Salon de l'agriculture : Marie-Noëlle, fromagère dans le Vaucluse, une femme dans un milieu d'hommes

Pas facile de s'imposer en tant que femme dans un milieu masculin. A bientôt 60 ans, Marie-Noëlle en sait quelque chose. Cela fait 40 ans que cette bergère-fromagère lutte contre les préjugés. Si elle estime que les mentalités évoluent, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.

Dans les allées du parc des expositions à Paris, Marie-Noëlle est un peu impressionnée. Cette foule, ces longs tapis roulants. "On ne s'imagine pas l'importance de l'évènement quand on est là-bas à Saint-Christol et qu'on fabrique les Banons dans notre petite monde". Cette agricultrice du Vaucluse est montée à la capitale pour faire la promotion de son fromage de chèvre au salon de l'agriculture. Elle produit du Banon, emballé dans sa feuille de châtaigne.

Fille d'agriculteurs

A bientôt 60 ans, Marie-Noëlle Roussez a toujours été agricultrice. Elle a commencé dans la ferme de ses parents quand elle avait 12 ans. Ils avaient une exploitation de vaches laitières dans le Nord de la France. Marie-Noëlle a vite compris qu'être un homme aurait été un avantage dans ce milieu. 

J'ai ressenti que mes parents auraient préféré que je sois un garçon. Il a fallu attendre 60 ans pour que ce soit dit.

A 23 ans, elle descend dans le sud, direction le plateau d'Albion, dans le Vaucluse. Elle sera éleveuse de brebis. Elle affronte les regards et les critiques :

J'ai eu des remarques. Bergère, ce n'est pas un métier de femme.

Marie-Noëlle continue, elle élève ses brebis à viande pendant 20 ans, puis devient éducatrice en atelier de chèvrerie-fromagerie. Il y a 3 ans, elle monte une fromagerie à Saint-Christol, Elle achète le terrain et le bâtiment. Là encore, il faut se battre contre le machisme ambiant. Elle se souvient :

On me disait : qu'est-ce que fait là une femme toute seule ?

Un métier physique

Marie-Noëlle reconnaît que le métier est physique et qu'elle n'a peut-être pas la même force qu'un homme :  "On est plus en difficulté sur les choses physiques mais on a sa place. On réfléchit autrement. On s'organise pour que physiquement ce ne soit pas trop lourd, avec un maximum de chariots pour éviter les charges lourdes".

Faire sa place

La fromagère explique que dans ce monde majoritairement masculin, les mentalités sont en train d'évoluer mais qu'il faut toujours se battre plus en tant que femme : "au départ je sentais qu'il fallait que je fasse ma place parce que j'étais une femme." Et Marie-Noëlle de déplorer :

Encore aujourd'hui, autant un gars aura le droit à l'erreur mais une femme non. Un homme on lui trouvera des excuses, une femme on dira c'était évident qu'elle ne pouvait pas s'en sortir.

Marie-Noëlle Roussez n'a pas rapporté de médaille du concours général agricole pour cette première participation. Mais elle est ravie d'avoir pu remettre le fromage Banon à l'honneur, après une dizaine d'années d'absence au salon de l'agriculture.


 

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