Facteur d’orgues à Saint-Didier dans le Vaucluse, Pascal Quoirin a été appelé pour s'assurer que l'orgue de Notre-Dame de Paris, qu'il avait restauré en 2012, n'avait pas été endommagé dans l'incendie.
Pascal Quoirin observe l’état de l’orgue aux côtés des gravats, des poutres calcinées dans la cathédrale Notre-Dame de Paris touchée par un incendie le 15 avril. Le vauclusien n’en croit pas ses yeux, l’instrument, qu’il avait restauré avec ses équipes en 2012, est intact.
Facteur d’orgues à Saint-Didier (Vaucluse), Pascal Quoirin est intervenu mardi 23 avril sur l’orgue de Notre-Dame de Paris, l’un des plus grands du monde, présent depuis plus de 600 ans dans la cathédrale.
Cinq claviers, 115 boutons et 8000 tuyaux répartis sur trois étages composent ce joyau inestimable.En présence de personnes de la conservation des monuments historiques et de deux experts des monuments historiques, le vauclusien a examiné pendant deux heures l’instrument. Les tuyaux en étain de plus de 10 mètres de haut n’ont notamment pas bougé.
"On a constaté pratiquement tout de suite que l’orgue était quasiment intacte. Il est simplement empoussiéré avec une matière propre brun clair comme du sable, poussière sèche non collante et pas de la suie donc ce n’est pas gras. Cela s’enlève quand on souffle dessus", indique Pascal Quoirin.
L’instrument épargné par les flammes
Grâce à des thermomètres à mémoire dans l’orgue, les températures constatées indiquent que l’instrument n’a pas été touché par les flammes."La température dans le soubassement de l’orgue est restée à 17 degrés. Cela a dû monter à 22-23 degrés dans les super structures de l’orgue. C’est un miracle, il n’y a eu aucune dégradation de la tuyauterie et de tous les composants électroniques".
Le facteur d’orgues n’avait qu’une crainte, "l’élévation de la température sur le bois et l’humidité qui aurait entraîné le gonflement du bois, les colles auraient pu lâcher".
"Le confiner dans une cage bien étanche et climatisée"
Son analyse va déterminer comment l’orgue de Notre-Dame doit être protégé. L’instrument devrait être confiné dans une cage pendant les travaux de la cathédrale."Parmi les solutions, nous pourrions faire la dépose complète de l’orgue mais je ne le conseille pas. Nous devrions plutôt le confiner dans une cage bien étanche et climatisée puis faire le dépoussiérage, plan par plan et jouer de l'orgue régulièrement. Et enfin, démonter le confinement lorsque la voûte sera reconstruite, et l'accorder."
Dans une quinzaine de jours, l’électricité devrait être remise dans la cathédrale.
"Nous pourrons remettre alors l'orgue en fonction pour pouvoir faire un diagnostic plus approfondi notamment sur l'état des sommiers, mais franchement je suis très optimiste".