Pour la deuxième fois en ce mois de décembre, les médecins libéraux de Paca sont appelés à fermer leurs cabinets à partir de ce lundi et jusqu'au 2 janvier. Ils réclament le doublement du tarif de leurs consultations.
Le mouvement qui démarre ce lundi 26 décembre, reconductible deux semaines, s'annonce moins suivi que lors de la manifestation du 1er décembre. " Effectivement on a du mal à quantifier la grève parce qu'il n'y a pas d'action sur le terrain, déclare le docteur Jean-Marc Bensoussan, installé à Gignac, dans les Bouches-du-Rhône, mais je pense que la première semaine va être très suivie parce qu'on en a quand même tous ras-le-bol et on a rien obtenu".
"Si on fait grève et qu'on obtient rien, faut pas qu'on craque", estime le membre de "Médecins pour demain", mouvement apolitique et non syndiqué, qui regroupe environ 1.500 praticiens en Paca.
Les autorités en appellent eux à la responsabilité des généralistes face à la "triple épidémie" de Covid-19, bronchiolite et grippe qui met les hôpitaux sous tension en cette fin d'année.
En somme, ce n'est pas le bon moment. Un argument que le médecin de Gignac balaie d'un revers de main : "Ce n'est pas un nouveauté d'avoir une double ou triple épidémie à Noël, la grippe c'est chaque hiver, le Covid il est là depuis trois ans et il n'est pas près de disparaître, et la bronchiolite c'est un épiphénomène".
"Ce n'est pas une triple épidémie, ce n'est pas une situation inhabituelle, c'est le lot quotidien des médecins, c'est juste une saison hivernale un peu plus chargée que d'habitude, ajoute-il, et si on veut faire grève dans deux mois, on nous dira qu'il y a une double épidémie gastroentérite et covid".
"Et si l'hôpital craque, ce n'est pas la faute du médecin généraliste", tranche Jean-Marc Benssoussan qui pointe les fermetures de lit, "qui ne permettent pas d'hospitaliser les patients, qui font qu'ils sont obligés de traîner aux urgences, c'est ça qui est délétère pour le système de santé".
Le mot d'ordre du collectif apolitique et non syndiqué, créé en septembre 2022, avait été très suivi les 1er et 2 décembre, entraînant une baisse d'activité d'environ 30 %.
C'est la première fois depuis 20 ans qu'on a un vrai mouvement qui vient de la base.
Dr Jean-Marc Benssoussan, membre Médecins pour demain
Des négociations étant en cours avec l'Assurance maladie ont produit des "avancées", plusieurs des principaux syndicats (MG France, la CSMF et Avenir Spé) n'appellent pas à la grève durant les fêtes, ne portant pas les mêmes revendications notamment sur la tarification des consultations.
"C'est la première fois depuis 20 ans qu'on a un vrai mouvement qui vient de la base avec des vraies revendications qui sont quand même suivies par une bonne majorité", tient à souligner le docteur Bensoussan.
Pour lui, c'est avant tout "culturel" de ne pas être d'accord même si le but est pour tous le même : "rendre de nouveau le métier attractif et nous libérer des tâches administratives chronophages, ce sont nos deux grandes revendications".
Des médecins réquisitionnés si nécessaire
Si nécessaire, les Agences régionales de Santé (ARS) pourront procéder à des réquisitions de grévistes.
Les médecins réclament toujours un passage de 25 à 50 euros la consultation pour créer un "choc d'attractivité" vers une médecine de ville, en manque criant d'effectifs.
Les 1er et 2 décembre, la grève avait été fortement suivie en Paca, notamment dans les Alpes-Maritimes où 3/4 des cabinets étaient restés fermés.
Le 5 janvier, une manifestation nationale est d'ores et déjà prévue à Paris. "Ça montrera que le mouvement ne s'essouffle pas. Quand il faut fermer son cabinet pendant une semaine, c'est difficile à entendre pour certains médecins, mais je pense qu'il faut qu'on ose réellement manifester enfin notre souffrance " , conclut le docteur Benssoussan.
Avec AFP