Octobre Rose : Les Monocyclettes, une ligne de vêtements pour aider les femmes à se reconstruire après un cancer du sein

Angélique Lecomte a créé une ligne de vêtements pour les femmes qui, comme elle, ont subi l'ablation d'un sein. Cette Vauclusienne de 39 ans destine ses créations à toutes celles qui cherchent à se reconstruire à travers leur féminité.

Elle met du rouge vif sur ses lèvres, ça fait ressortir le bleu de ses yeux et sa chevelure brune. Elle n'a pas peur d'attirer les regards. La jeune femme s'assume, élégante et sexy. Glamour, comme sa ligne de vêtements. 

Angélique Lecomte était infirmière en psychiatrie. A 35 ans, le cancer a fait voler en éclat son plan de carrière.

Sublimer le corps des Amazones

Elle subit une ablation du sein. Un autre corps pour une autre vie. Elle devient modiste. Elle crée sa marque, Les Monocyclettes. Une mode pour des femmes en rémission, qui veulent rester féminines, "avec ou sans prothèses mammaires, avec un ou deux seins et même pas du tout".
Chez elle, à La Bastide-des-Jourdans, Angélique imagine des sweats, des tops et des robes. Des tenues "un peu fun" qui permettent de "sublimer le corps de la femme". Non de le cacher.

Ça peut être inesthétique d'avoir un sein d'un côté et rien de l'autre.

Asymétrique, c'est chic

Angélique joue sur l'asymétrie des couleurs et des drapés pour aider ses femmes à retrouver leur équilibre. Physique et mental. 

"Il y a celles qui, comme moi, ont envie d'assumer et de ne pas du tout porter de prothèse. Mais il y a aussi celles qui portent une prothèse et qui ont une légère asymétrie avec le sein "normal", celles qui sont en cours de reconstruction et qui passent par des étapes d'asymétrie, ou encore celles qui ne finissent pas la reconstruction".

"Je suis même en train d'élargir aux femmes qui ont une poitrine asymétrique, sans cancer, ajoute-elle, il y a en beaucoup aussi."

Libre de choisir son corps

Après la mastectomie, comme 70 % des femmes qui passent pas là, Angélique n'a pas voulu faire de reconstruction mammaire. 

"Assez rapidement, j'ai décidé de ne pas le faire pour plein de raisons. Surtout, je n'arrivais plus à envisager de nouvelles interventions, se souvient-elle, je ne voulais plus retourner au bloc, avec encore de la douleur et encore des drains, et encore des risques anesthésiques, infectieux, des risques de rejet de greffe... ce n'est pas du tout anodin."

"Je me suis dit "je ne vais pas m'infliger ça", je me suis habituée à ce nouveau schéma corporel".

S'accepter et pouvoir se regarder

Angélique reconnaît que cela a pris du temps pour pouvoir s'accepter telle qu'elle est.  

 Dans mon discours, au bout de trois mois, j'avais accepté, c'était ok, mais émotionnellement j'ai dû mettre deux ans.

"J'ai eu la chance d'avoir un entourage qui a respecté mon choix, mais le plus important c'est le regard qu'on porte sur soi, c'est ça qui va déterminer comment les autres vous regardent".Pour ces femmes, le vêtement devient un "support thérapeutique" qui aide à passer les étapes vers l'acceptation.

"Les tatouages marchent aussi très bien parce que mettre un joli dessin sur cette cicatrice ça permet de la regarder différemment", note Angélique qui lancera en novembre sa ligne de sous-vêtements.

"Il faut faire le deuil de ce corps qu'on aura plus jamais, et ensuite on va pouvoir se réapproprier les choses et faire un choix éclairé de reconstruction ou non, de reconstruction plate, de tatouage, parce qu'il y a plein de façon de se reconstruire."

Il y a un travail de deuil à faire à partir du moment où il y a mastectomie, qu'il y ait reconstruction ou pas. 

"Même s'il y a reconstruction, ça ne sera pas le même sein qu'avant, il y a un changement de schéma corporel et donc pour l'accepter il faut faire le deuil de l'ancien schéma et c'est très peu accompagné".

L'après-cancer souvent plus dur que la maladie

C'est pour favoriser cet accompagnement qu'Angélique Lecomte reverse 5 % de ses bénéfices à l'association Skin, qui accompagne les patient(e)s dans l'après-cancer par le biais de la création artistique.

Selon l'Observatoire sociétal des cancers, 63 % des patients estiment que l'après-cancer est plus dur que le cancer.

"Parce que pendant le cancer, on est très entourés par les équipes médicales et l'entourage. A partir du moment où on est en rémission, on n'a plus de traitement, et on n'a plus ce suivi quasi-quotidien et pour l'entourage c'est "ouf, tu es sauvée," explique Angélique Lecomte. 

"Sauf que c'est à ce moment-là qu'on a la prise de conscience de tout ce qu'il s'est passé, on a tout ça à digérer, et on est seul, souligne-t-elle. On a vécu un tsunami qui a ravagé notre vie, ça questionne professionnellement, personnellement, ça peut questionner le couple... on est complètement ébranlé et on est seul et c'est terrible pour beaucoup d'entre nous."

Le cancer du sein est le plus répandu chez la femme. On compte 58.000 nouveaux cas chaque année. Près de 3.000 femmes, comme Angélique, ont moins de 40 ans.




5 % pour association Skin qui aide les femmes et les hommes 
 
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