliste, mais je ne veux pas parler."

Comme son père, désormais retraité, comme son frère et comme sa soeur, Éric Masson était policier. Autant dire que dans la famille, on respecte l'uniforme.

Du métier, on connaît les risques, chez les Masson : ces quatre-là en ont sans doute déjà parlé, au coin d'une table. Mais chez eux comme chez les autres, on ne s'y attend pas, quand ça vous tombe dessus.

"Vous avez un fils, vous ?",  questionne encore le père, évoquant d'un souffle ses nuits blanches.

L'hommage de la nation

Bien sûr il y a les mots officiels, honorant la mémoire et apaisant les douleurs. Histoire de "faire corps", comme on dit.

Éric Masson était "enjoué, dynamique et volontaire", selon le secrétaire zonal adjoint du syndicat Méditerranée Alternative police, Vincent D'Ath.

"Un policier expérimenté", pour Camille Chaize, porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Entré dans la police en 2007, affecté dans le Val-de-Marne en 2008, Éric Masson est devenu brigadier en 2014, année de sa mutation à Marseille.

Puis il a rejoint la direction départementale de la sûreté publique du Vaucluse, en 2016. Il cumule dix lettres de félicitations de ses supérieurs, lors de sa (trop courte) carrière.

"Un serviteur de l'Etat, un serviteur de la République, mort au service de son pays", dit encore de lui le Premier ministre Jean Castex, ce vendredi 7 mai 2021. 

Les proches en deuil

Ces paroles-là, nous les connaissons, elles ne font jamais de mal. Mais font-elles vraiment du bien ?

"Oui, c'est utile, on ne peut pas laisser des faits aussi graves en répondant par du vide, rétorque Laurence Picque, de l'association Vivre son deuil à Aix-en-Provence. Il est important que les autorités s'en emparent, pour inscrire quelque chose dans le collectif : on se dira qu'Éric Masson n'est pas mort pour rien."

De là à aider la famille à faire son deuil ?

Celle d'Éric Masson est féminine avant tout : deux fillettes, Anaïs et Laura, âgées de cinq et sept ans, qu'il accompagnait à l'école de sa commune ; une compagne, Émilie, avec laquelle il était pacsé. 

Tous les quatre ont leur adresse à Bédarrides, une commune du Vaucluse de 5.000 habitants pas trop loin du Gard, le département du père - la figure paternelle, toujours. Un homme aussi connu que respecté des Bédarridais, où il a vécu, où il s'est tant investi. 

Le fils, plus discret, est lui aussi décrit comme un enfant du pays. Il a passé plusieurs années de son enfance au milieu de ce Bédarrides qui lui a enseigné le rugby - le sport fera partie intégrante de sa vie. 

Sur cette photo que publie le club local sur sa page Facebook, on aperçoit le petit Éric, en bas à droite : 

? CARNET NOIR ? C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès d'Éric, policier, dans l'exercice de...

Publiée par ASBC RUGBY - Bédarrides - Chateauneuf du Pape sur Jeudi 6 mai 2021

L'adage est bien connu, le rugby serait un "sport de voyou pratiqué par des gentlemen" : Éric Masson y a puisé quelques codes qui vous aident à grandir, un certain esprit auquel il a rarement dérogé - sens du collectif, respect de la parole donnée, dévouement.

"C'est vraiment quelqu'un de bien qui est parti", conclut M. le maire, qui pourtant le connaissait peu. 

Dans la petite cité du Vauluse où il résidait, c'est peu dire que l'annonce de la mort d'Éric Masson a fait l'effet d'une bombe. Beaucoup sont sous le choc.

Un hommage spontané des habitants est prévu ce week-end, à la mémoire du policier tombé dans l'exercice de ses fonctions. 

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