Cavaillon : l'hôpital ferme ses urgences de nuit pour trois mois à cause des arrêts-maladies

Les urgences de nuit de l'hôpital public de Cavaillon resteront fermées pendent trois mois par manque de personnel, a annoncé la direction ce jeudi. Les infirmières du service sont presque toutes en arrêt-maladie. Les soignants épuisés dénoncent la suppression d'un poste par la direction.

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"On a plus le temps de faire le travail comme il faut, des fois on est un sur quatre postes au lieu d'être quatre, il faut piquer et donner les médicaments à la chaîne, sans avoir le temps de dire ni merci ni bonjour aux gens, c'est de l'abattage". 

Cet infirmier de l'hôpital de Cavaillon a souhaité garder l'anonymat pour témoigner auprès de France 3 Paca. Pour lui, la suppression d'un poste au service de nuit a été la goutte qui a fait déborder les urgences.

21 infirmières sur 26 en arrêt

Les personnels des urgences se disent épuisés, à bout de souffle. 21 infirmières sur 26 sont en arrêt-maladie. La multiplication de ces situations inédites à la travers la France ces derniers jours, comme à l'hôpital privé Saint-Joseph à Marseille, témoigne d'une malaise profond largement partagé chez ces soignants.

A Cavaillon, dans ce contexte, la direction de l'hôpital a décidé de fermer les urgences de nuit pour trois mois. Pierre Pinzelli, directeur des centres hospitaliers d'Avignon et Cavaillon, préfère parler de "suspension d'activité".

"Aujourd'hui notre effectif présent ne nous permet plus de maintenir ces urgences ouvertes 24 heures sur 24", a-t-il expliqué ce jeudi à nos journalistes Dalila Iberrakene et Clémence Fourinval, lors d'une conférence de presse.

L'hôpital va ainsi concentrer "provisoirement" son activité sur la journée, ce qui selon la direction représente 80 % du passage de l'établissement.

Depuis mercredi, seules les urgences vitales sont prises en charge par l'hôpital vauclusien, les autres patients sont réorientés vers Avignon à 40 km de là, ont pu constaté Jean François Giorgetti et Sylvie Garat.

Cette maman qui s'est vu refuser l'entrée avec son petit garçon malade est désemparée : "il a 39,5 de fièvre, j'ai appelé le 15 et ils m'ont dit d'aller aux urgences rapidement, parce qu'il est sous médicament mais les médicaments n'ont rien fait du tout". 

"Je dois aller à Avignon maintenant, c'est à plus de 30 minutes, et ça va être rempli, ils vont nous faire attendre", ajoute-t-elle très inquiète.

Des conditions d'accueil "dégradantes"

Marc Berthoud, médecin urgentiste, dénonce depuis plusieurs années les dysfonctionnements au sein des urgences de l'hôpital cavaillonnais dont il a démissionné il y a 5 ans : poids de l'administratif, délais d'attente important dans les couloirs pour les patients avant d'être admis dans un service. 

"Il n'y a plus de lits d'hospitalisation parce qu'on les a supprimés, et ici on en a resupprimé encore après le covid, la leçon du covid n'a pas suffi, du coup les gens ils sont toujours là et ils attendent aux urgences, ils attendent dans des conditions dégradantes", note l'ancien chef de service.

"Ils sont alignés, les plus chanceux sont sur des lits, les moins chanceux sur des brancards et ils attendent un jour, deux jours, trois jours, le record de Cavaillon pour l'instant c'est 7 jours.

Marc Berthoud, ancien médecin urgentiste de l'hôpital de Cavaillon

La direction de Cavaillon se donne trois mois pour réorganiser ses services, assurant à France 3 Paca qu'elle n'avait pas la volonté de fermer ses urgences, mais "d'en améliorer le fonctionnement".  

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