Grève des médecins généralistes : +20% de patients dans les hôpitaux azuréens

Trois médecins généralistes sur quatre sont en grève dans les Alpes-Maritimes, depuis jeudi. 80% dans le Var. Les patients se reportent sur SOS Médecins ou les services d'urgences des hôpitaux.

Rim, 31 ans, se presse vers la sortie. Elle vient de patienter "plus de deux heures" aux urgences pédiatriques du centre hospitalier d'Antibes (Alpes-Maritimes), un enfant au bras, l'autre, fiévreux, endormi dans une poussette.

"C'était long", glisse-t-elle. Mais "rien de grave. Une grippe. On lui a prescrit des médicaments et un test urinaire", indique cette maralpine, désignant son fils de deux ans, malade depuis plusieurs jours. "En temps normal", avec des symptômes de ce type, elle se serait rendue chez son généraliste. Mais ce dernier fait grève.

Depuis jeudi, trois médecins généralistes sur quatre sont en grève dans les Alpes-Maritimes, 80% dans le Var. Ils réclament une revalorisation de la consultation, la possibilité, pour certains infirmiers de rédiger des ordonnances ou encore le renoncement du projet gouvernemental d'ajout d'une quatrième année d'internat.

"Je ne pouvais pas risquer d'attendre jusqu'à lundi"

Trouvant porte close chez leur médecin de famille, les patients se tournent depuis jeudi vers SOS Médecins ou les services d'urgences, pour des pathologies courantes. Selon Gilles Menchon, secrétaire régional FO Santé, ils étaient 20% de plus à frapper à la porte des hôpitaux de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, en moyenne, ce jeudi.

Les urgences de l'hôpital Sainte-Musse de Toulon (Var) auraient par exemple atteint 1.700 passages, "avec un pic vers 22 heures", contre 1.400 habituellement.

À Antibes, dans la salle d'attente des urgences pédiatriques, une quinzaine de parents patientent, ce vendredi après-midi, un enfant sur les genoux.

Je n'ai pas eu le choix. Mon fils de 2 ans avait trop de fièvre, 39°. Je ne pouvais pas risquer d'attendre jusqu'à lundi, que le cabinet rouvre.

Une mère de famille

Elle a pris son après-midi pour venir aux urgences. Sur place, on lui a annoncé deux heures d'attente.

Grippe, bronchiolite et Covid

Côté urgences adultes, l'attente atteint les cinq heures. Depuis jeudi, le service enregistre également 20% de patients supplémentaires, pour des pathologies de médecine générale, estime de Dr. Eric Reau, praticien hospitalier.

De quoi renforcer une situation déjà critique dans les services d'urgences. "Le contexte est tendu, avec une triple activité. Nous subissons simultanément la grippe, la bronchiolite et le Covid", insiste Gilles Menchon. Une semaine plus tôt, l'agence régionale de santé activait le plan blanc dans les hôpitaux de la région, pour faire face à l'épidémie de bronchiolite.

Par ailleurs, les médecins correspondants du SAMU, qui interviennent dans le cadre des appels au 15, sont pour certains des libéraux.

Plusieurs n'ont pas participé, ce qui a causé une surcharge de travail pour les agents.

Gilles Menchon, secrétaire régional FO Santé

"Le personnel est épuisé", martèle le représentant syndical. "Ce n'est pas la goutte d'eau qui fait déborder le vase, parce qu'il déborde depuis longtemps… La situation se gère. Mais au prix d'un épuisement et d'une prise en charge moins qualitative".

Les services ont dû se réorganiser avec, en général, un infirmier supplémentaire en renfort, pour 24 heures (donc 3 infirmiers au total), dans chaque service d'urgence, indique Gilles Menchon.

+40% de patients en pédiatrie

La pédiatrie serait particulièrement concernée. À l'hôpital Sainte-Musse de Toulon, les admissions grimpent à +40% de jeunes patients par rapport à d'habitude, indique la direction. Dans la salle d'attente, un couple précisait avoir attendu 5 heures jeudi, avant que son garçon de 3 ans ne soit pris en charge.

D'après FO Santé, l'attente moyenne en pédiatrie était de 2h30 ce jeudi à Sainte-Musse. Dans ce service, "les renforts sont plus difficiles à mettre en place", indique Gilles Menchon. Pédiatres et puériculteurs sont plus rares. La spécialité compte "moins de personnels formés".

À l'hôpital Lenval de Nice, ces soignants s'étaient d'ailleurs mis en grève fin octobre, pour dénoncer leurs conditions de travail, dans le cadre d'un mouvement national.

"Cette grève est légitime"

Malgré la pression supplémentaire subie dans certains services, les soignants interrogés affirment soutenir sans réserve la grève de leurs confrères libéraux. "Cette grève est légitime", insiste le Dr. Eric Reau.

Ils sont sacrifiés depuis des années. La consultation à 23 euros, c'est juste une blague. À force de ne pas leur donner les moyens, cela se répercute sur les services d'urgence.

Dr Eric Reau

La grève doit s'achever ce vendredi. La situation devrait donc revenir à la normale à partir de la semaine prochaine.

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