Istres, Puyvert : un cheval mutilé, une jument éventrée, un poney à l'oreille coupée

Un nouveau cas de barbarie sur un cheval a été recensé à Istres, dans les Bouches-du-Rhônes. A Puyvert, dans le Vaucluse, une jument a été retrouvée éventrée et un poney mutilé dans la nuit du 22 au 23 août. Une trentaine d'actes de ce genre ont été enregistrés en France ces deux dernières années.

Le sud de la France n'est plus épargné par les attaques sauvages commises contre des équidés. Le week-end dernier, un cheval a été mutilé à Istres, un secteur des Bouches-du-Rhône où les chevaux nombreux.

Le cheval s'en tire avec une oreille tailladée sur près de huit centimes. A Puyvert, dans le département du Vaucluse, une jument n'a pas eu cette chance. 

Un propriétaire de chevaux a découvert dans son champ l'animal sans vie, éventré, et un poney l'oreille lacérée.

"Ces faits, qui se seraient déroulés entre le 22 et le 23 août 2020, pourraient être à rapprocher avec les actes de torture d’équidés constatés dernièrement sur le territoire national", a précisé la gendarmerie de Pertuis.

Le ou les auteurs semblent se plier à chaque fois à un rituel : oreille découpée, oeil arraché, éventration à l'arme blanche...

Prêts à faire des rondes

Cette affaire ébranle le milieu équestre de la région.

"Hier, toutes les écuries du coin se sont appelées", raconte Maxime Millet de "Passion Jump" à Cadenet. "C'est la première fois qu'il y a un cas chez nous. On a beaucoup discuté. S’il faut faire des rondes la nuit pour surveiller, nos bêtes, on le fera".

Le propriétaire des chevaux, un particulier, aurait trouvé ses chevaux dans cet état là, en rentrant de vacances. L'enquête a été confiée aux gendarmes de Cadenet.

"Ses bêtes devaient sans doute se trouver dans un pré isolé", pense une autre responsable de centre équestre. "Moi ça ne risque pas de m'arriver, poursuit-elle. "Mes chevaux sont regroupés. Mon habitation est sur place. Et j'ai un énorme chien, un berger malinois, qui mène très bien la garde".

Des caméras dans les écuries

D'autres ont choisi le système de vidéosurveillance, comme à Passion Jump.

"Chez moi j’ai installé des caméras, avant même ces problèmes, dans presque tous les endroits de mes écuries" précise Maxime Millet. "C'est par sécurité contre les intrusions, et les vols car je ne suis pas sur place. Et aussi par prévention, en cas de coliques chez nos chevaux. Lorsqu'ils en souffrent, on peut le déceler par leur changement de comportement. C'est important, car c'est la première cause de mortalité équine".

En attendant, le moniteur a rapatrié ses bêtes isolées. Les gendarmes ont conseillé aux propriétaires de chevaux du département de "les surveiller régulièrement".

Maxime Millet pense que les auteurs des faits connaissent bien les équidés. "De ce que j'en sais, ils utilisent des licols, des lassos, les mêmes outils que nous professionnels. Ils savent approcher les chevaux".

Une trentaine de cas en deux ans

L'affaire fait froid dans le dos. Il s'agit d'actes de torture et de barbarie sur équidés. En l'espace de deux ans, la France a enregistré une trentaine de ces faits malveillants sur son territoire. La plupart, lors de ces derniers mois. La Belgique et l'Allemagne en recensent également.

Le ministre de l'agriculture Julien Denormandie a également annoncé ce vendredi la mobilisation de tous ses services "pour que justice passe", traitant ces actes "d'inqualifiables".

Serge Lecomte, le président de la Fédération Française d'Equitation (FFE) s'est dit "horrifié devant ces actes de cruauté qui se multiplient". 

La FFE appelle tous les acteurs de la filière cheval à se mobiliser "pour mettre fin au plus vite à ces atrocités". Les centres équestres réagissent aussi. L'un d'entre eux a créé un groupe d'entr'aide national intitulé "Justice pour nos chevaux", enjoignant les propriétaires de chevaux mutilés à se manifester.

En début de semaine, le responsable d'un refuge pour animaux dans l'Yonne a surpris deux individus tentant de s'en prendre à ses chevaux. Le portrait robot de l'un des agresseurs a été dressé par les gendarmes, et diffusé.

La piste possible d'une secte

Policiers et gendarmes se posent des questions sur les motivations des auteurs de tels actes. La découpe de l'oreille droite, de parties génitales, ou du museau, la lacération par arme blanche pourraient faire penser à des gestes rituels. Peut-être conduits par les membres d'une secte.

Une piste, parmi d'autres, envisagée par le ministère de l'Intérieur. Selon une information du Parisien,  la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), dépendant du ministère de la Citoyenneté, va aider la gendarmerie nationale à enquêter sur les multiples mutilations de chevaux.

Saisi par plusieurs associations de protection animale qui veulent déposer plainte contre les auteurs de ces actes de barbarie, un avocat a mis en place une cellule d'information pour recueillir les témoignages des propriétaires de chevaux victimes.Toujours selon le Parisien, le ministère de l'intérieur précise que, "si à ce jour, aucun élément ne permet d'établir formellement un lien avec un éventuel mouvement sectaire, certains faits rappellent des pratiques liées à des rituels sectaires et notamment dits sataniques".
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