Chevaux et poneys mutilés : "Je demande aux éleveurs de ne pas faire leur justice eux-mêmes"

Depuis quelques mois des chevaux et des poneys sont retrouvés tués ou mutilés en France. Un peu partout, les éleveurs tentent de s’organiser. Mais, attention, "il faut laisser la police et la gendarmerie faire leur travail", rappelle le responsable d’un syndicat d’éleveurs.
 

Museau tranché, crâne fracassé, oreille coupée, œil arraché…


De nombreux cas de mutilation de chevaux, de poneys et d'ânes ont eu lieu ces dernières semaines en France, et notamment en Bourgogne-Franche-Comté.

Ces actes de barbarie sont-ils commis par un groupe organisé ou s’agit-il d’un effet de mimétisme ? Pour le moment, aucune piste n’est écartée.
"Tous les dispositifs d'enquête du ministère de l'Intérieur et du ministère de la Justice sont mobilisés", indique Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, interrogé par Franceinfo vendredi 28 août 2020. Il s'est rendu en Bourgogne pour transmettre aux éleveurs un message de compassion et pour rencontrer les enquêteurs.

En Saône-et-Loire, des rondes peuvent être effectuées sur demande par les forces de l’ordre. Dans le département, plusieurs cas de mutilations ont été recensés ces derniers jours.
Le 8 août, à Cortambert, près de Cluny, un propriétaire a retrouvé une de ses pouliches poignardée dans un pré.
L'animal avait une oreille coupée. Un de ses yeux et ses organes génitaux avaient été arrachés.

Le 25 août, c’est une ponette qui a été retrouvée mutilée à Saint-Vallier. L’animal a eu le crâne fracassé et une partie de son museau a été tranchée.

  

Barrières électrifiées, drones, caméras infrarouge...


Face à ces atrocités, les propriétaires d’équidés s’organisent. "Oui, on a changé. Oui, on est inquiets", confirme Jean-François Fichet, éleveur en Saône-et-Loire.

"Au niveau des clôtures, on a installé des barrières et des cadenas pour ralentir les intrusions dans les prés. On a électrifié certaines ouvertures et nous sommes aussi en train de mettre en place des caméras infrarouge pour surveiller les animaux jour et nuit. On a également augmenté nos surveillances. D’ordinaire, on voit nos animaux au moins une fois par jour. Maintenant, on va les voir deux ou trois fois, à des horaires irréguliers."

Les propriétaires de chevaux ont aussi recours à des drones. Mais, au-delà de tout cet arsenal, ils comptent bien sûr sur la vigilance de chacun. "On a sensibilisé les voisins pour qu’ils nous préviennent dès qu’ils voient quelque chose d’inhabituel."


Mais, certains s’inquiètent du climat de psychose qui régne dans la région. "L’autre jour, dans un de nos prés où il y a des chevaux, on est venu me dire qu’il y avait une voiture blanche. En fait, c'était un brave monsieur qui m’avait demandé la permission d’aller à la pêche", raconte Jean Martinot, président du syndicat des éleveurs de chevaux et poneys de sport du Charolais.

"La police et la gendarmerie surveillent les prés. C’est pourquoi je demande surtout aux éleveurs de ne pas faire leur justice eux-mêmes. Il faut qu’on laisse les professionnels faire leur travail."

 
 

"Il y a 20 ans, quelqu’un mutilait des chevaux et des bovins en leur ouvrant le ventre"


Jean Martinot en est sûr : "on trouvera bientôt les coupables. Il y a une vingtaine d’années, il y avait quelqu’un qui mutilait des chevaux et des bovins en leur ouvrant le ventre. C’était aussi une psychose. Cette personne-là a été arrêtée. Les enquêtes sont telles que, un jour, ces gens-là sont arrêtés."

En attendant, le président du syndicat des éleveurs de chevaux et poneys de sport du Charolais mise sur l’échange d’informations pour améliorer la surveillance.
"On envoie des mails à tous les adhérents pour les tenir au courant de tout ce qui se passe dans la région. Sur notre page Facebook, on essaie aussi de partager les informations, pas seulement celles d’ici, mais aussi celles de toute la France. Car c’est une histoire nationale, je dirais même européenne, car il y a aussi des cas en Allemagne. Mais, c’est à chaque éleveur de trouver la parade pour prendre ces gens-là qui agissent avec une cruauté impensable et surtout avec lâcheté."

Lors d'une agression d'équidés qui a eu lieu sur la commune de Charny Orée-de-Puisaye, dans l'Yonne, l'intervention du responsable du refuge pour animaux "le ranch de l'espoir" a fait fuir les malfaiteurs. Grâce à son témoignage, un portrait robot a été établi et diffusé par les gendarmes dans toute la France.

 


 
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