A partir de ce lundi 2 octobre 2023, les urgences du centre hospitalier de Carpentras ferment la nuit de 18h à 8h30 faute de personnel soignant. Une fermeture à durée indéterminée.
Face au manque de médecins urgentistes, il n'y aura plus d'accueil aux urgences la nuit, au centre hospitalier de Carpentras. L'annonce est tombée par le biais d'un communiqué de presse daté du vendredi 29 septembre, intitulé "Fonctionnement adapté des urgences et du Smur à compter du 2 octobre 2023".
La situation s'est détériorée cet été
Les urgences de Carpentras ont déjà fermé quatre nuits, ce mois de septembre. Depuis plusieurs mois, le service des urgences fonctionne en mode dégradé et la situation s'est détériorée cet été, puis au mois de septembre, avec des fermetures de nuit à répétition. Les patients étaient alors redirigés vers les hôpitaux les plus proches.
Déjà cet été, la menace ne passait pas inaperçue et inquiétait beaucoup les habitants. "On est quand même une grande ville, et puis Avignon-Carpentras, ce n’est pas à côté non plus", racontait déjà en mars une habitante à France 3 Provence-Alpes. "Avignon, ça commence à être saturé aussi puisque les urgences de Cavaillon ont aussi fermé. Donc ça commence à faire", s’inquiète un autre. Pour d’autres, la situation est triste à leurs yeux : "c’est malheureux, on a besoin d’eux. On les a applaudis pendant le confinement et maintenant, on les ferme".
C'est pourquoi, "au vue de tensions sur les effectifs médicaux des urgences, le centre hospitalier de Caprentras réorganise sa permanence médicale en lien étroit avec l'Agence régionale de santé, les hôpitaux du territoire de Vaucluse et la Maison médicale de garde".
L'accueil des patients est maintenu en journée
En journée (de 8h30 à 18h, 7 jours sur 7), l'accueil des patients est maintenu. En revanche, le changement s'opère en soirée, comme le précise le communiqué de presse : "Les nuits de 18h à 8h30, en dehors des urgences gynécologiques et obstétricales, les patients ne devront pas se déplacer aux Urgences adultes, sans régulation préalable du Centre 15, afin de bénéficier de l'orientation la plus adaptée à leur état de santé. Il est rappelé que les urgences vitales doivent faire l'objet, jour et nuit, d'une régulation par le SAMU (Appel du 15)".
Cette nouvelle organisation n'est pas censée être définitive. La direction de l'hôpital espère "le retour à un accueil et la prise en charge de l'ensemble des patients 24h/24h et 7jours/7 seront organisés dès que possible". Sans pour autant être en mesure d'avancer une date de retour à la normale. Pour cela, "il faudrait une équipe médicale, proche des douze équivalent temps plein, or il n'y en a que cinq", martèle le directeur de l'établissement, Alain de Haro notamment à l'antenne de France Bleu Vaucluse, depuis que la situation se dégrade.
Manosque, Cavaillon et Pertuis également concernés
Le problème se répète inlassablement. En France, il manque des médecins et des services d'urgence ferment leurs portes. Parfois seulement la nuit, parfois lors de certaines périodes et d'autres fois, de manière définitive. A Cavaillon, à 20km de Carpentras, les urgences ont suspendu leur service le soir pendant l'hiver dernier. A Pertuis, de l'autre côté du massif du Luberon, le service ferme régulièrement ses portes la nuit.
Espérant éviter le pire, le maire de la commune de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) a interpellé le ministre de la Santé dans un courrier qui lui a été adressé vendredi 12 mai 2023.
Il évoquait en mai un service des urgences "en grande souffrance à cause du manque de recrutement d'urgentistes". Chaque année, 35 000 personnes sont prises en charge par les urgences de Manosque. Le maire s'inquiète pour ces potentiels patients.
La loi Rist aggrave la situation
Pour le directeur de groupement hospitalier de territoire des Alpes-de-Haute-Provence, Franck Pouilly, le problème, c'est aussi que depuis la loi Rist, il est encore plus difficile de trouver des intérimaires (dans toute la France). Or, "ce statut représente 20% du personnel des urgences de France", chiffre-t-il.
Le décret plafonne le tarif de l'intérim médical à 1390 € pour 24 heures (contre 2400 € pour les médecins auparavant) pour tous dans le public mais pas dans le privé, et le numerus clausus des années précédentes.
Chaque année, le service des urgences de Carpentras enregistre 30 000 passages dans un bassin de vie de 90 000 habitants.