TEMOIGNAGE. Un infirmier raconte pourquoi les urgences de l'hôpital Saint-Joseph à Marseille sont touchées par une cascade d'arrêts maladie

Depuis lundi 2 janvier, les arrêts maladie se multiplient au sein de l'hôpital privé Saint-Joseph à Marseille. Cette situation inédite témoigne du malaise profond des infirmiers du service des urgences en mal de reconnaissance.

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Depuis lundi le 2 janvier, le service des urgences Adultes de Saint-Joseph tourne au ralenti. Seules les urgences vitales sont prises en charge. En liaison avec l'ARS, le Samu et les marins-pompiers, les autres patients sont réorientés en amont vers d'autres établissements marseillais.

En cause : une vague d'arrêts maladie sans précédent chez les infirmiers urgentistes de cet hôpital privé. Six infirmiers sur sept se sont fait porter pâles sur la journée. Des arrêts maladie sans lien avec la triple épidémie "grippe-covid-gastro" qui sévit actuellement.

Des soignants à bout

Un de ces soignants a accepté de nous expliquer le fond du problème. Les infirmiers urgentistes sont à sont à bout.

"Il y a deux ou trois ans, on a fait une première demande de la reconnaissance de la spécificité des infirmiers aux urgences et on demandait une prime financée par notre direction et à notre hôpital et cette prime nous a été refusée, on demandait juste à être alignés sur les infirmiers de l'hôpital Européen avec qui Saint-Jo a été fusionné, pendant quelques temps", raconte un infirmier, qui a souhaité garder l'anonymat, interrogé par notre journaliste Michel Aliaga. 

Les infirmiers des urgences se sentent déconsidérés. "Lors de la crise des urgences en France, une prime a été accordée par l'Etat et ils se sont servis de ce prétexte-là pour nous dire : vous avez la reconnaissance de votre spécificité, poursuit l'infirmier urgentiste. Pendant ce temps, à Saint-Jo, après deux ans de Covid y a eu des primes pour la réanimation, pour le bloc opératoire récemment et toujours pas pour les urgences".

La demande d'une reconnaissance financière

Un poids deux mesures qui ne passe pas alors que l'infirmier urgentiste "reçoit des patients dans des situations critiques et réalise tout un travail qui est très en lien avec la réanimation". Faire des intubations, poser des voies centrales, administrer des anesthésiants, c'est son quotidien.

"Tous ces actes sont spécifiques de la réanimation et spécifiques des urgences voilà pourquoi on demande à être mis sur un pied d'égalité aujourd'hui", explique notre interlocuteur.

La demande de prime réitérée cette année, lors des négociations salariales annuelles, a de nouveau été refusée. "Voilà pourquoi nous passons à l'action, à ça, on rajoute les conditions de travail,  l'épuisement, le manque de personnel et on obtient aujourd'hui une vague d'arrêts maladie avec le personnel qui craque".

Par ce geste fort, les infirmiers urgentistes de Saint-Joseph entendent manifester "leur état d'épuisement"

Dans un texte adressé à leur direction, les infirmiers des urgences qui ne s'adosse à aucun mouvement syndical, listent les dysfonctionnements liés au "manque de personnels récurent", comme la "stagnation des patients jusqu'à 72 heures par manque de lit d'aval et attente de PCR covid négatif" ou "une charge de travail grandissante".

Selon l'infirmier que nous avons rencontré, ces conditions de travail difficiles dissuadent les vocations. Le malaise est tel, et en service de nuit plus qu'ailleurs, que "l'on a formé énormément de personnel qui ne reste pas, et qui ne veut pas rester aux urgences, dit-il, sur notre salle de pause on a un mur entier de postes en CDI à pourvoir, ça c'est la réalité de notre hôpital".

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