Le 1er décembre est la Journée Mondiale de lutte contre le Sida. A Marseille, des essais cliniques se poursuivent pour analyser l'efficacité d'un vaccin thérapeutique. Faute de moyens, le projet a été financé par le privé. Et les usages en matière de recherche ont été bousculés.
Erwann Loret est chercheur au CNRS, à l'université d'Aix-Marseille. Il a fait une découverte sur un vaccin destiné aux malades du Sida. Après un refus de financement public, il s'est tourné vers le privé, et le Laboratoire Biosantech. Situé à Sophia Antipolis, Biosantech n'a de laboratoire que le nom. C'est en fait une personne unique, qui a décidé d'investir de l'argent dans ce projet. Le vaccin a été testé sur 48 malades à l'hôpital de la Conception. Les résultats devaient être publiés d'ici un à trois mois, selon s'ils sont concluants.
Un certain nombre d'hommes a gardé une virémie (1) indétectable pendant un mois, annonce Corinne Treger, PDG de Biosantech.
(1) Virémie : présence de virus dans le sang.
L'usage veut qu'un chercheur publie un article sur son travail. Biosantech va en décider autrement. La bonne nouvelle est annoncée très officiellement dans une conférence de presse le 27 octobre. Biosantech justifie cette entorse au calendrier scientifique dans l'annonce des résultats par la nécessité de trouver très rapidement un partenaire. Si possible un grand laboratoire capable de produire le vaccin en grande quantité. Depuis le début, l'urgence - voire la menace- semblent peser sur le projet et Biosantech avait eu recours au financement participatif.
Les difficultés, on en a toujours eu, parce qu'on existe tout simplement, on est dérangeants, on ne fait pas partie du sérail, estime Corinne Treger.
Il est trop tôt pour crier victoire. Les malades attendent toujours une alternative efficace aux trithérapies.